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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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si nous n’étions pas directement impliqués, des ennuis nous attendaient en effet devant l’autel de Dushara. Nous avions encore le temps de les éviter.
    — Bon, on a vu tout ce qu’il y avait à voir, ma chérie. On redescend !
    Mais Helena, qui venait de repérer quelque chose, ne l’entendit pas de cette oreille. Elle repoussa ses cheveux en arrière pour dégager ses yeux et me traîna à sa suite. Au sud de l’aire de cérémonie, se trouvait un autre réservoir rectangulaire – sans doute destiné à recueillir la pluie afin de fournir l’eau nécessaire aux sacrifices. Cependant, contrairement au reste de la Haute Place, cette citerne était occupée.
    L’homme dans l’eau aurait pu avoir envie de se baigner. Malheureusement, dès que je l’aperçus, je sus qu’il ne flottait pas là pour son plaisir ni pour faire de l’exercice.

7
    Si j’avais eu pour deux sesterces de jugeote, j’aurais prétendu qu’il faisait la planche, et nous nous serions éloignés sans y regarder de plus près, pour regagner notre modeste logis en toute hâte. Oui, c’est ce que j’aurais dû inventer pour éviter de nous impliquer dans cette histoire.
    Il était presque complètement immergé, la tête sous l’eau. Seul quelque chose de volumineux, coincé sous sa tunique, l’avait empêché de couler au fond.
    Chassez le naturel… Incapables de nous retenir, nous nous étions tous les deux précipités vers le réservoir.
    — Incroyable ! s’écria Helena d’un ton amer, en descendant de la plateforme sacrificielle. Regarde un peu ce que tu as trouvé dès le deuxième jour !
    J’avais atteint la cuve creusée dans la pierre avant elle, et je me laissai glisser dedans en essayant d’oublier que je ne savais pas nager. L’eau ne m’arrivait heureusement qu’à la taille, mais la citerne en contenait assez pour qu’on pût s’y noyer. Et elle était si froide qu’on se sentait pratiquement pétrifié à son contact.
    En entrant dans l’eau, je produisis de petites vagues qui agitèrent le cadavre, le faisant s’enfoncer davantage. Je parvins à saisir la partie de ses vêtements qui l’avait maintenu à flot. Si seulement nous étions arrivés quelques instants plus tard, nous aurions évité tous ces soucis, car il aurait déjà disparu au fond comme tous les noyés – en supposant, bien sûr, que la noyade était la cause de sa mort.
    Lentement, je tirai ma charge vers le rebord du bassin. Pendant cette opération délicate, une peau de chèvre gorgée d’eau s’échappa de sous sa cape. Helena se pencha pour attraper le cadavre par les pieds, puis m’aida à le hisser à demi hors du bassin. Elle possédait toutes les bonnes manières d’une fille de sénateur mais n’hésitait jamais à donner un coup de main en cas de besoin.
    Après que je fus sorti de la citerne, nous menâmes l’opération à son terme. L’homme était lourd, mais en unissant nos efforts, nous parvînmes à le tirer de là et à l’allonger face contre terre. Je lui inclinai la tête sur le côté et lui appuyai sur les côtes pendant pas mal de temps pour essayer de le ranimer. Ma première pression avait expulsé de l’air de ses poumons. De l’air, pas d’eau. Et il n’avait pas d’écume sur les lèvres comme les autres noyés qu’il m’avait été donné de voir – les noyés, ce n’est pas ce qui manque dans le Tibre.
    Légèrement penchée au-dessus de moi, Helena attendait calmement. Le vent plaquait ses vêtements contre son corps. Soudain, l’air songeur, elle balaya tout le plateau des yeux puis se rendit de l’autre côté de la citerne pour examiner le sol.
    Tout en essayant de ranimer l’homme, je réfléchissais à toute vitesse. Helena et moi étions montés très lentement, et notre arrêt pour une petite récréation avait duré un certain temps. Autrement, nous serions arrivés au moment crucial. Autrement, nous aurions partagé ce fabuleux paysage balayé par les vents avec deux hommes. Deux hommes vivants.
    Mais nous étions arrivés trop tard pour celui-ci. J’étais certain que mes efforts seraient vains. Mais je tenais à m’en assurer, par respect pour lui. Qui sait si moi-même, un jour, je n’aurais pas besoin d’être ressuscité par un étranger ?
    Finalement, je le remis sur le dos et me relevai.
    Il avait une quarantaine d’années. Trop gras et trop mou. Un large visage basané avec un menton lourd et un cou épais. La peau paraissait marbrée sous le bronzage.

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