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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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frères dans la cour, lui ordonna-t-il. Je veux pas te voir passer tes
journées enfermé dans ta chambre quand il fait beau dehors.
     
    Laurette regarda
son fils aîné, enfermé dans son mutisme, quitter la maison sans aucun
enthousiasme. Elle accepta que son mari soit intervenu, mais restait bien
décidée à ne pas forcer son fils à aller participer aux jeux des jeunes du
voisinage quand son mari serait absent de la maison.
     
    Laurette sut que
l'été serait long dès les jours suivants. Au début d'un bel après-midi
ensoleillé, elle dut élever à nouveau la voix pour calmer Richard et Gilles,
surexcités autant par la perspective d'assister pour la première fois au
     
    défilé de la
Saint-Jean-Baptiste que par le pique-nique que la famille Morin se proposait de
faire au parc Lafontaine.
     
    — Si vous vous
calmez pas les nerfs, il y aura pas de parade ! les menaça-t-elle tout net. Si
vous pensez que ça me tente d'aller me planter debout en plein soleil sur le
bord du trottoir pour voir passer une couple de chars allégoriques, vous vous
trompez. En plus, vous allez vous passer du pique-nique et vous mangerez vos
sandwiches au baloney ici dedans. ¿
     
    — Non, non,
m'man, on va être tranquilles, promirent les deux jeunes à l'unisson en allant
se réfugier sur le balcon pendant que leur mère et Denise finissaient de
préparer des sandwiches.
     
    — Sors les deux
grosses bouteilles de cream soda de la glacière, ordonna Laurette à son aînée
en se remettant au travail.
     
    L'adolescente
obéit et déposa les bouteilles dans le grand sac en tissu posé sur la table.
     
    — Il paraît,
m'man, qu'ils lancent des bonbons et des ballounes, dit Richard à travers la
porte moustiquaire. Ça va être le fun à mort.
     
    — Toi, mon agrès,
t'es mieux de te tenir tranquille ! le prévint sa mère. Tu me feras pas une
peur comme ton frère m'a déjà fait à la parade du père Noël. C'est ton père qui
va s'occuper de toi aujourd'hui.
     
    Un peu avant une
heure, tous les Morin quittèrent leur appartement surchauffé et marchèrent en
direction de la rue Sainte-Catherine. Gérard s'était chargé du sac de
nourriture et avait distribué à chacun de ses trois aînés une vieille
couverture de laine grise. Avant le départ, il avait déclaré aux siens qu'ils
allaient prendre le tramway.
     
    — Une vraie
dépense inutile, fit remarquer sa femme. Tout ça pour voir un petit frisé avec
son mouton rire de
     
    nous autres sur
un char allégorique. Si je donnais un permanent à Jean-Louis, je suis sûre
qu'il ferait un ben plus beau saint Jean-Baptiste.
     
    — Il manquerait
plus qu'un de mes gars ait une tête comme ça, se moqua Gérard. L'important,
c'est que les enfants s'amusent un peu et voient Camilien Houde, ajouta-t-il.
On peut pas dire qu'on les gâte tellement avec un pique-nique dans l'été.
     
    — Je le sais.
Mais je te ferai remarquer qu'ils sont ben plus intéressés par les bonbons
qu'ils vont se faire garrocher que par le maire. En tout cas, moi, je trouve
qu'il fait chaud tt crever. Je me serais ben contentée d'écouter la parade au
radio, ben tranquille chez nous.
     
    Après avoir dû
laisser passer deux tramways bondés de passagers, les Morin parvinrent à
trouver de la place dans un troisième. Il régnait une atmosphère de fête à
laquelle il était difficile de demeurer insensible. Quand ils descendirent à
proximité du parc Lafontaine, sur la rue Sherbrooke, une foule impressionnante
s'était déjà entassée de chaque côté de la rue.
     
    — Je te l'avais
dit qu'on partait ben trop tard, reprocha Gérard à sa femme avec mauvaise
humeur. Là, on va être poignés pour marcher un bon bout pour se trouver une
place sur le bord du trottoir.
     
    Cependant, le
père de famille s'était inquiété inutilement. Une cinquantaine de pieds plus
loin, il put se glisser avec les siens en bordure de la rue. Une demi-heure
plus tard, les premières fanfares firent leur apparition, précédées par des
policiers à cheval et des majorettes aux jambes dénudées.
     
    Devant l'air un
peu trop intéressé de son mari, Laurette fut victime d'un accès de jalousie.
Elle lui décocha un solide coup de coude qui eut le don de le ramener à la
réalité.
     
    — Essaye de pas
attraper le torticolis ! lui ordonna-t-elle en serrant les dents.
     
    Gérard fit comme
s'il ne l'avait pas entendue. Puis, les premiers chars allégoriques apparurent,
séparés les uns des autres par des

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