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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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violemment sous mon étreinte, ce qui aurait pu nous pousser à quelque jeu excitant si le rocher sur lequel nous étions en train de cuire ne s’était pas trouvé au bord d’un sentier fréquemment emprunté. Une pierre roula quelque part. Nous nous rappelâmes tout de suite les voix entendues auparavant et pensâmes que les deux hommes revenaient sur leurs pas. Je me demandai si nous allions poursuivre vers le sommet, tellement l’aspect abrupt et caillouteux de l’étroit chemin paraissait rébarbatif.
    J’adorais voyager avec Helena, même si je trouvais frustrante la succession de cabines minuscules et de chambres inconfortables où nous ne faisions jamais l’amour d’une façon complètement détendue. Tout d’un coup, j’aurais voulu me trouver dans notre appartement du sixième étage, où peu de raseurs avaient le courage de monter les marches pour venir nous déranger, et où seuls les pigeons nichant sur le toit pouvaient nous entendre.
    — Rentrons à la maison !
    — Tu veux dire dans notre chambre ?
    — Non, à Rome !
    — Ne te comporte pas comme un imbécile, se fâcha Helena. Nous continuons de grimper. Nous sommes venus pour voir le sommet de la montagne.
    Le seul intérêt que j’éprouvais, moi, pour le sommet de la montagne, c’était la possibilité de lutiner Helena pendant l’ascension. Mais je n’en arborais pas moins mon air de voyageur sérieux, et nous reprîmes l’escalade.
     
    Le sommet était annoncé par une paire d’obélisques inégaux. Peut-être représentaient-ils des dieux ? Si tel était le cas, ils étaient à la fois grossiers, mystérieux, et n’avaient aucun rapport avec le panthéon romain. Selon les apparences, ils n’avaient pas été transportés ici pierre à pierre ; on avait vraisemblablement creusé la roche tout autour jusqu’à une profondeur d’une quinzaine de coudées, afin de dégager ces deux sentinelles saisissantes. L’effort nécessaire avait dû être fabuleux, pour un résultat absolument sinistre. Il s’agissait de faux jumeaux, l’un plus grand, l’autre plus large à la base. Au-delà s’élevait une construction solide que nous préférâmes ne pas visiter, au cas où nous y aurions rencontré des prêtres brandissant des couteaux sacrificiels.
    Nous continuâmes de grimper, et une série de marches très raides nous conduisit à l’aire de cérémonie, sur un promontoire balayé par les vents. De là, on jouissait d’une vue stupéfiante sur le cercle de montagnes entourant Pétra. Nous avions émergé du côté nord, sur un espace rectangulaire. On y avait taillé trois bancs, sans doute réservés aux spectateurs, qui faisaient penser aux trois couches réglementaires d’une salle à manger d’apparat romaine. Devant nous, des offrandes étaient disposées sur une plate-forme surélevée, mais nous eûmes le tact de les ignorer. Sur la droite, d’autres marches conduisaient à l’autel principal. Là, une grande colonne de pierre noire représentait le dieu. Derrière lui se trouvait un autre autel, plus grand et rond, en forme de bassin, et découpé directement dans le rocher. Il était relié par une conduite de pierre à un réservoir d’eau rectangulaire.
    Échappant à mon contrôle, mon imagination s’était mise à vagabonder follement. Je me croyais insensible aux décors visant à inspirer l’effroi et aux religions sinistres, mais j’avais eu l’occasion de me rendre en Bretagne, en Gaule et en Germanie 3 , en apprenant bien plus que je ne l’eusse souhaité sur les rites païens déplaisants. Je saisis la main d’Helena, car le vent nous bousculait presque. Afin de mieux admirer la vue, elle avança sans manifester la moindre crainte vers la plate-forme, comme si nous nous trouvions sur une terrasse panoramique destinée aux estivants, au-dessus de la baie de Surrentum.
    Et j’aurais donné cher pour me trouver à Surrentum ! L’endroit où nous nous tenions commençait à faire naître chez moi de sombres prémonitions et, surtout, ne m’inspirait aucun sentiment de vénération. Je hais ces sites anciens où des créatures ont été sacrifiées pour le plaisir morbide de dieux monolithiques. Je les hais encore davantage quand la population locale aime à prétendre, comme le faisaient les Nabatéens avec délectation, que certaines des créatures sacrifiées étaient humaines. Arrivé à ce point, tous mes sens étaient en alerte, comme si nous nous précipitions vers des ennuis.
    Et même

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