Des rêves plein la tête
closes.
— Pourquoi vous
faites ça, m'man ? demanda Laurette, le front couvert de sueur.
— T'as pas envie,
j'espère, que toute la rue t'entende crier pendant que t'accouches, dit sa mère
sur un ton réprobateur. Je vais t'apporter une serviette mouillée pour te
rafraîchir le visage avant de traverser chez Comtois pour appeler le docteur.
Annette fut
rapidement de retour au chevet de sa fille après avoir téléphoné. Sa présence
avait un effet apaisant sur la future maman.
Une trentaine de
minutes plus tard, Albert Miron entra chez les Morin. Après un rapide examen de
sa patiente, il vint rejoindre Annette dans la cuisine en lui demandant de
l'eau.
— Tout va bien
aller, madame, dit le praticien sur un ton rassurant en se lavant soigneusement
les mains.
— Je pense que
j'aimerais mieux être à sa place plutôt que d'attendre.
— Vous vous
inquiétez pour rien, madame. Votre fille est en pleine santé et le bébé se
présente bien. Dans une heure, au plus, tout va être fini. Je suppose que tout
est prêt pour le petit.
— Oui, docteur.
Je vais tout placer sur la table de cuisine.
— Parfait. Quand
ce sera fait, assurez-vous qu'on ait toute l'eau chaude nécessaire et venez me
rejoindre dans la chambre.
Le docteur Miron
ne s'était pas trompé de beaucoup. En moins de quatre-vingt-dix minutes,
Laurette donna naissance à son enfant. Elle se montra particulièrement
courageuse en l'occasion. Ses plaintes n'ameutèrent pas le quartier et le seul
véritable cri qu'elle poussa fut celui qui accompagna sa délivrance.
— C'est une
fille, madame Morin, annonça le médecin à la mère au visage transfiguré par la
joie. Attendez un peu. Votre mère va vous la rapporter toute propre.
D'un geste
calculé, il tendit le bébé à Annette. La nouvelle grand-mère alla laver et
emmailloter avec soin l'enfant avant de revenir dans la chambre et de le
déposer dans les bras de sa fille. Quelques minutes plus tard, Albert Miron
déclara en avoir fini avec sa patiente.
— Tout est
correct, dit-il à Laurette. Vous restez au lit au moins une semaine et vous
vous laissez gâter. Il faut reprendre vos forces. Je vais repasser dans deux
jours pour
voir s'il y a pas
de problème. Mais ça me surprendrait. Vous pouvez ouvrir la fenêtre, madame,
ajouta-t-il à l'intention d'Annette. Il faudrait tout de même pas que la mère
et sa petite meurent de chaleur.
— Merci, docteur,
murmura la nouvelle maman en ne parvenant pas à quitter sa fille des yeux.
Dans le couloir,
le médecin déroula les manches de sa chemise avant d'endosser son veston.
— Vous direz à
votre gendre, madame, qu'il n'aura qu'à passer à mon bureau pour régler la
note.
— Je vais lui
faire la commission, promit Annette, tout sourire, en lui ouvrant la porte.
A son retour du
travail, Gérard Morin eut toute une surprise en découvrant le bébé à qui sa
femme avait donné naissance moins de deux heures auparavant. Après avoir
embrassé Laurette qui venait de se réveiller, il demeura longtemps penché
au-dessus du berceau pour admirer tout à son aise son premier enfant.
— Puis, comment
tu trouves notre Denise? lui chuchota Laurette.
— C'est la plus
belle fille que je connaisse... à part sa mère, ben sûr, répondit le jeune
père, ému.
— Après le
souper, il va falloir que t'ailles la déclarer au presbytère, lui rappela
Laurette. Monsieur le curé va vouloir qu'on la fasse baptiser le plus vite
possible. Tu lui diras que c'est ma mère et mon père qui vont être dans les
honneurs.
— C'est correct.
— Tu pourras
peut-être faire dire à chez vous qu'on aimerait que ce soit ta sœur qui soit la
porteuse.
— OK.
Ce soir-là,
Annette revint rue Emmett en compagnie de son mari et de ses deux fils pour
qu'ils puissent admirer le bébé. Honoré, Armand et Bernard ne demeurèrent que
quelques minutes
pour laisser le temps à la mère de se reposer. Avant qu'ils ne partent, la mère
de Laurette tint à leur rappeler :
— Profitez pas de
ce que je suis pas là pour me mettre la maison à l'envers, vous autres. Faites
vos lits et lavez votre vaisselle au fur et à mesure. Là, je vous ai préparé
des repas pour au moins deux jours. Après-demain, j'irai vous en préparer
d'autres. Je vous avertis que si je trouve ma maison sale, vous allez en
entendre parler.
Le dimanche
après-midi suivant,
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