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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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viens te faire consoler entre mes bras. Tu verras que tu ne le regretteras pas.
    Helena ne répondit rien, et les petits pieds du bellâtre dans ses bottes de grand prix s’éloignèrent en grinçant sur le chemin caillouteux.
     
    J’attendis suffisamment longtemps avant d’émerger de la tente en m’étirant.
    — Ah ! le gentil barde s’est enfin réveillé ! me taquina l’amour de ma vie.
    Ses yeux, abrités par le large bord d’un chapeau, m’observaient tranquillement.
    — En te moquant de moi, tu risques de t’attirer une réponse grossière.
    Elle était à demi étendue sur une chaise pliante, les pieds posés sur un ballot contenant je ne sais quoi. Nous avions rapidement appris à planter notre tente dans l’ombre d’un arbre quand c’était possible. Helena occupait toute la petite partie ombragée. Étendu à ses pieds, Philocrates avait dû griller comme un rouget sur la braise. Je fus très heureux de le constater.
    — Tu as l’air parfaitement installée. Tu as passé un bon après-midi ?
    — Très calme, répondit-elle.
    — Personne n’est venu t’ennuyer ?
    — Personne que je ne sois capable de remettre seule à sa place. (Sa voix baissa d’un ton.) Salut, Marcus.
    Sa façon de m’accueillir impliquait toujours une telle intimité entre nous que j’en éprouvais une sensation presque insupportable. Mais j’avais de la suite dans les idées, et la duplicité féminine n’était pas de nature à apaiser mon courroux.
    — Salut, ma belle !
    Le sourire qu’elle me dédia était si tendre que je sentis toutes mes bonnes résolutions s’évanouir.
    L’après-midi touchait à sa fin, et le soleil brûlant avait baissé sur l’horizon, perdant beaucoup de sa force. Quand je pris la place de Philocrates aux pieds d’Helena, la température était presque agréable, mais les pierres du sol rocailleux conservaient leur chaleur.
    Helena savait que je les avais écoutés. Je l’observais en silence. En dépit d’un effort pour apparaître nonchalant, je sentais une raideur au niveau de la nuque rien qu’en imaginant l’histrion en train de la regarder et de lui faire des remarques suggestives.
    — Je déteste cette robe. Le blanc ne te va pas au teint.
    Helena remua les orteils dans ses sandales et répondit posément :
    — Quand j’aurai envie d’attirer quelqu’un en particulier, j’en changerai.
    Pendant qu’elle prononçait ces mots, ses yeux pétillants m’adressaient un message personnel.
    Je ne pus m’empêcher de grimacer un sourire. N’importe quel homme de goût eût conseillé à Helena de s’habiller en bleu ou en rouge. Et moi, j’étais un homme de goût qui appréciait la franchise.
    — Pas besoin de prendre la peine de te changer. Enlève simplement la blanche.
    Je n’avais pas bougé. Je restais étendu à ses pieds comme un chien fidèle. Elle se pencha pour m’ébouriffer les cheveux d’une main espiègle. Après l’avoir dévisagée pensivement, je dis en baissant la voix : — Il était parfaitement heureux de gambader avec les flûtistes. Tu n’avais pas besoin de le troubler à ce point.
    Helena Justina leva un sourcil, et il me sembla qu’elle rosit légèrement.
    — Es-tu en train de me reprocher de l’aguicher, Marcus ?
    Nous savions tous les deux que je n’étais pas en position de le faire. De toute façon, me montrer hypocrite n’était pas dans mes habitudes.
    — Aguiche qui tu veux, si tu te sens de taille à affronter la suite. Ce que j’ai voulu dire, c’est que tu n’étais pas obligée de faire tomber ce dragueur impénitent amoureux de toi.
    Helena n’avait pas remarqué ou refusait d’admettre son influence dans ce domaine. Cinq ans de mariage avec un minable – portant la toge sénatoriale – qui ne s’intéressa jamais à elle avaient miné sa confiance en elle. Et deux ans passés à baigner dans mon adoration n’avaient pas suffi à la faire renaître. Elle hocha la tête.
    — Ne sois pas si romantique, Marcus.
    À la vérité, j’avais du mal à ne pas plaindre un peu le pauvre Philocrates.
    — Figure-toi que je sais ce que ça signifie, de réaliser abruptement que la fille que tu es déjà en train de déshabiller en pensée te regarde avec des yeux capables de mettre ton âme à nu. (C’était évidemment de ses yeux que je parlais. Et plutôt que d’y plonger les miens à ce moment précis, je préférai changer brusquement de sujet.) Ce n’est certainement pas un manuscrit de Platon que je

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