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Don Juan

Don Juan

Titel: Don Juan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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remettre à M. de Loraydan les signatures nécessaires, sans que je paraisse avoir cédé à la peur !… Préparez, mon frère, préparez la liste de vos revendications. Placez-y en tête mon renoncement au duché de Milan. Faites-moi apporter le parchemin revêtu de votre sceau royal. Que l’époux de Léonor d’Ulloa vienne me remettre ce parchemin en ma ville de Liège… et vous verrez, sire, oui, mon cher frère, vous verrez ce que vaut l’impériale parole de Charles !…
    Ce dernier coup droit termina le duel : percé de part en part, François I er n’existait plus à l’état de combattant. Il serra son adversaire dans ses bras et s’écria :
    – Votre impériale parole, sire, vaut tous les parchemins, toutes les signatures !…
    Il y eut effusion… Il y eut échange d’éternelles amitiés, force congratulations suivies de l’éloge que chacun des deux monarques fit de son nouvel allié. François I er exultait. Charles-Quint souriait…
    – Ainsi donc, reprit le roi, à Liège ?…
    – À Liège ! dit l’empereur avec bonhomie.
    – Oui : dès que vous aurez châtié ces insolents bourgeois des Flandres… Ainsi donc, c’est Loraydan qui vous apportera la liste… vous dites la liste ?…
    – J’ai dit la liste, fit Charles-Quint toujours souriant. Que le comte de Loraydan me l’apporte dès le lendemain de son mariage avec Léonor d’Ulloa. – Et maintenant, mon cher sire, je veux vous demander une grâce, promettez-moi, à votre tour, de ne plus me toucher un mot de tout cela tant que j’aurai l’honneur d’être votre hôte.
    – Plus un mot, sire, je vous le promets ! s’écria François I er .
    – Que ceci demeure secret entre nous. Si vous le permettez, mon cher sire, j’irai dès demain matin m’installer en ce château de Chantilly que votre hospitalière sollicitude m’a désigné comme résidence pour le jour où je voudrais me reposer loin des fatigantes joies de votre cour.
    – Eh quoi ! Déjà quitter Paris !… Ah ! Sire, laissez-moi vous montrer Paris !… Vous ne connaissez que ces fêtes de cour que justement vous appelez fatigantes. Vous ne connaissez pas Paris… Je veux, le soir, escortés seulement de quelques bons compagnons…
    Charles-Quint pâlit.
    Il se vit, par un soir noir, au détour de quelque méchante ruelle, assailli par les bons compagnons dont son hôte lui faisait fête… il se vit tomber au pied de quelque borne, un poignard entre les deux épaules, – et il frissonna.
    – Mon frère, dit-il d’un ton bref, j’ai besoin de réfléchir à bien des choses : il me faut le repos, la solitude. Rien ne m’empêchera de gagner Chantilly dès demain… rien… sinon…
    Il allait dire : sinon quelque trahison, quelque guet-apens.
    – Sinon un désir formel de Votre Majesté, dit-il en souriant.
    Mais François I er , de son côté, venait de réfléchir !…
    En évoquant ces nocturnes randonnées qu’il proposait à son hôte comme étant l’une des joies les plus passionnantes de son cher Paris, il venait de tout à coup se souvenir du chemin de la Corderie… de l’hôtel d’Arronces… du logis Turquand !
    L’image de Bérengère se leva en lui…
    Libre, débarrassé de la nécessité de faire fête à son impérial visiteur, débarrassé surtout, maintenant qu’il avait la parole de Charles-Quint, de l’obsédant souci de la question du Milanais, il redevenait le François I er des légendaires équipées d’amour, plus jeune, plus hardi, plus ardent au plaisir que le plus hardi écolier de l’Université…
    – Sire, dit-il avec empressement, à Dieu ne plaise que je veuille entraver les nobles travaux de Votre Majesté. Le plaisir a ses alarmes, et le labeur a son charme. Sans vous, le Louvre va me sembler bien vide. Mais puisque la solitude vous appelle, je vais faire préparer votre départ pour le château de Chantilly où tout est prêt déjà pour l’honneur qui lui est réservé… Vous partirez demain puisque tel est votre désir…
    Ainsi fut décidé le départ de Charles-Quint pour Chantilly, d’où ensuite il devait s’élancer vers ce pays des Flandres qui, donnant son sang pour la liberté, devait se battre jusqu’à son dernier souffle en affirmant le droit qu’ont les hommes de refuser le joug des potentats…
    Tel fut cet étrange entretien de François I er et Charles-Quint, à la suite duquel le roi de France demeura convaincu qu’il venait enfin de reconquérir le

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