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Douze

Titel: Douze Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jasper Kent
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rênes pour le ralentir un peu et nous poursuivîmes à une allure moins dangereuse.
    Si je n’arrivais pas à Moscou à temps, mes chances étaient minces, et celles de Domnikiia, nulles. À l’idée des souffrances qu’elle endurerait en mourant, de la façon dont j’avais vu mourir ce paysan et son épouse, de la façon dont je savais maintenant que Max et Vadim et tant d’autres avaient dû mourir, une rage nauséeuse me submergeait. Si cela devait arriver, je ne trouverais jamais la paix tant que Iouda ne serait pas anéanti. Je le traquerais à travers la Russie, à travers l’Autriche, à travers l’intégralité de l’Empire ottoman s’il le fallait. Je franchirais chacune des maudites montagnes des Carpates si je le devais, mais je le trouverais et il mourrait. Je n’allais pas le faire souffrir trop violemment – cela me rabaisserait à son niveau –, mais il saurait que c’est moi qui prendrais sa vie et pourquoi je le ferais.
    Pendant mon voyage, je fantasmai de le découvrir dans le donjon de quelque mystérieux château des montagnes de Valaquie, peut-être dix ou vingt ans plus tard ; de soulever le lourd couvercle de pierre de son cercueil et d’élever ma lanterne pour observer le visage toujours jeune du monstre que je traquais depuis tant d’années ; de voir ses yeux s’ouvrir grand et étudier mon visage usé par le monde ; de voir l’expression que ses yeux afficheraient en me reconnaissant, lorsqu’il verrait en moi le visage de l’homme à qui il avait été confronté, des années auparavant ; de voir le souvenir de ce qu’il avait fait à Domnikiia lui revenir, à l’instant même où mon pieu plongerait dans son cœur et mettrait fin pour toujours à son existence putride ; de voir son corps terrestre s’évanouir en poussière sous le poids de la corruption qu’il avait portée au cours de sa longue et répugnante existence.
    Il y avait plus que de la complaisance dans mon désir de remplir mon esprit de ces pensées, il s’agissait de garder à distance d’autres réflexions. Il y avait une autre possibilité, que Piotr avait mentionnée : le revers de la médaille. Iouda allait tenter de persuader Domnikiia de se joindre à eux.
    C’était une idée risible, mais elle avait jeté une terreur glaciale dans mon cœur. Domnikiia était une femme, et une femme futile de surcroît. Elle avait déjà parlé de la joie que serait, pour elle, l’immortalité. Avec quelle facilité Iouda pourrait-il la persuader que sa vision idyllique de la vie de vampire était proche de la réalité ? Quels mensonges allait-il mettre en œuvre pour l’influencer ; des mensonges non seulement à propos de lui mais aussi de moi ?
    Mais cela ne pouvait pas arriver. Bien que romantique et fantasque, Domnikiia était une femme bonne et intelligente. Elle ne choisirait jamais une telle voie, quels que soient les mensonges pernicieux qu’on lui débiterait. Et pourtant, si elle acceptait, que pourrais-je alors faire ? Ma revanche envers Iouda resterait la même, mais qu’en serait-il de ma vengeance contre Domnikiia ? Car il s’agirait bien de vengeance, étant donné qu’elle serait au-delà de tout espoir de salut. Au moment où elle goûterait le sang de Iouda, son âme serait condamnée à l’enfer. J’ignorais si elle y serait envoyée immédiatement ou au moment de la destruction finale de son corps mortel. Je connaissais maintenant de nombreuses manières de tuer un vampire. Laquelle, me demandai-je, devrais-je utiliser sur ma chère et douce Domnikiia ?
    Je poussai ma monture au grand galop, chassant de mon esprit toutes ces pensées et me concentrant plutôt sur ma chevauchée en terrain glissant. Le geste causa une douleur aiguë dans mon bras où la fourche m’avait frappé. J’avais tout oublié de ma blessure, et maintenant je n’osais pas vérifier si elle était sérieuse, de peur que cela me retarde. Mon bras était encore assez fort pour me permettre de tenir les rênes ; c’était tout ce dont j’avais besoin pour le moment. Nous poursuivîmes au galop pendant plusieurs minutes, dans l’air froid de l’hiver, mon cœur battant de l’excitation de la chevauchée. Je ramenai mon esprit aux jours plus insouciants de ma jeunesse, lorsque je chevauchais librement à travers les champs et les collines aux alentours de Pétersbourg, des jours où le nom de Bonaparte avait rarement été prononcé à l’extérieur de la Corse et jamais en dehors de la France.

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