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Don Juan

Don Juan

Titel: Don Juan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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d’assassinat ce Juan Tenorio qu’elle exécrait à l’égal du plus lâche, du plus vil des assassins…
    – Ainsi, dit lentement Charles-Quint, il n’y eut point assassinat ? Il y eut duel ?
    – Oui, Majesté ; ce fut mon père qui provoqua Juan.
    – Et ce fut le Commandeur qui demanda ce duel ? Ce fut lui qui provoqua Juan Tenorio ?
    – Oui, Majesté ; ce fut mon père qui provoqua Juan Tenorio.
    Charles-Quint demeura un instant silencieux. Puis, se levant, il se tourna vers le comte de Loraydan :
    – En ce cas, dit-il, ceci vous regarde seul, comte.
    Et Loraydan, sous le regard de François I er  :
    – C’est une affaire de famille, sire : ceci me regarde seul !
    – Vous chercherez ce Juan Tenorio. Vous le provoquerez. Vous le tuerez.
    – Je chercherai Juan Tenorio. Je le provoquerai. Je le tuerai.
     
    Ce fut la fin de cet entretien où Léonor d’Ulloa fut fiancée à Amauri de Loraydan. Charles-Quint dit encore quelques mots de consolation à la fille du Commandeur, lui rappela qu’elle avait désormais un défenseur en son futur époux, refusa de se laisser escorter par elle hors la maison, et les hôtes royaux s’éloignèrent.
    – Mon cher sire, disait Charles-Quint à François I er , je vous serais reconnaissant d’employer votre police à veiller à ce que cette jeune fille ne quitte point Paris avant que son mariage ne soit accompli : j’y tiens.
    – Sire, répondait François I er , vous pouvez vous fier à moi. Cette gracieuse dame ne sortira de Paris qu’escortée par son époux, le comte de Loraydan…
    Quelques instants plus tard, Léonor entendit le bruit sourd de la cavalcade dans le chemin de la Corderie. Alors seulement, elle se laissa tomber dans un fauteuil, et à bout de forces, s’évanouit.
    À ce moment, voici ce qui se passait dans la salle d’honneur où reposait le Commandeur don Sanche d’Ulloa sur son lit de funèbre parade :
    Lorsque l’empereur et le roi François avaient pénétré dans la salle, trois hommes qui s’y trouvaient s’étaient retirés sans bruit.
     
    Au moment où les hôtes royaux sortirent de la salle, ces trois hommes y rentrèrent, et reprirent la besogne à laquelle ils s’activaient de leur mieux, pétrissant la glaise, maniant fébrilement leurs outils, modelant une longue chose encore informe, mais qui déjà prenait l’aspect d’un homme couché ; l’un d’eux s’appliquait spécialement à la figure qui, bien qu’à peine esquissée, indiquait déjà une ressemblance avec la figure du mort…
    Ces trois hommes étaient des sculpteurs que Léonor d’Ulloa avait mandés et auxquels elle avait donné des indications précises…
    La chose à laquelle ils travaillaient avec tant de hâte méthodique, c’était la statue du Commandeur…

XXIX
 
LE CHAPITRE DE BEL-ARGENT
    Un chapitre pour ce truand, pour ce malandrin de grande route, un chapitre pour lui tout seul, c’est sans doute beaucoup d’honneur. Nous n’y pouvons rien. Dans l’histoire que nous contons, ce sacripant s’est taillé sa part ; en toute justice, nous devons lui laisser cette part intacte, et ne rien lui rogner au nom de la vertu : nous devons avouer que le métier de censeur nous a toujours paru le plus haïssable des métiers. Censure donc qui voudra le malandrin qui ose s’attribuer l’honneur d’un chapitre : nous ne voulons être que le conteur impartial.
    D’ailleurs, Bel-Argent, déjà, n’était plus tout à fait le sacripant de grand chemin : il avait pris l’habit d’un honnête valet ; et en dépit du proverbe, nous pensons que l’habit fait tout au moins les trois quarts du moine.
    Bel-Argent, donc, avait suivi Clother de Ponthus lorsque celui-ci était sorti de son logis de la rue Saint-Denis pour se rendre à l’hôtel d’Arronces. Bel-Argent avait assisté à la soudaine rencontre de Clother avec Amauri de Loraydan. Bel-Argent avait immédiatement reconnu l’homme qui l’avait payé aux abords du castel de Ponthus, ou tout au moins qui avait payé Jean Poterne, afin que ledit Jean Poterne, aidé de lui, Bel-Argent, expédiât le plus vite possible dans un monde meilleur ce bon M. de Ponthus. Bel-Argent avait craint d’être reconnu par le comte de Loraydan, bien que, de sacripant, il se fût fait honnête homme, car il se disait que ce changement d’état dont il se glorifiait n’avait peut-être pas amené un changement notable sur sa figure. Bel-Argent, disons-nous, au moment de la

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