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Douze

Titel: Douze Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jasper Kent
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recouverts.
    — Merci, dis-je.
    — Si vous n’êtes pas revenu dans trois heures, je ne viendrai pas vous chercher parce que vous serez mort. Je vous enterrerai au printemps, si les loups laissent quoi que ce soit de vous.
    Je lui tendis la main mais il préféra ne pas sortir la sienne de ses poches profondes. Je suivis le chemin qu’il m’avait indiqué. Je me retournai pour lui faire un signe, mais il était déjà reparti et je ne vis que son dos voûté tandis qu’il marchait péniblement vers la chaleur de son foyer.
    Peu de temps après que je me fus mis en route, le vent souffla de nouveau, exactement à l’opposé de la direction dans laquelle j’allais, rendant chaque pas plus fatigant que le précédent et fouettant des flocons de neige piquants contre mon visage. Il semblait absurde que Dimitri soit jamais arrivé ici, encore moins qu’il y soit resté, et pourtant, étant si près, il serait ridicule pour moi de revenir en arrière. La même pensée avait fort bien pu traverser l’esprit de Dimitri. S’il était parvenu jusque-là, il aurait continué à avancer, on pouvait en être certain, quelle que soit la distance que représentait ce « jusque-là ». De surcroît, il y avait eu de la fumée, donc quelqu’un avait dû se rendre là-bas et c’était très probablement Dimitri, bien qu’il semble peu plausible qu’il y soit resté.
    Grâce à une accalmie fortuite du vent, je remarquai les ruines de la petite ferme et m’y arrêtai. La neige n’avait pas complètement recouvert les restes carbonisés, qui laissaient vaguement reconnaître les contours d’un bâtiment, mais, au cœur de la tempête, ils auraient été difficiles à repérer. Marchant entre les pièces de bois noirci, je vis de l’autre côté de la structure les restes d’un feu plus récent ; un feu de camp, cette fois. Les formes noueuses de rondins encroûtés de neige, qui avaient été déplacés pour servir de siège, entouraient partiellement une large zone de bois brûlé et de cendres. J’y posai la main et constatai que le feu était maintenant totalement froid. Cela faisait plus d’une journée qu’il avait brûlé. Toutefois, j’étais maintenant certain que Dimitri était venu ici. Personne ne jetterait davantage qu’un vague regard à cet endroit froid et désert, sans parler de s’y arrêter et d’y faire un feu, à moins d’avoir une bonne raison. J’étais moi aussi parvenu au rendez-vous, mais j’arrivais trop tard.
    Je fouillai les ruines de la ferme, recherchant un message de Dimitri rédigé dans le code qui nous avait si bien servi, espérant découvrir vers où il avait poursuivi sa route. Il ne me fallut pas longtemps pour le trouver. Une table noircie, à demi brûlée, avait été appuyée contre ce qui avait été autrefois un montant de porte. La neige des congères l’avait recouverte, mais, en l’essuyant, je trouvai le message de Dimitri gravé fermement à sa surface :
    21 – 9 – 11 – Д
    Trois jours auparavant. Incontestablement, on ne pouvait attendre aussi longtemps par ce froid accablant, mais il n’y avait pas d’autre message pour indiquer où il avait pu se rendre. Je balayai le reste de la neige sur le dessus de la table, puis je fis la même chose de l’autre côté, mais il n’y avait rien de plus. Je revins à l’endroit où Dimitri avait fait son feu et m’assis sur l’un des rondins. Ses nœuds durs et tordus s’enfonçaient en moi et sa froideur s’infiltrait dans ma chair.
    Que devais-je faire maintenant ? Il était évident que Dimitri était venu ici, mais où était-il allé ? Son plan consistant à capturer Foma avait-il réussi ? ou n’avait-il pas encore pu le mener à bien ? ou Foma avait-il d’une façon ou d’une autre changé la donne ? Pis encore, le plan de Dimitri était-il allé plus loin ? Avait-il utilisé avec succès Foma en guise d’appât, uniquement pour se trouver vaincu par Iouda ? Cela pouvait signifier que Iouda était encore quelque part dans les environs, attendant mon arrivée. Je remerciai le Seigneur d’être arrivé en plein jour.
    Je ne pouvais que partir de l’hypothèse que Dimitri était encore en vie, sinon tout ce que je ferais serait vain. Si j’avais été à sa place, j’aurais tenté de rejoindre l’armée régulière. De ce que j’avais entendu dire à Orcha, elle se dirigeait vers Borisov pour tenter d’empêcher Bonaparte de traverser la Berezina. Ce n’était qu’à deux ou trois jours

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