Des rêves plein la tête
vite. Malgré le froid, Laurette sortit et sonna à la
porte
voisine. Quand
Emma Gravel en déclencha l'ouverture du haut de l'escalier intérieur, elle
entra et lui expliqua rapidement la situation.
— Est-ce que vous
pourriez demander à Denise de s'occuper du dîner et de rester à la maison cet
après-midi pour s'occuper de sa petite sœur ? lui demanda-t-elle. Je vais vous
laisser mes clés.
— Laissez faire,
madame Morin. Je descends tout de suite chez vous pour garder la petite, fit la
voisine avec gentillesse. Je vais m'occuper du dîner des enfants. Allez-y tout
de suite. Perdez pas de temps.
Après l'avoir
remerciée, Laurette rentra chez elle, endossa son manteau, chaussa ses bottes
et suivit les policiers en faisant des efforts pour tenter d'arrêter de
trembler. En prenant place sur la banquette arrière de la Pontiac noire, elle
ne put s'empêcher de penser qu'il était heureux que la situation survienne en
plein hiver, alors que les voisines étaient prisonnières de leur appartement.
Si elles l'avaient vue monter dans une voiture de police, elles se seraient
sûrement demandé quel crime elle avait pu commettre pour être ainsi emmenée par
les forces de l'ordre.
Quelques minutes
plus tard, les agents la déposèrent à l'urgence de l'hôpital Notre-Dame en lui
souhaitant bonne chance. Elle se précipita à l'intérieur et demanda où elle
devait aller pour voir sa mère qui venait d'être victime d'un accident. La
préposée consulta la liste des patients qu'elle avait devant elle sans parvenir
à retrouver le nom d'Annette Brûlé. Elle fit alors asseoir Laurette dans la
salle d'attente, le temps qu'elle puisse trouver dans quel département sa mère
avait été transportée.
De plus en plus
angoissée, Laurette suivit la dame du regard et la vit pénétrer dans une pièce
attenante. Un instant plus tard, elle en sortit en compagnie d'une petite
religieuse qui se dirigea immédiatement vers elle.
— Voulez-vous me
suivre, madame ? lui dit-elle en lui adressant un mince sourire.
Laurette se leva
et suivit la religieuse dans le local voisin. Après l'avoir invitée à
s'asseoir, cette dernière lui dit d'une voix douce :
— Madame ?
— Morin, fit
Laurette.
— Madame Morin,
j'ai pas une très bonne nouvelle à vous annoncer...
— Quoi? Vous
voulez me dire que ma mère est ben blessée ? demanda Laurette, assise sur le
bout de sa chaise, les mains toujours agitées d'un tremblement qu'elle ne
parvenait pas à contrôler.
— Le bon Dieu l'a
rappelée à Lui, fit la religieuse d'une voix encore plus douce.
— C'est pas
possible ! s'insurgea Laurette en se levant précipitamment, incapable
d'accepter cette réalité. Demain, on doit amener les enfants à la parade du
père Noël.
—
Malheureusement, madame, on n'a rien pu faire pour la sauver. Elle a jamais
repris connaissance. Elle est partie au moment où elle entrait à l'urgence.
— Voyons donc,
verrat ! Ça se peut pas ! Elle peut pas être morte aussi vite que ça !
— C'est Dieu qui
décide quand et comment II va venir nous chercher, dit la religieuse.
— C'est pas juste
! se révolta Laurette en éclatant en sanglots.
— Elle a presque
pas souffert, dit la religieuse en cherchant à la consoler. Dites-vous que la
prière va vous aider à passer à travers cette dure épreuve. Voulez-vous
prévenir un membre de votre famille ? Vous me semblez un peu fragile. Je vous
suggère d'attendre de l'aide avant d'aller voir le corps de votre mère. Je vais
vous laisser seule quelques instants. Vous pouvez utiliser le téléphone, si
vous voulez.
Pendant de
longues minutes, Laurette fut tellement secouée par des pleurs convulsifs
qu'elle fut incapable de se rappeler du numéro de téléphone de Bernard, qui
s'était fait installer le téléphone deux ans plus tôt. Quand elle finit par
joindre Marie-Ange, elle éclata à nouveau en sanglots en lui apprenant la
mauvaise nouvelle. Elle lui demanda de prévenir son mari et son frère Armand et
de leur dire de venir la rejoindre à l'hôpital le plus rapidement possible.
Elle pensa ensuite qu'il valait mieux téléphoner à la Dominion Rubber pour que
Gérard puisse quitter l'usine et venir la retrouver.
Moins d'une heure
plus tard, Gérard, se présenta à l'urgence. Il fut suivi quelques minutes plus
tard par ses deux beaux-frères. Après que Laurette leur eut raconté, entre deux
sanglots,
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