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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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les nourritures offertes et les femmes du cru. Je choisis même quelques petits cadeaux pour les rapporter à Rome. Au passage, nous flattâmes des ânes de la main, bûmes à des fontaines, empêchâmes des enfants de passer sous les roues de carrioles, nous montrâmes polis avec les femmes âgées, inventâmes des directions fantaisistes pour des promeneurs égarés qui nous prenaient pour des autochtones… Nous commencions à nous sentir chez nous.
    Au nord de la vieille cité, à l’endroit qui allait devenir le centre de la ville nouvelle, nous découvrîmes plusieurs temples, dont le plus important était consacré à Artémis, leur déesse protectrice. Un échafaudage entourait encore quelques-unes des douze impressionnantes colonnes corinthiennes. À côté s’élevait l’édifice dédié à Dionysos, où les prêtres nabatéens disposaient d’une enclave – il était apparemment possible d’établir un parallèle entre Dionysos et Dushara. Après que Musa me les eut présentés, je lui demandai de m’attendre dans ce sanctuaire et filai approfondir mon enquête au sujet de la musicienne de Thalia.
    Je ne progressai malheureusement pas du tout. Personne, parmi ceux que j’interrogeai, n’avait entendu parler de Sophrona ni de Habib. D’ailleurs, la plupart d’entre eux me déclarèrent être eux-mêmes des étrangers. Quand mes pieds commencèrent à émettre des protestations, je retournai au temple chercher Musa. Comme il était toujours plongé dans une discussion animée, je lui fis signe que j’étais de retour et partis m’installer sous un agréable portique ionique pour l’y attendre en me reposant. Comme nous avions quitté Pétra précipitamment, il avait sans doute d’urgents messages à transmettre : à sa famille, à ses collègues prêtres du temple au jardin pelé, et peut-être au Frère lui-même. Et cette pensée en entraînant une autre, je me dis soudain que le moment était peut-être venu de faire savoir à ma mère que j’étais toujours vivant. Peut-être Musa avait-il déjà cherché un messager quand nous étions à Bostra, mais je ne m’en étais pas aperçu. J’avais plutôt tendance à penser qu’il n’avait trouvé aucune occasion avant aujourd’hui.
    Quand des servants vinrent allumer les lampes du sanctuaire, nous réalisâmes en même temps que nous avions perdu toute notion de l’heure, et Musa s’arracha à ses collègues nabatéens. Il vint s’accroupir à côté de moi. Je devinai tout de suite que quelque chose le tourmentait.
    — Tout va comme tu veux ? demandai-je d’un ton neutre.
    — Oh oui !
    L’homme aimait à s’entourer d’une aura de mystère. Il se masqua le visage d’un pan de son turban, puis joignit les mains. Nous contemplâmes tous les deux l’enceinte du temple. Comme n’importe quel autre sanctuaire, celui-ci était plein de vieilles dévotes qui auraient mieux fait de se trouver chez elles en train de siroter un grog corsé, d’escrocs vendant des statuettes religieuses, et d’individus en quête de touristes prêts à payer pour passer la nuit avec leur petite sœur ou leur petit frère. Une scène tout à fait banale.
    Je me trouvais plus ou moins confortablement assis sur une marche, mais je changeai de position pour observer Musa plus à mon aise. Tout ce que je pouvais voir, maintenant qu’il s’était emmailloté, c’étaient ses yeux. Des yeux qui me paraissaient à la fois honnêtes et intelligents. Peut-être une femme eût-elle qualifié leur sombre profondeur de romantique. D’après sa conduite, je le considérais comme un homme très résistant, à l’esprit droit. Mais je n’oubliais pas pour autant qu’il nous avait accompagnés sur l’ordre personnel du Frère. C’était d’ailleurs pour cette raison qu’Helena et moi ne lui avions jamais posé de questions sur sa vie privée. Après avoir voyagé ensemble depuis pas mal de temps, nous ignorions tout de lui ou presque.
    — Es-tu marié ?
    — Non, répondit-il.
    — Aucun projet de ce côté-là ?
    — Un jour, peut-être. Ça nous est permis.
    Voilà qui assouvissait ma curiosité au sujet des dispositions sexuelles prévues pour les prêtres de Dushara.
    — Tant mieux pour toi ! m’exclamai-je en riant. Tu as de la famille ?
    — Une sœur. Quand je ne suis pas au temple, j’habite chez elle. Je lui ai fait passer un message pour lui raconter mon voyage.
    Il dit cela sur le ton de quelqu’un qui cherche à s’excuser. Il devait penser

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