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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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Bras courts, mains robustes. Barbe et longs cheveux ternes qui retombaient sur ses sourcils noirs touffus et dégoulinaient sur le sol rocailleux. Il était vêtu d’une longue tunique marron tissée grossièrement, recouverte d’une cape décolorée par le soleil et entortillée autour de lui. Ses sandales s’attachaient sur le dessus du pied. Il ne portait aucune arme. Ce qui gonflait sa tunique à la taille s’avéra être une tablette sur laquelle rien n’était inscrit.
    Helena me tendit quelque chose qu’elle venait de trouver de l’autre côté de la citerne : une gourde à fond rond attachée à un lien de cuir tressé. Remarquant que son support en osier était taché de vin, je retirai le bouchon pour renifler à l’intérieur : elle avait bien contenu du vin, mais seulement deux gouttes tombèrent sur la paume de ma main. Peut-être qu’étant légèrement ivre, il n’avait pas pu se défendre ?
    De plus, si ses vêtements orientaux le protégeaient du soleil d’une manière efficace, ils avaient aussi entravé ses mouvements s’il avait tenté d’échapper à son agresseur. Car, pour moi, il avait évidemment été agressé. Son visage avait été égratigné, sans doute quand on l’avait fait basculer par-dessus le rebord de pierre du réservoir. Puis quelqu’un avait sauté dans l’eau avec lui, non pour lui maintenir la tête sous la surface mais plutôt pour l’étrangler. Helena me fit remarquer qu’outre la flaque d’eau qui s’était produite quand j’avais moi-même sauté hors de la citerne, il y en avait une autre de l’autre côté, sans doute le fait de l’assassin. Le soleil effaçait rapidement ses traces, mais Helena avait pu suivre ses pas jusqu’à la plateforme sacrificielle.
    Nous abandonnâmes le cadavre pour retraverser toute la plateforme, mais soleil et vent avaient conjugué leurs efforts pour effacer ses empreintes. Plus au nord, nous trouvâmes un autel consacré à un dieu-lune, avec deux colonnes en forme de croissant flanquant une niche. Au-delà commençait un large escalier qui descendait Jupiter sait où. Mais une chose était certaine : des gens s’approchaient. Un important groupe de personnes psalmodiant un chant incantatoire. Il s’agissait donc d’un passage utilisé pour les cérémonies organisées sur la Haute Place. Le tueur n’avait pas pu s’enfuir par là, sinon il n’aurait pu éviter cette procession.
    Je pressai Helena de nous en retourner, et nous nous dépêchâmes de quitter les lieux par où nous étions venus. Nous repassâmes devant la construction que nous avions vue en montant, mais nous renonçâmes à aller y frapper afin de demander de l’aide. Pour les mêmes raisons que précédemment : je n’avais pas envie de tomber sur un énergumène qui jugerait que j’étais parfait comme victime expiatoire. Et j’étais persuadé que le meurtrier était passé aussi discrètement que nous devant cette bâtisse.
    C’est à ce moment-là que je remarquai un second sentier. Probablement celui qu’il avait emprunté. Car, je pouvais le jurer, personne n’était passé devant nous quand nous nous caressions amoureusement. Helena était tout de même fille de sénateur, elle connaissait la signification du mot discrétion, et nous avions gardé l’œil ouvert pour les voyeurs.
    Je me sentais incapable de laisser tomber ce mystère.
    — Descends, ordonnai-je à Helena. Attends-moi près de l’amphithéâtre ou rentre dans notre chambre. Reprends le même chemin que pour monter.
    Elle n’émit aucune protestation. Elle devait garder présente à l’esprit le visage du mort. Mais de toute façon, son attitude reflétait la mienne. J’aurais agi de même à Rome. Être à l’étranger ne modifiait pas mon comportement. Quelqu’un venait juste de tuer un homme et j’avais bien l’intention de me lancer à ses trousses. Helena savait que je n’y pouvais rien. D’ailleurs, elle serait venue avec moi si le terrain avait été moins accidenté.
    Je lui caressai tendrement la joue du bout du doigt et sentis sa main se poser délicatement sur mon poignet. Puis, sans hésiter, je m’élançai le long du second sentier.

8
    Ce sentier semblait se diriger également vers la ville. Il était beaucoup moins raide que celui qu’Helena et moi avions emprunté pour monter, mais beaucoup plus long, et surtout plus accidenté. Je devais regarder attentivement où je posais les pieds – impossible d’admirer des points de vue

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