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Douze

Titel: Douze Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jasper Kent
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beau milieu de l’ennemi. Dès qu’un cheval s’écroulait, son cavalier bondissait sur ses pieds et fondait sur les Turcs qui lui faisaient face.
    » Je ne pouvais pas voir ce qu’ils faisaient. Nous pouvions entendre des hommes hurler mais, chaque fois que l’un d’eux était attaqué, sa torche tombait ou était éteinte et leur sort nous était inconnu. Les hommes autour de moi se recroquevillaient de peur et j’ai décidé qu’il n’y avait pas grand-chose à gagner à être héroïque. Un peu comme cette fois où nous avons observé les Opritchniki au travail sur la route de Borodino, il y a quelques semaines, nous avons entendu les cris et les hurlements des Turcs se faire de plus en plus rares et désespérés. Je m’imagine que tu as ressenti la même chose que moi à l’époque, Alexeï, un mélange d’horreur et d’intimidation face à la brutalité et l’efficacité de ces tueurs.
    Je ne dis rien. Peut-être avait-il raison. Peut-être avais-je ressenti ces deux choses, mais toute émotion de ce type avait depuis longtemps cédé la place, en moi, à la plus pure forme de dégoût.
    — Grâce à la vitesse et à l’expérience des assaillants, les cris se sont bientôt évanouis. Les Valaques survivants et moi sommes restés pétrifiés de terreur, leur peur superstitieuse m’infectant et me laissant désemparé. Je l’ai rapidement surmontée et j’ai essayé d’obtenir des autres ce qu’ils savaient sur ce qui venait de se passer, en vain. Le francophone parmi eux était mort, son œil transpercé par une balle turque. Même si j’avais été en mesure de communiquer avec le reste d’entre eux, je doute que j’aurais pu comprendre leur terreur. Bien que, comme je commençais déjà à le sentir, les cavaliers que nous avions vus soient d’une certaine façon liés au sauveur dont ils avaient parlé, ces paysans semblaient saluer son arrivée avec davantage de peur que de joie.
    » Je me suis mis en marche, seul, en direction de l’endroit où s’étaient tenus les Turcs. Parmi les arbres devant moi, j’ai aperçu des ombres accroupies, fébriles, et entendu des sons qui se situaient à mi-chemin entre la langue des hommes et les grognements des animaux. Puis j’ai entendu un grand cri. J’étais sûr qu’il était en turc, mais il a rapidement été réduit au silence, pour être remplacé par les reniflements et ricanements que j’avais entendus auparavant. J’ai erré quelques minutes entre les arbres, trébuchant sur des dizaines de corps turcs ayant tous la même plaie sanglante au cou — bon nombre présentant aussi d’autres blessures –, mais je n’ai pourtant rencontré aucun des cavaliers face à face. Je me suis alors arrêté et j’ai écouté.
    » Les bruits que j’avais entendus s’étaient apaisés et je ne pouvais maintenant percevoir, tout autour de moi, que la respiration rauque et superficielle d’animaux se préparant à attaquer. Je me trouvais au beau milieu d’eux et j’étais maintenant encerclé. J’ai porté la main à mon épée, sachant malgré tout qu’elle me serait de peu d’utilité. Il y a eu un bruit de pas juste derrière moi. Je me suis retourné et me suis retrouvé nez à nez avec Zmiéïévitch.
    » Il a parlé, mais je n’ai pas compris sa langue. J’ai remarqué la puanteur de son haleine, pareille à un marécage. Il a de nouveau parlé dans une autre langue, mais, de nouveau, elle m’était inconnue. Ensuite il a parlé en anglais : « Good evening . » J’ai débité une phrase toute faite en anglais pour dire que j’étais russe. Il a marqué une pause, essayant de reformuler sa phrase, puis il a souri et dit dans un français courant : « Dans ce cas, vous parlez français. »
    » Je lui ai dit que c’était le cas et il m’a conduit à l’écart. C’est alors seulement que j’ai remarqué qu’il traînait derrière lui le corps inerte d’un Turc, comme un manteau qu’il aurait été trop paresseux pour jeter sur son épaule. Comme nous avons continué à marcher, il s’est retourné et s’est nonchalamment débarrassé du corps en le jetant derrière lui, au centre du cercle des créatures qui m’avaient entouré. Derrière nous, j’ai pu les entendre se rapprocher de ce que leur maître leur avait lancé.
    » Nous sommes revenus près de l’endroit où j’avais laissé les Valaques. Dans le laps de temps qui s’était écoulé depuis que je les avais quittés, ils avaient rassemblé un peu de

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