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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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se réverbérant sur les pierres, le soleil m’avait flanqué mal à la tête. Des gens allaient et venaient ; quelques-uns s’asseyaient comme nous sur un banc et mâchouillaient ou fredonnaient. Beaucoup, dédaignant les bancs, s’étaient accroupis à l’ombre. Ceux-là me donnaient vraiment l’impression de me trouver au milieu de nomades qui méprisaient les meubles. Je tâchai de me persuader que je n’avais aucune raison de me sentir supérieur. Pourtant, ces hommes à la peau parcheminée, enveloppés dans des capes poussiéreuses, me paraissaient à peine mieux pourvus que des mendiants ayant déjà un pied dans la tombe. Cependant, ils appartenaient à la plus riche nation du monde. L’encens et la myrrhe leur étaient aussi familiers que les choux et les radis aux membres de ma famille maternelle. Chacune de ces vieilles prunes racornies possédait probablement plus d’or dans les sacoches de selles de son troupeau de chameaux que Rome n’en recelait dans le trésor du temple de Saturne.
    En prévision de ce qui pourrait arriver, je réfléchis à un moyen de m’évader. J’étais persuadé que la diplomatie traditionnelle ne me serait d’aucun secours. Et les maigres fonds dont je disposais transformeraient un pot-de-vin en insulte.
    On nous observait avec une attention polie. Deux hommes restant assis pendant aussi longtemps sur les marches du Forum auraient été gratifiés de commentaires désobligeants et accostés ouvertement par des pickpockets, des poètes, des prostituées, des vendeurs de rissoles tièdes, et quarante emmerdeurs désireux de raconter leur vie. Ici, on se contentait d’attendre pour voir ce que j’allais faire. On aimait s’ennuyer d’une façon insipide.
     
    Enfin, un peu d’action. Un petit chameau qui portait sur son dos l’homme que j’avais trouvé noyé franchit l’arche de la grande porte. Il était suivi par une foule curieuse mais paisible.
    Presque simultanément, un homme apparut sur le seuil d’une porte massive qui fermait une autre ouverture ménagée dans le mur d’enceinte. Je n’ai jamais pu découvrir ce qu’il y avait derrière – un collège religieux ou tout simplement la résidence de ce personnage important. Bizarrement, je sus qu’il était important avant même de le regarder franchement. Il était tout auréolé d’une aura de pouvoir.
    Il vint tout droit vers nous. Même s’il s’avançait seul, tout le monde fut immédiatement conscient de sa présence. À part une ceinture enrichie de joyaux et un turban imposant, rien ne le distinguait des gens du cru. Mon compagnon prêtre ne bougea pas, et son expression changea à peine, mais je fus tout de suite conscient de la très forte tension qui s’empara de lui.
    — Qui est-ce ? parvins-je à murmurer.
    Pour des raisons que je pouvais imaginer facilement, le jeune homme parvint tout juste à croasser sa réponse.
    — Le Frère.
    Et maintenant, il m’était facile de deviner qu’il était terrorisé.

9
    Je me levai.
    Comme la plupart des Nabatéens, le Premier ministre de Pétra était plus petit que moi et plus frêle. Il portait la longue tunique à manches traditionnelle, ainsi que d’autres robes d’un tissu très fin, dont les pans étaient rejetés sur ses épaules. Une dague était fichée en travers de sa ceinture étincelante, et un énorme rubis en ornait le manche de métal ouvragé. La mine très énergique, il possédait un front haut, et ses cheveux étaient soigneusement dissimulés sous son turban. Sa grande bouche donnait l’impression de sourire plaisamment, mais je me gardai bien de m’y laisser prendre. Il avait l’air aussi amical qu’un banquier qui s’apprête à vous arnaquer sur les taux d’intérêt.
    — Bienvenue à Pétra !
    Il s’était exprimé en grec, d’une voix profonde et sonore.
    — Merci.
    J’avais fait l’effort de rendre mon accent aussi athénien que possible. Pas facile, quand c’est une langue qu’on a apprise sous un auvent en mauvais état, à un coin de rue poussiéreux, près du tas d’ordures du quartier.
    — Si on allait voir votre trouvaille de plus près ? suggéra-t-il.
    On aurait cru un oncle campagnard vous invitant à ouvrir un panier de présents.
    Mais il était trahi par ses yeux, réduits à deux fentes par ses énormes paupières plissées, et qui n’exprimaient aucun sentiment. Je déteste les gens qui dissimulent ce qu’ils pensent.
    Je l’accompagnai jusqu’au chameau qui, à la façon dont

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