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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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Aucune rumeur prématurée ne devait mettre le commerce en péril. Et à ce stade, Le Frère devait dissimuler à son bon peuple qu’il venait de converser avec un envoyé officiel de Rome.
    Il mit brusquement un terme à notre conciliabule après m’avoir dit que nous nous reverrions le lendemain. Il observa un instant le jeune prêtre en silence, puis lui dit quelques mots en arabe avant de lui demander en grec de m’accompagner jusqu’à ma chambre. Je compris immédiatement ce que tout cela signifiait. Je venais d’être libéré sur parole et j’allais être étroitement surveillé. Je n’aurais pas la latitude d’inspecter les endroits que les dirigeants souhaitaient garder secrets. Je ne serais plus en mesure de discuter avec les habitants. Et pendant ce temps, la décision de me laisser quitter Pétra vivant ou non serait prise, sans aucune possibilité de faire appel.
    À partir de cet instant, le Premier ministre saurait toujours où je me trouvais. Il serait informé du moindre de mes mouvements. C’était tout à fait le genre de potentat oriental capable de vous congédier d’un sourire après vous avoir promis du thé à la menthe et des gâteaux au sésame pour le lendemain, puis de dépêcher l’exécuteur de ses hautes œuvres sur vos talons.
    Je fus escorté hors du sanctuaire. Je n’avais aucune idée de ce qu’il allait advenir du cadavre, ni de quelle suite on allait donner à ce meurtre. Et je ne l’appris jamais.
    Mais le mort n’allait pas me lâcher de sitôt.

11
    Helena patientait calmement dans notre chambre. Comme elle s’attendait à des ennuis, elle s’était soigneusement coiffée et avait recouvert ses cheveux d’un filet très ornementé qu’elle s’empressa de dissimuler discrètement sous un châle blanc quand elle me vit entrer accompagné. D’élégants rangs de perles agrémentaient sa jolie poitrine, et de discrètes boucles en or pendaient à ses oreilles. Elle se tenait assise le dos très droit, les mains et les chevilles croisées. Toute son attitude trahissait sa qualité de patricienne.
    — Helena Justina, indiquai-je au jeune prêtre en tentant d’insinuer qu’il devait la traiter respectueusement. Je suis Didius Falco, comme tu sais. Et toi ?
    Cette fois, il ne pouvait pas ignorer ma question.
    — Je m’appelle Musa.
    — Nous sommes devenus les invités personnels du Frère, informai-je Helena. (Peut-être pouvais-je imposer les devoirs de l’hospitalité au prêtre ? Sans doute pas.) Et à la requête du Frère, Musa va veiller sur nous pendant que nous sommes à Pétra.
    Je vis qu’Helena avait parfaitement saisi la situation.
     
    Maintenant que les présentations étaient faites, il nous restait à essayer de communiquer.
    — Dans quelle langue allons-nous parler ? demandai-je, prétendant faire assaut de politesse. (Je n’avais en réalité qu’une idée en tête : me débarrasser de la surveillance de Musa et entraîner ma compagne hors d’ici, loin du danger.) Helena parle le grec couramment, car elle passait son temps à kidnapper les précepteurs de ses frères. Musa parle le grec, l’arabe et, je présume, l’araméen… Notre seule langue commune me paraît être le grec…
    Cela dit, je me mis à employer le latin, et non seulement le latin, mais un dialecte populaire incompréhensible.
    — Quelles sont les dernières nouvelles de ton côté, ma jolie ? demandai-je comme si je venais de la rencontrer au marché aux poissons de l’Aventin.
    Même si Musa entendait davantage le latin qu’il voulait bien le laisser croire, il n’avait certainement pas compris un traître mot. Le seul ennui, c’est qu’une noble dame née dans une riche demeure de la porte Capena ne me comprenait sans doute pas davantage.
    J’aidai Helena à déballer les olives que nous avions achetées le matin même – ce que j’avais du mal à imaginer, il me semblait que plusieurs semaines s’étaient écoulées. Elle s’activa ensuite à partager équitablement de la salade dans trois bols. Elle me répondit alors, sans avoir l’air d’attacher d’importance à ses paroles, comme si elle discutait haricots, pois chiches et assaisonnement.
    — Quand je suis redescendue de la Haute Place, j’ai raconté ce que nous avions découvert à un homme qui faisait son important devant l’amphithéâtre.
    Elle s’interrompit pour examiner quelques fromages étrangement pâles.
    — Du lait de brebis, dis-je joyeusement en grec. Ou de chamelle

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