Douze
qu’une seule image, mais elles sont vraiment identiques.
L’image que j’avais vue m’avait enchanté. Il s’agissait d’une simple impression d’un portrait, mais l’impératrice m’avait semblé véritablement belle – bien plus que Joséphine. Mais on disait que Bonaparte aimait Joséphine. C’était pour cette raison qu’ils étaient restés ensemble même sans enfant.
— Il vaut mieux qu’il mette dans son lit une prostituée autrichienne quelconque plutôt que de toucher la sœur du Tsar, dit Dimitri. Elle était trop jeune. Très sage de la part du Tsar Alexandre de demander à Napoléon d’attendre qu’elle ait dix-huit ans.
Dimitri tendit le bras. Je levai les yeux et remarquai qu’il avait fait une boule de neige qu’il s’apprêtait à lancer en direction de la fille, alors qu’elle revenait péniblement vers la porte de la maison close. Même si c’était insignifiant, cela me sembla si inutilement cruel que je poussai son bras tandis qu’il lançait la boule. C’était un excellent tireur et, même avec mon entrave, la boule de neige frappa le mur à quelques pouces seulement du visage de la jeune femme.
Elle lorgna dans notre direction et, comme mon bras était levé, elle supposa que j’avais été le lanceur. Le regard qu’elle me jeta exprimait une telle combinaison de colère et de fierté, d’interrogation sur les raisons pour lesquelles je me permettais de la traiter ainsi, que je me sentis quasiment obligé d’aller lui présenter des excuses, non seulement pour lui dire que je n’étais pas coupable, mais pour lui expliquer pourquoi je n’avais pas essayé davantage d’empêcher cela, et pour me faire pardonner de même connaître l’homme qui avait lancé la boule de neige. Dimitri gloussa pour lui-même.
— Vous savez ce qu’elle lui a dit pendant leur nuit de noces ?
— Qui ? demandai-je.
— Marie-Louise, à Bonaparte, répondit Dimitri, révélant une meilleure connaissance des mariages royaux français qu’il ne l’avait précédemment montré. Après qu’il l’a baisée pour la première fois, elle a tellement aimé cela qu’elle a dit « Encore ».
Je me joignis au rire rauque de Dimitri, même si j’avais déjà entendu cette histoire. Maxime ne rit pas. Je supposai alors qu’il n’avait simplement pas compris.
— Vous savez ce qu’elle dirait, elle ? poursuivit Dimitri entre deux rires, indiquant la jeune « dame » dont la ressemblance avec Marie-Louise avait déclenché toute cette conversation. Elle dirait « Encore – la deuxième fois, c’est moitié prix ».
Cette fois-ci, Dimitri et Max rirent tous les deux, mais sans moi. C’était une chose que d’insulter une impératrice française, mais c’en était une autre que d’insulter une prostituée russe.
En fait, il s’avéra qu’elle facturait à l’heure.
Chapitre 2
Deux heures plus tard, j’étais allongé sur son lit, l’observant de derrière tandis qu’elle était assise à sa coiffeuse, brossant ses longs cheveux sombres. Elle s’appelait Dominique.
— Alors, pourquoi m’avez-vous lancé cette boule de neige ?
— Ce n’était pas moi, répondis-je avec une assurance que je n’avais pas pu exprimer devant elle précédemment. C’était mon ami. J’ai tenté de l’arrêter. Je voulais vous présenter mes excuses.
— C’était une étrange manière de s’excuser. Vous avez eu l’air d’apprécier. Vous devez aimer vous confesser.
Je m’approchai d’elle et lui embrassai l’épaule.
— C’est bon pour l’âme.
Elle me repoussa avec une fermeté polie, professionnelle.
— Et pourquoi cela vous préoccupait-il que je sois frappée par une boule de neige ?
— Je n’aime pas l’hiver.
C’était une réponse simple, mais la vérité était bien plus profonde et remontait à la glace craquelée du lac Satschan et à l’hiver de 1805.
— Cela ne doit pas être très agréable de vivre à Moscou, si c’est le cas.
— Je n’habite pas ici ; je viens de Pétersbourg. Je suis juste stationné ici.
— Un soldat, hein ? Où est votre uniforme ? demanda-t-elle, sans prendre la peine de souligner que Pétersbourg est une ville bien plus froide que Moscou.
Je contrai sa question par une autre.
— Êtes-vous française ?
Elle rit.
— Est-ce que j’en ai l’air ?
— Dominique est un nom très français.
— En réalité, c’est Domnikiia. Quand j’ai débuté, tout ce qui était français était tellement à la mode !
Il
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