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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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passèrent
devant le reposoir installé au haut de l'escalier du couvent et poursuivirent
leur route jusqu'à l'église voisine.
     
    — Bon. Je te
lâche ici, dit Suzanne, au pied de la douzaine de marches conduisant au parvis.
Ma mère et mon père m'ont demandé de les attendre avant d'entrer dans l'église.
     
    — OK. On se verra
durant la procession, lui chuchota Laurette au moment où ses parents et ses
frères la rejoignaient.
     
    Les cloches de
l'église sonnèrent. Des fidèles en grand nombre longeaient la petite clôture en
fer forgé noir qui protégeait le maigre parterre gazonné du presbytère, un
édifice carré d'un étage en pierre grise.
     
    • — On dirait
qu'il y a de plus en plus de monde qui viennent à l'église, fit remarquer
Annette à son mari en posant le pied sur la première marche.
     
    — Ouais. Il y a
rien comme la misère pour pousser le monde à prier, rétorqua ce dernier.
     
    Avant d'entrer,
Annette et sa fille vérifièrent de la main si leur chapeau était bien en place
pendant qu'Honoré retirait le sien.
     
    L'église
Saint-Vincent-de-Paul était imposante avec ses murs et ses parquets en marbre
veiné. Sa voûte illustrée de scènes bibliques était soutenue par d'énormes
piliers du même matériau. L'édifice était largement éclairé par de longs
vitraux colorés. Une odeur d'encens flottait dans l'air. De chaque côté, il y
avait trois confessionnaux en
     
    bois foncé où
plusieurs générations de paroissiens étaient venues s'agenouiller pour demander
le pardon de leurs fautes. A l'avant, le chœur était protégé par une sainte
table en marbre. L'autel principal, flanqué de part et d'autre d'autels dédiés
à la Vierge et à Saint-Vincent-de-Paul, était installé en haut d'une
demi-douzaine de larges marches. Il se dégageait de l'endroit une majesté qui
incitait au recueillement.
     
    Annette Brûlé se
dirigea d'un pas conquérant vers l'allée centrale, suivie de près par son mari
et ses enfants.
     
    — Pourquoi on va
toujours se mettre dans les premiers bancs ? demanda Bernard à voix basse à son
frère.
     
    Malheureusement,
il ne parla pas assez bas pour n'être pas entendu de sa mère.
     
    — Quand on va à
la messe, c'est pour voir quelque chose, répliqua-t-elle sèchement en le
poussant dans l'un des premiers bancs de la travée centrale. A cette heure,
ferme ta boîte et dis ton chapelet en attendant la messe.
     
    Laurette
s'agenouilla comme les autres et regarda vers l'avant où le bedeau était occupé
à remplir les burettes déposées sur la crédence, à droite de l'autel. Bientôt,
une vingtaine d'enfants de chœur vinrent prendre place dans les stalles de
chaque côté du chœur. Après s'être assise, la jeune fille tenta de localiser
son amie Suzanne du regard. Elle aperçut alors, sur sa gauche, un peu à
l'arrière, Gérard Morin à qui elle adressa un léger sourire. Le jeune homme
sembla rougir.
     
    — Arrête de
tourner la tête comme une girouette et prie, lui ordonna sèchement sa mère en
lui pinçant légèrement le bras.
     
    Furieuse, la
jeune fille allait répliquer quand le curé Monette fit son entrée dans le
chœur, encadré de deux servants de messe. Les fidèles se levèrent
instantanément et la chorale entonna le chant d'entrée.
     
    Albert Monette
était un sexagénaire plein de dignité qui administrait sa paroisse avec l'aide
de trois vicaires depuis une douzaine d'années. On ne pouvait rien reprocher à
ce grand homme maigre à la chevelure argentée sinon sa voix de crécelle qui
chantait abominablement faux. Alexandra Deslauriers, la directrice de la
chorale, avait beau tenter de lui faire comprendre avec délicatesse qu'il
aurait intérêt à ne pas chercher à chanter plus fort que les membres de la
chorale, le curé faisait la sourde oreille et s'entêtait à chanter avec un bel
enthousiasme lors des offices.
     
    Dès qu'il entonna
le premier chant, Annette eut une grimace significative, et sa fille, assise à
ses côtés, ne put s'empêcher de l'imiter. Bernard se pencha alors vers son
frère pour lui chuchoter quelque chose à l'oreille, mais une taloche bien
appliquée de sa mère le ramena à plus de tenue. Après l'évangile, le pasteur de
la paroisse monta en chaire tant pour parler de l'importance de là Fête-Dieu que
pour inciter ses ouailles à participer nombreux à la procession qui allait
suivre le service divin. La température était élevée dans l'église et la
plupart des

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