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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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que ces mêmes propos tenus par un ambassadeur de haut rang devraient être suivis d’action. Les hommes importants envoyés en mission cherchent à obtenir des résultats immédiats. Ils doivent penser à leur carrière. Le jour où tu trouveras un sénateur romain admirant tes monuments, c’est qu’il sera en train de chercher le meilleur endroit pour faire ériger sa statue couronnée de lauriers, dans la pose d’un conquérant. Mais le rapport que je rédigerai, moi, pourra être oublié dans un coffre si l’empereur Vespasien décide de préserver le statu quo.
    — En admettant que tu sois en mesure de rédiger un rapport ! commenta Le Frère avec son humour glacial dont je ne savais que penser.
    — Il vaudrait mieux pour toi que je sois en mesure de le faire ! déclarai-je sèchement, car j’estimais ne plus rien avoir à perdre. Me ligoter sur un de tes autels à corbeaux te vaudrait à coup sûr de graves ennuis. Quelqu’un risquerait de prendre le prétexte de la mise à mort d’un citoyen romain – ce que je suis, en dépit de mon humble apparence – pour envoyer une armée et annexer ton pays sur-le-champ.
    Cette perspective arracha une ombre de sourire au Frère. La mort d’un détective privé voyageant sans documents officiels était peu de nature à justifier des représailles à l’échelle mondiale. En outre, Anacrites – la haine qu’il éprouvait à mon égard mise à part – avait certainement utilisé des termes diplomatiques destinés à servir d’avertissement aux Nabatéens : Voici un observateur que vous pourrez coincer facilement ; mais il se peut qu’il y en ait d’autres que vous ne parviendrez jamais à identifier. Rome fait preuve d’une telle confiance qu’elle vous espionne ouvertement.
    Mon propre sort ne constituait pas un problème diplomatique. Quiconque éprouvant une aversion soudaine pour moi pouvait se débarrasser de mon cadavre sur le tas d’ordures municipal. Obligé d’accepter cette triste réalité, je me forçai à gratifier Le Frère d’un sourire paisible.
    À nos pieds, l’homme mort réclamait toujours notre attention.
    — Falco, qu’est-ce que ce cadavre inconnu a à voir avec toi ?
    — Absolument rien. Je l’ai découvert tout à fait par hasard.
    — C’est pourtant lui qui t’a amené jusqu’à moi, constata-t-il d’un ton mordant.
    D’étranges coïncidences me mettaient souvent dans des situations difficiles.
    — Ni la victime ni son assassin ne me connaissaient. Je me suis contenté de signaler le crime.
    — Et pourquoi as-tu jugé utile de nous alerter ? interrogea posément Le Frère.
    — Par conviction personnelle. Son meurtrier devrait être démasqué et amené devant la justice.
    — Il y a des lois dans le désert ! rétorqua-t-il de sa voix douce et profonde.
    — Je n’étais pas en train de suggérer le contraire. C’est même pour cette raison que j’ai cherché à t’alerter.
    — Tu risques de le regretter ! Tu aurais peut-être gagné à te montrer plus discret.
    Il continua de m’asticoter pendant un long moment au sujet du rôle exact que j’étais venu jouer à Pétra et sur la maladresse dont j’avais fait preuve.
    À contrecœur, je fus obligé de concéder qu’il avait raison.
    — Oui, j’aurais sans doute dû feindre de ne pas voir ce cadavre. Mais je regrette surtout qu’on ait jugé bon de t’informer que j’étais un espion. Pour ta gouverne, laisse-moi te dire que ton informateur bénévole est précisément la personne qui m’a payé pour venir ici.
    Cette fois-ci, Le Frère sourit un peu plus ouvertement. Il n’empêche qu’il avait toujours l’air de quelqu’un à qui on ne confierait pas sa bourse pendant qu’on se déshabille dans les thermes.
    — Didius Falco, tu as de dangereux amis.
    — Lui et moi n’avons jamais été amis.
     
    Nous étions restés plantés sur cette esplanade à discuter bien plus longtemps que les badauds ne s’y attendaient. Tout d’abord, ils avaient dû croire que nous nous entretenions du mort. Mais au bout d’un certain temps, plusieurs personnes qui avaient deviné que nous nous entretenions d’autres sujets commençaient à s’agiter.
    En réalité, ce cadavre avait servi les desseins du Frère. Dans un avenir plus ou moins proche, les Nabatéens, des gens sensés, accepteraient probablement une association avec Rome après en avoir négocié les termes – mais cette perspective allait demander d’importants préparatifs secrets.

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