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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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il tendit sa tête vers nous, acheva de me mettre les nerfs en pelote. Heureusement, quelqu’un le saisit par la bride et le gourmanda vertement pour son manque de respect.
    Deux hommes prirent le corps pour le poser doucement par terre. Le Frère inspecta le cadavre, comme moi précédemment, dans les règles de l’art. Les gens présents se tenaient respectueusement à l’écart, tout en l’observant attentivement. Parmi la foule, je reconnus le prêtre plus âgé qui officiait dans le temple au jardin pelé à flanc de montagne. Il ne chercha pas à se rapprocher de son jeune acolyte qui se trouvait derrière moi.
    — Que savons-nous de cette personne ? demanda Le Frère.
    Il s’adressait à moi. Il m’incombait donc la responsabilité de lui parler de ce parfait inconnu.
    Je montrai la tablette accrochée à sa ceinture.
    — Un érudit, ou un secrétaire. (Puis je montrai du doigt les égratignures sur son visage gonflé.) Il a subi quelques violences mais n’a pas été battu. J’ai trouvé une outre de vin vide sur la scène du crime.
    — Ça s’est passé à la Haute Place ?
    On ne percevait aucune trace de colère dans la voix du Frère, mais le sous-entendu ne m’échappa pas.
    — Apparemment, oui. Sans doute une querelle d’ivrognes.
    — Tu les as vus ?
    — Non, mais auparavant j’avais entendu parler aimablement. Je n’avais aucune raison de me dépêcher pour voir de qui il s’agissait.
    — Dans quel but as-tu visité la place sacrificielle ?
    — Une curiosité pleine de déférence. (Je me rendais compte que ça sonnait complètement faux.) Je me suis laissé dire que c’était permis.
    — Ce n’est pas défendu, acquiesça Le Frère qui donnait l’impression très nette de le regretter.
    Nul doute qu’un décret allait sortir l’après-midi même de son bureau pour pallier ce déplorable état de fait.
    Je décidai de me jeter à l’eau.
    — Je ne pense pas pouvoir t’aider davantage, lançai-je en faisant mine de vouloir partir.
    Ma remarque fut totalement ignorée.
    Supposons qu’à Rome un visiteur étranger tombe bêtement sur un noyé dans le bassin de Fondanus – eh bien, on le remercierait de son sens civique et on lui remettrait une modeste récompense avant de le conduire discrètement hors de la ville. C’est du moins ce dont j’essayais de me persuader. Sans en être franchement certain. On le fourrerait peut-être dans la pire des prisons pour lui apprendre à ne pas ternir la réputation de la cité par ses découvertes sordides.
    Le Frère n’alla pas jusqu’à s’accroupir près du corps.
    — Et quel est ton nom ? interrogea-t-il en me fixant de ses si agréables yeux sombres.
    Des yeux qui sous les lourdes paupières avaient déjà remarqué la déchirure dans ma tunique et le style de mes sandales. Il avait deviné que j’étais romain.
    — Didius Falco, répondis-je, la conscience plus ou moins claire. Un voyageur venu d’Italie.
    — Ah oui !
    Mon cœur fit un grand bond dans ma poitrine. Mon nom lui était connu, c’était évident. Quelqu’un avait prévenu le Premier ministre de ma visite. Et je n’avais aucun mal à deviner de qui il s’agissait. J’avais raconté à la famille que je me rendais dans la Décapole pour rechercher l’organiste de Thalia. À part Helena Justina, la seule personne connaissant le véritable but de mon voyage était Anacrites.
    Et si Anacrites avait écrit aux Nabatéens, aussi sûr que le miel vous fait pourrir les dents, il n’avait pas demandé au Frère de m’accorder des privilèges diplomatiques.

10
    L’envie me démangeait d’envoyer mon poing dans le plexus solaire du Frère pour essayer de m’enfuir. Si, comme j’en étais intimement persuadé, il était aussi haï que craint par les habitants, la foule s’écarterait certainement pour me laisser passer. Malheureusement, les badauds risquaient aussi de m’arrêter pour ne pas encourir sa colère.
    De toute façon, nous, les Romains, appartenons à une nation civilisée. Je laissai donc mes mains pendre à mes côtés et fis front.
    — Permets à un homme d’origine modeste comme moi d’être surpris que tu connaisses son nom.
    Il ne fit pas mine de vouloir s’expliquer. Il était pourtant vital que je découvre sa source d’information. Et rapidement ! Je ne voyais aucun intérêt à essayer de bluffer.
    — Je pense avoir deviné que c’est un fonctionnaire nommé Anacrites qui t’a parlé de moi. Est-ce qu’il t’a demandé de

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