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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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dois regarder la réalité en face. Que ça te plaise ou non, tu as beaucoup de succès auprès des hommes. Et tout le monde me rabâche qu’Heliodorus ne te laissait pas en paix. Que tu l’avais repoussé mais qu’il refusait de se le tenir pour dit. Alors j’estime possible qu’un de tes amis ait eu envie de lui régler son sort. Peut-être un de tes admirateurs secrets ? Quelqu’un qui a pensé que tu apprécierais de ne plus être continuellement ennuyée par ce salopard ?
    — C’est une hypothèse horrible ! s’exclama-t-elle en fronçant les sourcils.
    Même les sourcils froncés, Byrria était superbe.
    Je commençais à sentir naître en moi une envie irrésistible de la protéger. Je voulais prouver qu’elle n’avait absolument rien à voir dans ce meurtre. Je voulais découvrir un autre mobile. Ses magnifiques yeux verts étaient en train de m’ensorceler. Je tentai alors de me persuader que j’étais bien trop professionnel pour laisser les mirettes d’une petite actrice de rien du tout m’envoûter. Cause toujours. Je subissais la même attraction que tous les autres. J’étais pourtant conscient de me conduire comme un parfait imbécile. Nous détestons tous que les criminels soient beaux. Si je me laissais entraîner sur cette pente, je savais qu’au cas où je découvrirais un indice incriminant Byrria, j’irais l’enfouir très profondément dans un endroit inaccessible…
    — Je suis d’accord avec toi. Mais parle-moi d’Heliodorus. (Ma voix devenue rauque avait du mal à se faire entendre. Je me raclai énergiquement la gorge.) Je sais qu’il était obsédé par toi.
    — Faux. Il était obsédé par ce qu’il voulait obtenir de moi.
    Elle fixait la route droit devant elle, même si la conduite du chariot ne demandait plus la même vigilance. À quelque distance, sur notre droite, une petite fille surveillait un troupeau de chèvres marron. Encore plus loin, des vautours tournoyaient gracieusement dans le ciel. Notre convoi s’était ébranlé de bonne heure pour profiter de la fraîcheur matinale. Maintenant, la chaleur nous était renvoyée par les rochers avec une force éblouissante.
    Visiblement, Byrria n’avait aucune intention de me faciliter la tâche. Je n’en tentai pas moins de lui extorquer quelques détails.
    — Heliodorus a donc essayé de te séduire, et tu l’as rejeté.
    — Correct.
    — Et ensuite ?
    — Qu’est-ce que tu crois ? (Sa voix demeurait dangereusement posée.) Il a cru que « Non ! » voulait dire « Oh oui ! je t’en prie ! ».
    — Il t’a violée ?
    Elle faisait partie de ces gens qui expriment leur colère en restant particulièrement calmes. Pendant un instant, alors que j’étudiais cette nouvelle hypothèse, elle demeura elle aussi silencieuse. Puis elle déclara d’une voix méprisante :
    — Je suppose que tu vas me dire qu’il y avait une provocation de ma part. Que les femmes en ont toujours envie. Que le viol n’existe pas.
    — Si, il existe. (Nous nous affrontions avec force. Je croyais deviner pourquoi, ce qui ne m’était pas d’un grand secours.) Oui, ça arrive, acquiesçai-je de nouveau. Et je ne pense pas seulement à des hommes forçant des femmes connues ou inconnues. Je pense aussi aux maris qui abusent de leurs épouses ; aux pères qui partagent de douteux secrets avec leurs enfants ; aux maîtres qui traitent leurs esclaves comme des bêtes à plaisir ; aux gardes qui maltraitent leurs prisonniers ; aux personnes haut placées qui obtiennent des faveurs intimes en exerçant un chantage…
    — Oh ! ça suffit ! m’interrompit-elle.
    Difficile de l’attendrir. Ses yeux verts jetaient des éclairs, et elle fit voler ses boucles d’un mouvement de la tête, mais il n’y avait aucune coquetterie dans son geste. Quelque peu satisfaite de m’avoir conduit sur une fausse piste, elle s’exclama :
    — En fait, ça ne m’est pas arrivé. Il avait réussi à me plaquer au sol et à retrousser ma tunique, et il me maintenait les poignets plaqués par terre au-dessus de ma tête, mais quelqu’un qui le cherchait et l’a découvert dans cette position l’a empêché d’arriver à ses fins. Il n’empêche que les bleus qu’il m’avait faits aux cuisses en essayant de les écarter avec son genou ont mis un mois à disparaître.
    — Je suis content pour toi. (J’étais sincère, mais la façon dont elle avait insisté sur les détails me troublait de plus d’une façon.) Et l’homme qui est arrivé à

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