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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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complice à son petit-fils.
     
    — On en reparlera
demain, si vous le voulez, m'man. Ça dépendra de la température. Et ils ont
besoin d'être ben fins s'ils veulent y aller.
     
    Richard décocha
un coup de pied à son frère Gilles sous la table et se remit à manger son pâté
chinois le sourire aux lèvres.
     
    — J'haïs ben ça,
mais je vas être obligée d'aller faire changer mes lunettes demain avant-midi,
fit Annette, hors
     
    de propos. J'ai
pas le choix. Je suis rendue que je suis plus capable d'enfiler mes aiguilles.
Il faut croire que je vieillis et que ma vue change encore.
     
    — Voyons donc,
m'man, vous avez juste cinquante-sept ans. Vous êtes pas vieille.
     
    — En tout cas,
c'est une dépense dont je me serais ben passée à ce temps-ci de l'année.
     
    — Pourquoi vous
attendez pas samedi, m'man ? On pourrait y aller ensemble, lui proposa Laurette
en lui versant une tasse de thé.
     
    — Ben non. Samedi,
on va être obligées d'aller à la parade parce que je suis certaine que tes
petits vont être tellement fins que tu pourras pas faire autrement que de les
amener, fit-elle avec un sourire qui en disait long.
     
    Après avoir aidé
à laver la vaisselle, Annette quitta l'appartement en compagnie de Denise. Elle
laissa sa petite-fille au coin de Dufresne et Sainte-Catherine, à l'entrée de
la cour de l'école, avant de poursuivre sa route.
     
    Vers la fin de la
matinée, le lendemain, Laurette entra dans sa chambre pour aller déposer des
vêtements de Gérard dans l’un des tiroirs de sa commode quand elle aperçut à
travers le rideau qui masquait la fenêtre une voiture noire qui s'immobilisait
devant sa* porte. Curieuse, elle écarta le rideau juste à temps pour apercevoir
deux policiers s'extraire du véhicule. L'un d'eux traversa la petite artère et
entreprit de monter l'escalier extérieur conduisant aux appartements situés
au-dessus de l'épicerie Brodeur pendant que l'autre s'avançait vers sa porte.
     
    Le coup de sonnette
la fit sursauter. Elle laissa tomber le rideau
     
    — Bon. Qu'est-ce
qu'il peut ben nous vouloir? se demanda-t-elle à mi-voix, soudainement
inquiète. Dis-moi pas qu'il est arrivé quelque chose aux petits à l'école !
     
    Elle ouvrit. Le
policier lui adressa un sourire rassurant.
     
    — Excusez-moi,
madame, nous cherchons quelqu'un sur cette rue qui connaît une madame Annette
Brûlé. Est-ce que ce nom-là vous dit quelque chose ?
     
    — Mais c'est ma
mère ! s'écria Laurette dont le cœur eut un raté.
     
    Le policier fit
un pas à l'extérieur pour crier à son confrère qui s'apprêtait à sonner à une
porte, en face, de venir le rejoindre. Il referma la porte derrière lui.
     
    — Qu'est-ce qui
est arrivé ? demanda Laurette dans un. souffle.
     
    — Elle a eu un
accident, madame, dit le policier, cherchant, de toute évidence, à la ménager.
On est chanceux de vous avoir trouvée aussi vite. Son adresse était dans sa
sacoche. Ça répondait pas chez eux.
     
    — Elle vit toute
seule, expliqua Laurette, le visage extrêmement pâle.
     
    — On a demandé à
une voisine et elle nous a dit qu'elle avait une fille qui restait sur la rue
Emmett ou Archambault.
     
    Pendant que le
jeune policier donnait ces explications, son compagnon vint le rejoindre.
     
    — Allez-vous
finir par me dire quelle sorte d'accident elle a eue ? demanda Laurette, folle
d'inquiétude.
     
    — L'accident est
grave, madame, fit l'aîné des policiers d'une voix apaisante. Elle a été
transportée à l'hôpital Notre-Dame. Je pense que vous feriez mieux de venir
avec nous autres.
     
    — Mon Dieu, c'est
pas vrai ! s'exclama la mère de famille en serrant ses mains sur sa poitrine.
C'est pas possible. Mon père vient juste de mourir...
     
    — C'est arrivé
sur la rue Saint-Denis, expliqua doucement le même policier. Votre mère s'est
avancée dans la rue pour monter dans le tramway. Un chauffeur de taxi l'a
     
    pas vue. Il a pas
été capable d'arrêter à temps. Il l'a frappée. Il a rien pu faire pour
l'éviter.
     
    — Ab non !
     
    — Est-ce que vous
pouvez venir avec nous autres ?
     
    — Attendez. J'ai
ma petite fille qui joue dans sa chambre et mes autres enfants sont à la veille
d'arriver de l'école et...
     
    Elle était
tellement perturbée qu'elle avait du mal à prendre une décision.
     
    — Vous pouvez
peut-être demander à une voisine de s'en occuper ? suggéra l'homme.
     
    — Donnez-moi une
minute. Je vais faire ça

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