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Don Juan

Don Juan

Titel: Don Juan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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voilà une vraie pierre d’achoppement sur votre chemin ! Je rougis que, pour si peu, nous ayons à réprimer la sympathie qui nous porte l’un vers l’autre !…
    – À la bonne heure ! dit François I er tout heureux. Tranchons, mon frère, tranchons au plus vite !…
    Charles-Quint prit place dans un fauteuil et François I er , pour ne pas rester debout – signe d’infériorité – dut s’asseoir également. Or l’empereur disait que l’action impulsive est plus naturelle à un homme debout qu’à un homme assis ; que le simple fait de se lever, d’abandonner un bon siège, fut souvent un obstacle à un acte violent, – obstacle précaire, il est vrai, obstacle tout de même. Nous n’avons pas eu occasion de faire des observations sur le bien ou mal fondé de cette remarque ; nous nous en rapporterons donc à ce que disait l’empereur, car un empereur, comme l’affirmait ce bon Sanche d’Ulloa, ne saurait se tromper.
    – Sire, continua Charles-Quint, je suis tout disposé à entrer dans les vues de Votre Majesté. De vous à moi, vous pouvez tenir pour certaine ma bonne volonté de vous rendre le Milanais…
    – Ah ! s’écria François I er , ce serait la fin de nos discordes !
    – Oui, mais que dira-t-on de moi si je vous fais ouvertement cet abandon, tandis que je suis votre hôte ? Sire, on dira que j’ai eu peur. Sire, il ne faut pas que quelqu’un au monde puisse dire que l’empereur Charles a eu peur ! Sire, je vous demande d’avoir de ma réputation de bravoure le même souci que je vous montre de votre réputation de loyauté… Voici donc ce que je vous propose, se hâta d’ajouter Charles-Quint avant que François I er eût eu le temps de protester : remettons chacun nos pleins pouvoirs au comte de Loraydan… acceptez-vous ceci ?
    – J’accepte de grand cœur, fit le roi avec empressement.
    – Pleins pouvoirs qui ne seront valables que du jour où le comte de Loraydan sera devenu un peu Espagnol tout en restant encore un peu Français… c’est-à-dire du jour où il aura épousé la fille de mon brave Commandeur, Léonor d’Ulloa… acceptez-vous encore ceci ?
    – Certes, dit François I er , qui en lui-même se faisait fort d’obliger Loraydan à demeurer plus Français qu’Espagnol. Par Dieu ! sire, ajouta-t-il en riant, vous avez une singulière façon de disposer, chez ce brave Loraydan, de sa qualité de Français. Vous le faites à demi Espagnol…
    – Non pas ! dit gravement l’empereur. C’est son mariage qui le fait à demi Espagnol. En effet, j’ai promis au Commandeur de doter sa fille Léonor. Dans cette dot figureront, pour son époux, des prérogatives importantes qui créeront à cet époux des intérêts formels en Espagne. Il suit de là que l’époux de Léonor d’Ulloa, c’est-à-dire le comte de Loraydan, désigné comme tel par le Commandeur lui-même, aura autant de cœur à ménager mes propres intérêts qu’à soutenir les vôtres.
    – Je me rends, sire : c’est Loraydan qui sera chargé de mes pleins pouvoirs en même temps que des vôtres. C’est donc lui qui décidera. C’est lui qui tranchera la question qui nous divise. Nous n’avons donc plus qu’à hâter son mariage, afin qu’il se trouve dans cette situation… à demi française et à demi espagnole que Votre Majesté dépeignait avec tant d’esprit tout à l’heure…
    Charles-Quint se leva, saisit la main de son royal adversaire et, d’un accent chaleureux :
    – Mon cher frère, je vous promets de me soumettre à la décision du comte de Loraydan, c’est-à-dire à une condition dont, sous quelque prétexte que ce soit, je ne saurais me départir…
    – Voyons la condition ! dit François I er avec un soupir.
    – La voici : notre commun ambassadeur, muni de nos doubles pleins pouvoirs dès le jour de son mariage avec Léonor d’Ulloa, m’apportera sa décision dès que j’aurai mis le pied en mes États…
    – En vos États ? tressaillit François I er .
    – Sire, vous n’accepteriez pas vous-même que je sois obligé de signer mon renoncement au Milanais, tandis que je suis encore en France… votre hôte… un demi-prisonnier ! ajouta-t-il avec un pâle sourire. Dans mes États, au contraire, à Liège, par exemple, libre, maître de moi-même, sans apparente contrainte, mû seulement par mon désir de vous avoir à jamais pour ami et allié, poussé uniquement par l’obligation de tenir ma parole, je pourrai

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