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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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son
travail.
     
    — Essayez
d'arriver vers sept heures et demie, lui demanda la ménagère. On va faire une
bonne journée d'ouvrage.
     
    En quittant le
presbytère, Laurette éprouva une immense fierté. Pour la première fois de sa
vie, elle allait gagner un salaire qu'elle serait libre de dépenser à sa guise.
C'était tout à fait différent du travail qu'elle accomplissait avec sa mère
lorsqu'elle était jeune fille. À cette époque, elle aidait sa mère, et l'argent
gagné était versé à cette dernière et servait à la survie de la famille Brûlé.
Là, cet argent allait lui appartenir en propre.
     
    Chapitre 8
     
    Un nouveau curé
     
    Le lendemain
matin, Laurette laissa Denise chez sa mère vers sept heures et alla sonner à la
porte du presbytère. Amélie Dussault l'entraîna immédiatement avec elle dans
une grande pièce, à l'étage, tout en lui expliquant qu'il s'agissait de la
chambre à coucher de monsieur le curé.
     
    — Notre nouveau
curé est supposé arriver aujourd'hui, lui expliqua-t-elle. Il faut que sa
chambre soit prête. On va laver le plafond et les murs et tout nettoyer à fond.
     
    Quand il ne resta
plus qu'à cirer le linoléum de la pièce, la ménagère envoya son aide commencer
à laver le long couloir qui séparait le rez-de-chaussée du presbytère en deux.
À la fin de l'avant-midi, un coup de sonnette impérieux fit sursauter Laurette
alors qu'elle était perchée en haut de l'escabeau et lessivait le plafond.
     
    Eugénie Gagnon
sortit de sa cuisine et alla ouvrir. Un ecclésiastique entra. Le prêtre, âgé
d'une quarantaine d'années, était un homme de taille moyenne, sec comme un coup
de trique, au visage très mince où on ne remarquait que son nez en forme de bec
d'aigle chaussé de lunettes à monture d'acier. Il eut une grimace de
mécontentement en entendant la musique assez forte en provenance de la cuisine.
     
    — Je suis Anselme
Crevier, le remplaçant du curé Monette, dit-il sèchement en s'avançant de
quelques pas dans le couloir. Je suppose que vous êtes la ménagère ?
     
    Le prêtre avait
un débit saccadé et le geste brusque de celui qui estime ne pas avoir de temps
à perdre.
     
    — Non, monsieur
le curé. Je suis la cuisinière, répondit Eugénie Gagnon en lui adressant un
sourire de bienvenue.
     
    — Ah ! C'est
madame, dit-il en désignant de la main Laurette sur son escabeau.
     
    — Non, monsieur
le curé. C'est une femme qui aide la ménagère pour les gros travaux. C'est
madame Dussault qui est la ménagère. Elle est en haut en train de faire les
chambres.
     
    — Vous vous
appelez ?
     
    — Eugénie Gagnon,
monsieur le curé.
     
    — Parfait, madame
Gagnon. Montrez-moi mon bureau et, après avoir fait arrêter tout ce bruit, vous
m'enverrez la ménagère.
     
    La cuisinière ouvrit
la première porte à sa droite et laissa passer le prêtre qui se dirigea
immédiatement vers la fenêtre, qu'il ouvrit toute grande. Celle-ci donnait sur
la rue Sainte-Catherine. Il se tourna vers la dame et lui fit signe qu'elle
pouvait partir. Pendant qu'il attendait la ménagère, le prêtre promena son
regard sur la bibliothèque, passa le bout des doigts sur le grand bureau en
acajou qui occupait une grande partie de la pièce, ouvrit les deux tiroirs du
classeur en bois placé près du meuble et s'assit finalement dans le fauteuil en
cuir, derrière le bureau. On frappa discrètement à la porte demeurée ouverte et
la ménagère entra dans la pièce.
     
    — Bonjour,
monsieur le curé. Madame Gagnon m'a dit que vous vouliez me voir ? demanda
Amélie Dussault.
     
    — Oui, madame. Je
voulais d'abord savoir si ma chambre était prête.
     
    — Oui, monsieur
le curé.
     
    — J'espère qu'il
y a là moins de poussière que dans ce bureau, dit abruptement le prêtre en lui
montrant la trace
     
    laissée par ses
doigts sur le meuble quelques instants auparavant.
     
    — Certainement,
monsieur le curé, laissa tomber la femme, le visage soudainement fermé. Mais je
vous ferai remarquer qu'il y a de la poussière seulement quand la fenêtre
donnant sur la rue est ouverte.
     
    — Bon. C'est
correct. J'ai vu que vous aviez de l'aide, ajouta-t-il.
     
    — Juste pour une
couple de jours, monsieur le curé, tint à préciser la ménagère. C'est pour le
grand ménage. D'habitude, je suis toute seule pour tout entretenir.
     
    — C'est parfait.
Vous pouvez retourner à votre travail. En passant, demandez donc à la
cuisinière de venir me

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