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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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de torse et mon plus séduisant sourire. Il ne va rien se passer.
    Elle garda sa mine renfrognée.
    — Tâche d’oublier la routine, Falco ! Ça ne marche pas avec moi.
    J’étais sur le point de me dire : Voilà qui n’arrive jamais à Philocrates, quand je me souvins que, précisément, il avait vécu la même chose.
     
    Elle devait avoir tout juste vingt ans, peut-être moins. Et elle arpentait déjà les scènes de théâtre depuis huit ou neuf ans. C’est l’un des métiers où les jolies filles embrassent tôt la profession. Dans un cercle social différent, elle aurait eu l’âge de devenir une vestale. Il ne doit pas y avoir une grosse différence entre une prêtresse et une actrice, si ce n’est la place qu’on occupe dans la société. Les deux métiers consistent à duper un public au cours d’un acte rituel destiné à leur faire croire l’incroyable.
    J’avais beau me concentrer de toutes mes forces pour avoir l’air d’un vrai professionnel, il m’était impossible de faire abstraction de sa beauté. Elle possédait un visage triangulaire éclairé de deux grands yeux aussi verts que ceux d’un chat égyptien, de hautes pommettes, un petit nez parfait, et une bouche qui gardait en permanence une expression ironique. Son corps, aussi exceptionnel que son visage, suggérait des possibilités infinies et inexploitées. Pour couronner le tout, elle avait une façon peu commune de relever ses cheveux avec deux ou trois épingles de bronze. Ainsi, non seulement sa coiffure restait en place, mais elle dégageait une nuque particulièrement aguichante.
    Sa voix paraissait trop grave pour sa petite personne. Elle était légèrement voilée, et son professionnalisme savait en tirer le meilleur parti. Le résultat était déroutant pour son auditeur. Byrria donnait l’impression de maintenir tous les soupirants à distance en attendant la personne qui lui était destinée.
    — Pourquoi détestes-tu autant les hommes, ma douce ?
    — J’en ai connu quelques-uns, voilà pourquoi.
    — Un spécial ?
    — Les hommes ne sont jamais spéciaux !
    Quand je me trouvais dans une impasse, je savais le reconnaître. Croisant les bras, je me mis à réfléchir à la situation en silence.
    À cette époque, la route conduisant à Gerasa était en si triste état qu’on appelait de ses vœux une voie militaire qui aurait rejoint Damas. Elle verrait le jour. Rome avait déjà investi de grosses sommes d’argent dans cette région pendant le soulèvement en Judée, et allait en investir encore davantage en temps de paix. Une fois la situation complètement rétablie, la Décapole finirait par se hisser au niveau des normes romaines. En attendant, nous étions obligés d’endurer bien des maux sur une antique voie caravanière nabatéenne dont personne n’assurait l’entretien. Elle traversait un paysage désolé. Plus tard, nous allions redescendre au niveau de la plaine et nous serions obligés de franchir un affluent du Jourdain. De l’autre côté, nous trouverions des pâturages plus verdoyants et une épaisse forêt de pin. Mais pour le moment, nous suivions une piste défoncée franchissant des collines broussailleuses. Il nous arrivait d’apercevoir, ici et là, quelques tentes nomades, sans en distinguer les occupants – ou très rarement. Conduire un chariot dans ces conditions n’était pas chose facile, et Byrria devait y apporter toute son attention.
    Comme je l’espérais, au bout d’un moment, ce fut elle qui éprouva le besoin de me poser une question.
    — J’ai quelque chose à te demander, Falco. Quand comptes-tu cesser de me calomnier ?
    — Par Junon ! Je croyais que tu allais me demander le nom du tailleur qui m’avait fait ma cape, ou ma recette de la marinade au vinaigre d’estragon ! Qu’est-ce que c’est que cette histoire de calomnie ?
    — Tu laisses croire à tout le monde qu’Heliodorus est mort à cause de moi.
    — Je n’ai jamais rien dit de tel.
    C’était, il est vrai, une possibilité, et, arrivé à ce point de mon enquête, la plus vraisemblable ; mais je n’en gardais pas moins l’esprit ouvert.
    — Je n’ai rien à voir avec ça, Falco.
    — Je sais que ce n’est pas toi qui l’as poussé dans la citerne et que tu ne lui as pas non plus tenu la tête sous l’eau. Ça, il est clair que c’est un homme qui l’a fait.
    — Alors pourquoi insinuer que je suis impliquée là-dedans ?
    — Je n’ai jamais rien insinué de tel. Il n’empêche que tu

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