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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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chaque côté de l’artère principale. Cette rue gravillonnée aurait gagné à être pavée décemment et bordée de colonnades, mais elle n’en possédait pas moins une certaine grandeur exotique. Le grand marché couvert se trouvait à notre gauche, en contrebas, et une série d’escaliers exigus permettait d’accéder aux divers étals. À notre droite coulait un ruisseau ; de jolis ponts permettaient de le franchir à intervalles réguliers pour accéder aux édifices imposants construits au-delà, le palais royal et plusieurs temples grandioses édifiés sur de vastes esplanades, qui dominaient impérieusement cette partie de la ville.
    Ensuite, nous traversâmes une petite place avant de franchir une porte monumentale pourvue de battants massifs qui abritaient des bâtiments administratifs. Le jeune prêtre s’arrêta un bref instant pour s’adresser à un homme qui se tenait sur le pas d’une porte, puis continua d’avancer en me faisant signe de le suivre. Nous débouchâmes dans un vaste espace entouré de hauts murs : un sanctuaire oriental typique. Des bancs de pierre s’alignaient tout autour du périmètre et, à l’autre bout, sur une plate-forme assez haute, se dressait un autel à ciel ouvert. Nous nous trouvions devant le temple principal de Pétra, dédié à Dushara, le dieu de la montagne.
    Il s’agissait là d’une structure colossale. Quatre colonnes sans fioritures mais d’une taille impressionnante formaient un portique qui offrait une zone d’ombre appréciable. J’aperçus aussi une frise dorique ornée de métopes et de triglyphes. Les Grecs étaient venus à Pétra, très probablement sur invitation. Ils avaient laissé leur marque dans les sculptures, mais leur influence restait assez fugace – aucune comparaison avec la domination exercée sur l’art romain.
    Toujours à la traîne du jeune prêtre, je pénétrai dans un vaste hall éclairé de hautes fenêtres magnifiquement décorées de moulures de plâtre. Les murs s’ornaient de fresques aux motifs architecturaux. Un personnage d’un certain âge, visiblement un prêtre de haut rang, remarqua tout de suite notre présence. Mon compagnon s’avança vers lui sans abandonner son air déterminé. Si je tenais à filer de là, c’était le moment ou jamais de tenter le coup – mais n’ayant rien à me reprocher, je restai fermement planté sur mes jambes et attendis la suite des événements. Cependant, j’étais trop fatigué et j’avais trop chaud pour faire preuve de mon assurance habituelle. Je sentais la sueur me ruisseler dans le dos. Je me trouvais très loin de chez moi, dans un pays où le fait d’être innocent n’était peut-être pas une défense suffisante.
    Le jeune prêtre annonça la nouvelle. Il s’éleva tout de suite un bruyant caquetage, comme à chaque fois qu’on annonce dans un lieu public qu’un crime vient d’avoir lieu. Le sacrilège choqua le vieux prêtre au point qu’il fit un bond. On eût dit qu’il s’agissait là de l’événement le plus important survenu au cours des six derniers mois. Fort agité, il bredouilla quelque chose dans un dialecte local, puis parut finalement prendre une décision. D’un ton raffermi et officiel, il prononça quelques phrases en les accompagnant de gestes impatients et explicites.
    Mon jeune compagnon se retourna vers moi.
    — Tu vas le raconter !
    — Bien sûr, répondis-je, essayant de tenir au mieux mon rôle de voyageur honnête. Le raconter à qui ?
    — Il va venir.
    Pour des oreilles aussi sensibles que les miennes, cette déclaration contenait une menace sous-jacente.
    Je cernai rapidement le problème. Un personnage puissant allait écouter mon histoire. J’avais espéré passer inaperçu à Pétra. N’étant pas en mesure de me faire passer pour un marchand romain, j’aurais du mal à justifier ma présence dans cette cité. J’étais maintenant intimement convaincu qu’attirer l’attention sur moi avait été une très mauvaise idée. Il était néanmoins trop tard pour reculer.
     
    Nous attendîmes longtemps.
    Dans le désert, les variations extrêmes de la température et les immenses distances à parcourir encouragent les habitants à adopter une attitude nonchalante. Résoudre une crise sur-le-champ est plutôt considéré comme mal élevé. Les autochtones aiment prendre le temps de savourer les nouvelles.
    On me reconduisit à l’extérieur : un étranger curieux n’avait pas sa place dans le temple de

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