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Douze

Titel: Douze Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jasper Kent
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et juvénile avec laquelle il exprimait ses idées était frappante.
    — Je ne comparerais pas les serfs aux Nègres, dis-je, intervenant dans la conversation pour la première fois.
    Max ne faillit pas dans son cheminement intellectuel.
    — Certes, non ; nous n’avons pas eu à voyager aussi loin pour trouver les serfs.
    C’était une déclaration typique de Max, comme je le découvris plus tard : ambiguë, détachée et énoncée avec une lueur de malice dans les yeux. Cherchait-il à porter un coup aux Américains ou aux Russes ? Je me souviens l’avoir interrogé à ce sujet, ou quelque question similaire, des années plus tard. Il me répondit qu’il ne s’intéressait pas aux nations, seulement aux idées.
    — Les nations ne sont-elles pas fondées sur des idées ? lui avais-je demandé.
    — Certaines, avait-il acquiescé, mais pas beaucoup.
    À cette époque, je n’avais pu en trouver que deux exemples : la France et l’Amérique, et nous n’étions pas en guerre contre l’Amérique.
    Devant la maison close à Tverskaïa, avec Bonaparte presque aux portes de la ville, je me remémorai tout cela et plongeai dans les yeux de Vadim un regard vide.
    — Comment peut-il être un espion français ? demandai-je. Il s’est battu avec nous contre les Français à Austerlitz. Et il se bat contre eux maintenant.
    — Vraiment ? s’enquit Vadim. Ce n’est pas ce que j’ai entendu. D’après Dimitri, dès que nous sommes arrivés à Gzatsk, Max a livré trois d’entre eux directement aux Français. Ils ont été exécutés quelques heures à peine plus tard.
    — Trois d’entre qui ?
    — Trois des Opritchniki : Simon, Faddeï et l’un des deux Iakov – je n’arrive pas à me rappeler lequel.
    — Et comment Dimitri sait-il tout ceci ?
    — Parce que Andreï le lui a dit. Andreï était avec les trois autres lorsque Maxime les a trahis, mais il est parvenu à s’échapper. (Vadim pouvait voir, à mon sourcil levé, que j’étais sur le point de mettre en doute la parole d’Andreï, un homme que nous ne connaissions que depuis quelques jours, qui condamnait un vieil ami.) Et Dimitri a parlé à Max lui-même, contra Vadim avant que je puisse parler. Max l’a admis devant lui.
    Peu de temps auparavant, le dernier message de Max à mon intention avait indiqué de ne pas faire confiance à Dimitri. Maintenant, la consigne de Dimitri était de ne pas faire confiance à Max. Il s’était caché – ce n’était pas le comportement d’un innocent, quelles que soient les circonstances – et il avait demandé à ce que j’aille le voir seul. Était-ce pour sa protection, ou était-ce un piège qu’il me tendait ?
    — Quand est-ce que Dimitri a entendu parler de tout cela ? demandai-je à Vadim, mais aucune réponse n’était plus nécessaire car, à ce moment-là, Dimitri lui-même apparut de l’autre côté de la place.
    Il vint à nous.
    — Tu lui as dit ? demanda-t-il à Vadim.
    — L’essentiel, mais je pense que tu ferais bien de nous raconter de nouveau, à tous les deux.
    — Depuis combien de temps es-tu au courant ? m’enquis-je.
    J’étais préoccupé de ce que Dimitri avait pu nous cacher jusqu’à présent.
    — Je l’ai découvert tout de suite après vous avoir laissés à Goriatchkino. Andreï m’a trouvé et m’a raconté.
    — T’a raconté quoi exactement ?
    J’étais encore profondément soupçonneux.
    — Dès qu’ils se sont approchés de Gzatsk, Max et ses Opritchniki ont été séparés, c’est-à-dire – comme il s’est avéré – qu’il a pris la tangente. Ils ont cherché alentour et ils ont découvert qu’il avait été capturé par les Français. Naturellement, il n’avait pas été capturé. Il était rentré dans le camp français par la grande porte.
    J’étais sur le point de demander comment ils savaient cela, mais Vadim leva la main pour indiquer que je devais laisser Dimitri poursuivre.
    — Ils l’ont sauvé, ne comprenant toujours pas qu’il était un traître, et assez rapidement il les a de nouveau semés. Ils ont retrouvé Faddeï en chemin et ils ont ensuite poursuivi leur route pour nous rejoindre tous à Goriatchkino. Ils y sont parvenus la veille de notre arrivée, et voilà que Max était de nouveau là. Il leur a dit avoir trouvé un grand camp français non défendu, à quelques verstes des formations principales à Borodino. C’était une cible facile, a-t-il dit, et ils lui ont fait confiance.
    » Ainsi, tous les quatre –

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