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Douze

Titel: Douze Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jasper Kent
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tienne longtemps.) C’est différent pour toi, Alexeï.
    — Différent ?
    — Ils t’ont trompé – nous t’avons trompé. Dès le début, nous t’avons caché ce qu’ils étaient. Ce n’était pas juste.
    En revanche, c’était sage , me dis-je.
    — Ce n’est pas une base pour établir la confiance, poursuivit-il, compte tenu, surtout, de la peur naturelle qu’ils t’inspirent, et qu’ils inspirent à tout le monde. Mais j’ai toujours su, depuis le début même.
    — Que s’est-il passé ? demandai-je. Au tout début ?
    — C’est une longue histoire, Alexeï, qui date d’il y a bien longtemps.
    — Que s’est-il passé ?
    J’avais d’abord posé la question négligemment, mais j’étais maintenant insistant. Ce qu’il avait à me dire pouvait s’avérer d’une aide inestimable dans la lutte contre les Opritchniki, et pourrait même m’aider à comprendre comment Dimitri pouvait être si tolérant vis-à-vis d’eux.
    Dimitri me regarda et comprit que je n’allais pas le laisser se dérober cette fois-ci. Il prit une profonde inspiration.

Chapitre 17
    — C’était en 1809, dit-il, lorsqu’il semblait que les Turcs étaient notre seul problème — et quel problème ! Tu devais être loin au sud-est, à l’époque, au-delà du Danube, mais à l’ouest, nous avions de vraies difficultés. Les Turcs étaient bien plus loin au nord, et j’essayais d’organiser les paysans valaques pour qu’ils assurent une partie des combats pour nous ; pour qu’ils sauvent leur propre pays.
    Dimitri marcha vers la fenêtre pour regarder dehors, la lumière froide du soleil faisant briller la peau brûlée de sa joue.
    — Mais c’était vain, poursuivit-il. Ils n’avaient pas plus d’intelligence que des serfs et ils étaient foutûment plus lents à comprendre les ordres. Enfin, je suppose qu’ils avaient appris au fil des années que repousser les Turcs nous facilitait simplement les choses pour que nous puissions nous établir — nous ou quiconque luttant contre les Turcs à ce moment-là. Quoi qu’il en soit, les choses avaient mal tourné et nous avions été repoussés jusque dans les Carpates. J’étais accompagné par une quinzaine de gens du coin — un seul d’entre eux parlant un minimum le français — et nous étions détachés d’un bataillon de plus de cent hommes.
    » C’était la fin de l’hiver — on ne pouvait pas encore parler de printemps — et, bien que les hivers n’aient rien de comparable, en termes de froideur, à ceux d’ici, nous étions haut dans la montagne et nous le sentions. La nuit tomba et nous pûmes voir les torches des Turcs au pied des montagnes, en dessous, grimpant pour nous rejoindre. Il devait y en avoir dix d’entre eux pour chacun de nous et, même s’il allait leur falloir deux ou trois bonnes heures pour nous atteindre, c’était inévitable. Et tu sais comment ils sont avec leurs prisonniers. (Il se tourna légèrement et eut un mouvement de la tête en direction de ma main et de mes doigts manquants. Je ne dis rien.) J’étais tout à fait d’accord pour continuer à monter. Au moins, avec cela, il y avait un espoir pour qu’ils abandonnent la poursuite, surtout avec le froid, mais les autres avaient perdu courage. Ils étaient simplement assis autour du feu, murmurant entre eux, et refusaient de bouger. Celui que je pouvais comprendre m’a dit qu’ils attendaient le « sauveur ». Je lui ai répondu que nous Le verrions tous bien assez tôt, mais il s’avère qu’ils parlaient d’un héros mythique local quelconque — même si cela aurait fort bien pu être le Christ, à en juger par la façon dont ils se signaient tous chaque fois que ce « sauveur » était mentionné.
    » C’était un seigneur de guerre local du Moyen Âge ; un type sans pitié, mais très adroit face à l’envahisseur turc. Un personnage réel, si l’on en croit leurs dires, ce qui était fort bien mais n’allait pas nous être d’une grande aide quatre cents ans plus tard. L’idée était, bien évidemment, qu’il allait « revenir » (un peu comme le Christ) lorsque le pays en aurait désespérément besoin. Rien de très original : tu retrouves le même scénario de base chez tous les paysans d’Europe. (Il marqua une brève pause et je pus voir ses épaules se raidir.) Mais il y avait une légère différence. Ce rédempteur avait vécu et était mort à moins de cinq verstes de l’endroit où nous avions établi notre campement. Son

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