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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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en garde, elle décida de changer de sujet.
Il n'était pas question qu'elle se brouille avec elle à quelques jours de la
naissance de son premier petit-enfant.
     
    — Je suppose que
le docteur Miron est pas encore passé ? demanda-t-elle en faisant un effort
pour adoucir sa voix.
     
    — Pas encore,
mais il devrait être à la veille d'arriver, répondit Laurette en levant la tête
pour consulter l'horloge murale.
     
    — J'ai hâte
d'entendre ce qu'il a à dire, ton petit docteur.
     
    Annette n'avait
qu'une confiance très limitée dans les capacités du jeune médecin choisi par sa
fille qui, encore une fois, était allée à l'encontre de ses conseils. Elle
aurait préféré qu'elle consulte le vieux docteur Lemaire, le médecin de la
famille Brûlé depuis près de vingt-cinq ans, mais Laurette n'en avait fait qu'à
sa tête.
     
    — Il est vieux et
il est bête comme ses pieds. J'en voulais pas, lui avait-elle expliqué avec
impatience. Le docteur Miron est le docteur de Suzanne. Elle m'a dit qu'il est
pas mal bon et qu'il charge pas cher.
     
    — Fais à ta tête
de cochon, comme d'habitude, s'était résignée Annette. Mais viens pas te
plaindre après s'il est pas là à temps pour t'accoucher. Les nouveaux docteurs
sont pas comme les vieux. Ils se lèvent pas tous en pleine nuit pour venir
aider leurs patientes.
     
    Pendant que sa
fille préparait un dîner léger, Annette enleva les vêtements qui avaient été
mis à sécher dehors et étendit une nouvelle cordée. Elle plia ensuite les
vêtements
     
    secs. Au moment
où les deux femmes allaient passer à table, le docteur Miron sonna à la porte.
     
    Le praticien
salua la mère et la fille avant de s'enfermer quelques instants avec Laurette
dans sa chambre pour procéder à son examen. Lorsqu'il sortit de la pièce,
Albert Miron avait un air rassurant.
     
    — Tout va bien,
madame Morin, dit-il à Laurette qui l'avait suivi. J'ai bien l'impression que
vous allez l'avoir cette semaine. Vous avez pas à vous inquiéter, tout va bien
aller.
     
    — Merci, docteur.
     
    — Essayez de pas
rester toute seule.
     
    — Le soir, mon
mari est toujours là.
     
    — C'est parfait,
dit aimablement le médecin. Le jour, je vois que vous avez votre mère avec
vous.
     
    — Pas tout le
temps, expliqua Annette, mais si le petit est pour cette semaine, je vais
rester avec ma fille jusqu'à l'arrivée de mon gendre.
     
    — Très bien. Ce
serait plus prudent. Comme vous avez pas le téléphone, madame Morin, je suppose
que vous avez prévu une place où me rejoindre quand vos premières douleurs vont
arriver.
     
    — Oui, j'ai votre
numéro de téléphone. Il est sur la glacière. Mon mari ira vous téléphoner à la
grocery Comtois, au coin de la rue.
     
    Le lendemain
matin, un peu après six heures, Honoré laissa sa femme descendre de voiture
dans la grande cour, à l'arrière de chez sa fille. Il n'eut plus ensuite qu'à
emprunter la ruelle reliant la rue Joachim à la rue Archambault pour se rendre
à la glacière. Gérard s'empressa d'aller ouvrir la porte à sa belle-mère
lorsqu'il l'entendit frapper discrètement. La veille, il avait été entendu
qu'Annette viendrait dorénavant passer la journée avec sa fille jusqu'au retour
du travail de son gendre.
     
    — Il y a ben
assez que vous allez venir vous occuper de Laurette pour les relevailles, dit
tout bas le jeune mari en lui offrant une tasse de thé. J'aurais pu demander à
la voisine d'en haut de jeter un coup d'œil durant le jour.
     
    — Ça me dérange
pas pantoute, affirma sa belle-mère. J'aime mieux être ici que chez nous à me
ronger les sangs.
     
    Annette ne
cachait pas sa nervosité, devinant à l'attitude de son gendre qu'il la
partageait également. Par chance, ils n'eurent pas à attendre trop longtemps la
naissance de l'enfant.
     
    Deux jours plus
tard, les premières contractions saisirent Laurette au début de l'après-midi,
alors qu'elle venait de s'étendre pour une courte sieste. Un peu affolée, elle
appela sa mère. Cette dernière la calma du mieux qu'elle le put et l'incita à
demeurer couchée.
     
    — Avant d'appeler
le docteur, on va attendre pour voir si tes contractions vont revenir, dit-elle
sagement en s'assoyant au pied du lit.
     
    Les douleurs
revinrent assez rapidement pour justifier un appel au docteur Miron. Malgré la
chaleur qui régnait dans la chambre, Annette ferma d'abord la fenêtre, même si
les vieilles persiennes étaient déjà

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