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Douze

Titel: Douze Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jasper Kent
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position inconfortable. Il se passa une heure avant que l’un de nous prenne la parole.
    — Je ne le pensais pas vraiment, dit-elle avec humeur. Ce serait déjà un rêve de t’avoir pour moi seule pendant un an ; alors, pour toujours…
    J’aurais dû répondre, mais je ne le fis pas. Cinq minutes plus tard, elle se leva et quitta la pièce.

    Domnikiia ne me rendit plus jamais visite à Iouriev-Polski. Tant qu’il avait été à l’hôpital, et par la suite, elle avait pris l’habitude de s’occuper de Dimitri. Elle faisait cela, je pense, en grande partie pour moi, dans la mesure où elle n’avait aucune raison de l’apprécier, et également à cause d’un certain sens du devoir d’infirmière. Même après notre dispute, elle continua à lui rendre visite et, ainsi, nos chemins se croisèrent encore occasionnellement ; elle était systématiquement polie, mais toujours d’une formalité dévastatrice. Plus aucun « Liocha » n’émana de ses lèvres.
    Je croisai aussi parfois Margarita. Comme Domnikiia, elle travaillait comme infirmière, bien que les rumeurs provenant de certains des soldats placés sous ses soins indiquent qu’elle continuait à exercer son ancien métier. Je la suppliai de parler à Domnikiia pour moi, ou de m’indiquer ce que je devais lui dire moi-même.
    — Vous ne pouvez même pas le deviner tout seul ? répliqua-t-elle avec une hostilité déplacée qui, je le sentais, lui venait de Domnikiia.
    — Si je savais quoi dire, je le lui aurais dit.
    — Mais vous ne l’avez pas fait.
    — Alors que dois-je lui dire ?
    — Que diriez-vous à votre épouse ? répondit Margarita d’un ton acide.
    — Je n’y peux rien si je suis marié, expliquai-je, mais, de façon évidente, je n’avais pas compris son argument.
    Avec un bref « Tsss », elle fit demi-tour et s’en fut.

    Le lendemain de ma dispute avec Domnikiia, il neigea pour la première fois. C’était tôt dans la saison — octobre venait tout juste de commencer — et la neige était très légère et n’essayait même pas de tenir. À de nombreuses verstes de là, à Moscou, la même neige devait avoir fait frissonner l’âme de Bonaparte. Il n’avait pas prévu de passer l’hiver en Russie.
    Un peu plus d’une semaine plus tard, on apprit que la Grande Armée avait enfin quitté Moscou et se dirigeait vers le sud-ouest.
    Bonaparte était resté cinq semaines – tout comme la vague reste quelques instants en haut de la plage – avant de comprendre qu’il avait remporté un trophée sans valeur. Désormais, son armée affamée devait fuir pour sa sécurité, une armée russe revigorée à sa poursuite.
    J’allai voir Dimitri. Malgré ses cicatrices, il pouvait presque parfaitement faire usage de ses mains et de ses bras. Sa barbe ne repoussait pas. Il ne la rasa pas vraiment et conserva une tonsure lisse et rousse de manière à ce que chacun puisse voir la longue cicatrice en ligne droite qu’avait laissée un sabre français et que les flammes n’étaient pas parvenues à effacer. Nous discutâmes des informations en provenance de Moscou.
    — Que comptes-tu faire ? demanda-t-il.
    — Revenir aussi vite que possible. La moitié de la ville va se mettre en route dans les prochains jours pour y retourner.
    — Ne vaudrait-il pas mieux nous joindre à l’armée régulière ? Moscou n’est plus le champ de bataille. Nous devrions poursuivre les Français.
    — Nous devons essayer de reprendre contact avec Vadim. Et informer les Opritchniki de ce qui se passe.
    La première moitié de ce que j’avais dit était honnête.
    Dimitri réfléchit un moment.
    — Nous ne pouvons pas être certains que lui ou eux soient encore à Moscou. J’ai l’intention d’aller vers le sud et de rejoindre le gros des troupes. Si Vadim y est, je te ferai passer le mot. Toi, va à Moscou.
    Je décidai de sonder le terrain. Il y avait eu un millier d’occasions dans les semaines qui s’étaient écoulées depuis notre départ de Moscou mais, comme avec Domnikiia, j’avais toujours repoussé le moment. J’avais maintenant ma dernière chance, du moins pour un temps, et je savais que, s’il y avait chez Dimitri la moindre trace du dégoût des Opritchniki qui m’habitait, il y avait une chance pour qu’il puisse redevenir un formidable allié.
    — Est-ce que tu leur fais confiance ? demandai-je.
    — Leur faire confiance ? (Il tenta de feindre de ne pas comprendre, mais nous nous connaissions trop bien pour qu’il

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