Dernier acte à Palmyre
penser : C’était probablement pas aussi agréable pour elles !
— L’expérience m’a appris à tirer le maximum de mon instrument.
Encore deux mots et j’allais jaillir de la tente pour le lui faire bouffer, son instrument.
— Si c’est une offre que tu es en train de me faire, je me sens flattée, naturellement. (Helena Justina souriait encore, j’en aurais juré.) Mais outre le fait que je ne serais pas à la hauteur de ton expertise en la matière, je ne suis pas libre.
— Tu es mariée ? aboya-t-il.
Ma douce avait horreur de cette question. Sa voix se fit plus mordante.
— Pourquoi ? Ce serait un bonus pour toi ? Tromper les maris doit être si amusant… J’ai déjà été mariée.
— Ton mari est mort ?
— J’ai demandé le divorce.
Il était mort depuis, mais ma compagne n’y faisait jamais allusion.
— Tu as un cœur de pierre ! Quelle faute avait-il bien pu commettre ?
Helena adressait toujours les pires insultes d’une voix posée.
— Oh ! c’était un mâle normal : arrogant, sans aucune morale, incapable de dévotion, insensible aux vertus d’une femme honnête !
Philocrates sembla accepter cette déclaration comme un commentaire bienséant.
— Et maintenant, tu es libre ?
— Maintenant, je vis avec quelqu’un d’autre.
— Eh bien… Où se trouve donc l’heureux scribouillard ?
— Probablement en haut d’un palmier en train d’écrire une pièce. Il prend son travail très au sérieux, tu sais.
Helena savait pourtant pertinemment que c’était faux, quel que soit le métier que j’étais obligé d’exercer. Il était exact, cependant, qu’une idée m’était venue pour écrire une pièce entièrement nouvelle, mais je ne lui en avais pas encore touché un mot. Elle avait dû me surprendre en train d’y réfléchir et deviner.
— Dommage que son talent ne soit pas à la hauteur de son ardeur au travail, osa se moquer Philocrates.
Quel horrible salaud ! Je pris note de lui sucrer au moins trois scènes dans ma prochaine adaptation.
— Quelque chose m’intrigue. Je me demande ce que ce Falco peut offrir à une fille aussi jolie et intelligente que toi.
— Marcus Didius possède d’étonnantes qualités.
— Quoi ? Un auteur amateur qui ressemble à quelqu’un qu’une mule capricieuse vient de traîner à travers un buisson épineux ? Sa coupe de cheveux devrait tomber sous le coup de la loi !
— Il existe des filles sensibles à un charme moins apprêté, Philocrates, lui assena-t-elle. En outre, il est drôle et affectueux. Il dit la vérité. Il ne fait jamais de promesses qu’il ne peut pas tenir. Et ce que j’aime le plus chez lui, ajouta-t-elle, c’est sa fidélité.
— Il possède vraiment toutes ces qualités ? Il n’a pourtant pas l’air d’avoir les yeux dans la poche. Comment peux-tu être certaine qu’il t’est fidèle ?
— Comment peut-on jamais en être certain ? Mais l’important, ajouta-t-elle d’une voix douce, c’est que j’y croie.
— Parce qu’il te le dit ?
— Non, justement. Parce qu’il n’éprouve jamais le besoin de me le dire.
— Je suppose que tu es amoureuse de lui ?
— Je suppose que je le suis.
— Cet homme a bien de la chance ! s’exclama Philocrates, avec un manque flagrant de sincérité. Et l’as-tu déjà trompé ?
Sa voix trahissait beaucoup d’espoir.
— Non, rétorqua sèchement Helena Justina.
— Et tu n’as pas envie d’essayer ? Maintenant ?
— Non, je ne crois pas. Pas maintenant, en tout cas. Mais sait-on jamais ? déclara-t-elle fort gracieusement.
— Alors, quand tu décideras de goûter à autre chose – et tu en auras envie à un moment ou à un autre, Helena, tu peux me croire –, je serai toujours à ta disposition.
— Tu es le premier candidat sur ma liste, affirma-t-elle d’un ton badin.
Quelques instants auparavant, j’aurais bondi hors de la tente et serré une corde autour du cou de ce bellâtre, mais ayant compris où elle voulait en venir, je continuai de me faire discret. Le ton de sa voix changea à peine, mais je savais qu’elle comptait mettre un terme au badinage.
— Puis-je te demander quelque chose de vraiment personnel, Philocrates ?
Il n’allait certainement pas refuser une occasion de parler de lui.
— Bien sûr !
— Quels liens entretenais-tu avec l’auteur assassiné ?
Il resta un moment silencieux.
— Alors c’est ça le prix à payer pour avoir l’honneur de parler avec Ta Grâce ?
— C’est le prix à
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