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Don Juan

Don Juan

Titel: Don Juan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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ton sourire si elle le voyait, écoute les pulsations violentes de ton cœur qui n’a pas encore aimé, pas encore souffert, entre dans la terrible et radieuse aventure de ton premier amour, qui pour toi, cœur d’élite, sera ton unique amour… Oui, oui, va, cours t’enfermer dans ta chambre où, tout à coup, sans rime ni raison, tu éclates en sanglots…
    Dans sa chambre, où la nuit, depuis longtemps s’était faite, Clother de Ponthus, doucement, pleurait.
    Ah ! comme ses larmes lui paraissaient douces ! Quelle ivresse de sentir la larme tiède jaillir et rouler lentement sur sa joue qu’elle caressait comme d’un baiser !… Pleurer !… Pleurer parce que son cœur se gonflait et semblait vouloir éclater, pleurer alors qu’il n’avait aucun sujet de peine, pleurer uniquement parce qu’il pleurait, comme les plantes laissent échapper un trop plein de généreuse sève, quelle joie de pleurer dans la solitude de la nuit !
    Et voici quelle prière, peu à peu, se cristallisait dans la pensée de Clother :
    – Léonor… ô Léonor… pourquoi votre nom est-il si doux à mes lèvres, et pourquoi parmi tant de douceur, mes lèvres sont-elles brûlantes parce qu’elles ont murmuré ce nom ?… Léonor… ô Léonor, est-ce de prononcer votre nom que je pleure ? Eh quoi ! Ce sont des larmes, vraiment ? Et pourquoi ? oh ! dites, Léonor, pourquoi des larmes parce que mon cœur évoque votre image ?… Léonor… ô Léonor, il y a quelques jours je ne vous connaissais pas, et voici que vous occupez ma vie aussi loin que je regarde dans mon passé… Quoi ! Tout meurt, tout disparaît, tout s’efface et s’évanouit en moi : cet ardent désir que j’avais de voir le portrait de ma mère s’est aboli… et abolie aussi l’amère douleur de la mort de mon père… ô mon père, ô Ponthus héroïque et tendre, ô père créateur de mon âme, pardonnez à votre bien-aimé fils !… Léonor, ô Léonor, il n’y a plus rien dans moi, il n’y a plus que vous et je crois que toujours je vous ai connue, je crois que toujours vous avez été l’amie de mon cœur ravi, et il m’est impossible de retrouver les jours à jamais effacés où je ne vous connaissais pas, où vous n’étiez pas venue encore, les jours sombres où je vous attendais…
    Léonor, ô Léonor, c’est vous que j’attendais, c’est vous qui étiez cette espérance sommeillante en mon cœur, c’est vous qui étiez ce rêve par quoi mes heures étaient bercées, c’est vous qui étiez ce parfum qu’exhalaient les fleurs, et cette brise qui rafraîchissait mon front, et ce ciel d’un bleu de satin, vous étiez l’univers… Léonor, ô Léonor, recevez l’humble prière de celui qui pleure en murmurant votre nom béni, soyez-lui pitoyable, daignez lui permettre de vous offrir sa vie, et sa pensée, et son cœur, et son âme, et son être entier ; ne vous écartez pas, ne le repoussez pas hors du chemin embaumé que vous parcourez, ô Léonor. Qu’êtes-vous ? oh ! dites, qu’êtes-vous ? Êtes-vous ce lis immaculé dont la blancheur suave éclaire le jardin de mes rêves ?
    Êtes-vous cette aube infiniment pure en ses teintes de mauve et de rose, qui se lève sur l’horizon de ma vie ? Êtes-vous cet astre d’or qui, du haut des cieux pleins de mystère, laisse tomber sur mes nuits un regard de douceur ? Êtes-vous ce songe enchanté qui m’emporte vers des pays inconnus, vers une patrie de joie et de bonheur ? Léonor, ô Léonor, vous êtes tout cela, et vous êtes bien plus encore, et, dans le langage des hommes, il n’est pas de mots capables de dire ce que vous êtes. Ô Léonor, recevez ma prière et mes larmes en humble offrande de ma vie. Ô Léonor, soyez-moi gracieuse, vous qui êtes toute grâce ; soyez-moi pitoyable, vous qui êtes toute pitié…
    Ainsi, en des termes obscurs que nous avons – absurde et vaine tentative ! – essayé de traduire en paroles écrites, ainsi, en des pensées imprécises qui le faisaient trembler, s’élevait du cœur de Ponthus la sublime prière d’amour, le noble cantique où pas une fois le mot amour ne se formula, parce que son être entier n’était qu’un cri d’amour…

XX
 
L’AUBERGE DE LA DEVINIÈRE
    On frappa violemment à la porte. Clother sursauta, courut ouvrir. C’était Bel-Argent.
    – Monsieur, il est arrivé ! Il est dans la grande salle avec son impudent grand flandrin de valet, l’homme au faux nez !
    Clother n’eut

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