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Douze

Titel: Douze Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jasper Kent
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son aide. Je le tuerais en quelques secondes. Mieux encore, je le tuerais avant même qu’il sache que j’étais là. Le désir que j’avais pu avoir auparavant de permettre à ces créatures d’être conscientes de leur mort était maintenant perdu dans l’opportunisme pragmatique né de ma propre peur.
    L’idée que Iouda puisse d’une quelconque façon mettre sa vie en danger pour l’un de ses compagnons était la partie la plus risible du plan de Dimitri. De tous les Opritchniki, Iouda était le moins humain, le moins susceptible d’être influencé par un sentiment de camaraderie ou d’appartenance à un groupe. Mais Dimitri m’avait demandé mon aide et je devais donc la lui apporter. Je n’avais guère d’intérêt pour une petite prise comme Foma, mais si lui ou Dimitri avait la moindre idée de l’endroit où je pouvais trouver Iouda, cela me serait utile.
    Tôt le lendemain, je repris ma route vers l’ouest. Le sol était encore totalement gelé et le vent soufflait un blizzard qui couvrirait de neige tout objet ou personne restant immobile plus de quelques minutes. Yourtsevo n’était qu’à quelques verstes au nord de la ville d’Orcha. S’y rendre était relativement simple : il suffisait de descendre la vallée du Dniepr, et il y avait de nombreux endroits sur le chemin pour prendre un repas et trouver un cheval dispos.
    La route vers l’ouest était toujours bordée de cadavres de chevaux et d’hommes. Beaucoup de ces derniers avaient été dépouillés de leurs biens et même de leurs vêtements. Je n’étais pas assez chauvin pour croire que de telles profanations des morts français n’auraient pu être perpétrées par des paysans ou même des soldats russes, mais c’étaient leurs compatriotes français qui avaient la première occasion de piller les cadavres de leurs camarades tombés, et qui avaient eux aussi un besoin désespéré de vêtements supplémentaires.
    J’arrivai à Orcha deux jours plus tard et, après m’être reposé une nuit sur place, j’entamai le dernier tronçon de mon voyage, vers Yourtsevo. Ce n’était plus un itinéraire sur une route fréquentée, entre deux villes importantes et peuplées. Lorsque nous avions établi notre liste de lieux de rencontre, nous ne savions guère si nous nous retrouverions sous le règne bienveillant du Tsar Alexandre 1 er ou sous l’occupation de l’envahisseur Bonaparte. De surcroît, c’était sous un glorieux ciel d’été que nous avions établi nos plans. La route menant d’Orcha à Yourtsevo aurait alors été un trajet agréable à travers des bois verdoyants. Si nous avions anticipé ces circonstances, nous aurions décidé de nous retrouver auprès de la plus grande cheminée de la plus chaude taverne à Orcha. De fait, nous avions choisi un endroit où un homme pouvait mourir en novembre et être découvert en parfait état de préservation par le gel au mois de mars suivant. Mais, au moins, la route n’était plus celle qu’avaient suivie les Français et elle n’était par conséquent plus parsemée de carcasses de chevaux et d’hommes. Même ainsi, cette petite récompense fut rapidement oubliée face au froid mordant.
    Je commençai à douter que poursuivre ma route ait le moindre intérêt, lorsque la profondeur de la neige m’atteignit les genoux (et cela en tenant compte du fait que j’étais encore à cheval). J’avais tenté de mettre pied à terre et de conduire ma monture à travers les hautes congères de neige et, pendant un moment, nous progressâmes plus rapidement. Mais, par endroits, la neige était si profonde que je m’y serais enfoncé entièrement. Mes chances de parvenir au rendez-vous étaient maigres et, même si j’y arrivais, j’avais de graves doutes quant au fait que Dimitri y soit parvenu lui aussi. D’un autre côté, je pensais que j’étais maintenant plus proche de Yourtsevo que je ne l’étais d’Orcha, et par conséquent continuer était l’option la plus sensée.
    La neige devint de plus en plus profonde. Il y avait des moments où les congères étaient si hautes que nous devions lutter pour les traverser, comme un navire prisonnier des glaces de la Baltique. Le sommet de la neige était plus haut que la tête de mon cheval, et c’était seulement grâce à sa confiance en moi ou à la peur que je lui inspirais que j’étais en mesure de le persuader de continuer à suivre un chemin qu’il ne pouvait voir. À travers une demi-douzaine de couches

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