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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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et demi... En tout cas, je vais lui en parler, promit-elle.
     
    — Faites donc ça,
madame. Si ça la tente, elle a juste à venir me voir au presbytère un matin.
     
    Le lendemain
après-midi, le curé Monette quitta sa paroisse aussi discrètement qu'il y était
arrivé, douze ans plus tôt. Il laissa le souvenir d'un homme doux et peu
exigeant tant à ses subordonnés qu'à ses paroissiens.
     
    Ce jour-là,
Annette vint rendre visite à sa fille au moment où cette dernière finissait son
lavage. Occupée à étendre des vêtements sur sa corde à linge, Laurette rentra
précipitamment dans l'appartement au premier coup de sonnette. Elle alla
ouvrir.
     
    — Vous auriez dû
passer par en arrière, m'man, reprocha-t-elle à sa mère. Je vais être chanceuse
si la sonnette a pas réveillé Denise.
     
    Debout dans le
couloir, les deux femmes tendirent l'oreille pour vérifier si le bébé n'avait
pas été dérangé. Aucun son ne leur parvint. Soulagée, la jeune mère entraîna sa
visiteuse dans la cuisine.
     
    — Voulez-vous
nous préparer une tasse de thé pendant que je finis d'étendre mon linge?
demanda-t-elle à sa mère. Ça va nous réchauffer. Je commence à trouver que
c'est pas chaud étendre dehors.
     
    Annette s'exécuta
et sa fille rentra peu après dans l'appartement en tenant sous son bras un
panier d'osier vide. Elle s'assit à table, face à sa mère, après être allée
voir dans sa chambre à coucher si Denise dormait toujours.
     
    — Pauvre petite
fille, fit sa mère, moqueuse. Inquiète-toi donc pas. Tu vas l'entendre la
petite si elle se réveille.
     
    — Je le sais ben,
m'man, mais c'est plus fort que moi. Il y eut un court silence entre les deux
femmes avant
     
    que Laurette
reprenne la parole pour s'informer de la fête donnée à l'occasion du départ du
curé Monette, la veille. Annette raconta ce qui s'y était passé et rapporta la
conversation qu'elle avait eue avec la ménagère du presbytère.
     
    — Et vous, m'man,
ça vous tenterait pas d'aller travailler là de temps en temps? demanda la jeune
mère de famille.
     
    — T'es pas
sérieuse ! fit Annette. Tu connais ton père. Il voudra jamais que j'aille
torcher des étrangers.
     
    — Même si vous
lui dites que c'est des prêtres ?
     
    — Certain. Ton
père a toujours dit que c'était au mari de faire vivre sa femme. Il voudra pas.
Toi, est-ce que ça t'intéresserait ?
     
    — Si c'était pas
de la petite, je dirais pas non, affirma Laurette après un bref moment de
réflexion.
     
    — T'es sûre que
Gérard voudrait, lui ? s'étonna sa mère.
     
    — Je voudrais ben
voir qu'il me dise non. D'abord, je lui demanderais pas la permission. Si ça se
trouve, il le saurait même pas. Je serais revenue à la maison avant qu'il soit
rentré de l'ouvrage.
     
    Durant un
instant, Annette hésita à poursuivre la conversation sur ce sujet. Elle
n'aimait vraiment pas voir sa fille être prête à faire des cachotteries à son
mari et ainsi mettre en péril la paix de son ménage. Puis elle se dit que
Laurette n'avait probablement pas tout à fait tort d'aller à l'encontre de la
fierté mal placée de Gérard. Après tout, en cette période où l'argent était si
rare, il ne fallait pas cracher sur un appoint au salaire de son mari.
     
    — En tout cas, si
ça t'intéresse, tu peux toujours aller voir madame Dussault au presbytère et
lui dire que t'es ma fille. Si elle t'engage, je suis ben prête à garder la
petite quand t'iras travailler. T'auras juste à me la laisser le matin et à la
reprendre à la fin de l'après-midi. De toute façon, si je me fie à ce qu'elle
m'a dit, c'est de l'ouvrage qui durerait deux ou trois jours au plus, trois ou
quatre fois par année. C'est rien de régulier.
     
    — Si vous voulez
garder Denise cet après-midi, je pense que je vais aller la voir, décida
Laurette.
     
    — T'aimes pas
mieux en parler à Gérard avant ? suggéra sa mère, qui regrettait déjà toute
l'affaire.
     
    — Pantoute. C'est
moi qui vais travailler, pas lui.
     
    Au début de l'après-midi,
la jeune femme se présenta au presbytère et demanda à parler à la ménagère.
Quelques minutes suffirent pour que cette dernière accepte de la présenter à
madame Gagnon qui l'engagea pour seconder Amélie Dussault quand le besoin s'en
ferait sentir. Il fut entendu qu'elle recevrait un dollar et demi par jour et
qu'elle se présenterait au presbytère dès le lendemain matin pour commencer

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