Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Du sang sur Rome

Du sang sur Rome

Titel: Du sang sur Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Saylor
Vom Netzwerk:
ressembles.
    Sans hâte il examina Cicéron d’un air moqueur, puis ce fut
mon tour, et à nouveau celui de Cicéron. Il mettait notre patience à rude
épreuve.
    — Tu te doutes de la raison de ma visite, dit-il enfin.
Un accusé a comparu aux Rostres, ce matin, pour une affaire banale. J’étais à
peine au courant puis on a attiré mon attention de façon assez grossière
pendant que je déjeunais. Un esclave de mon cher affranchi, Chrysogonus, est
arrivé en courant. Il était bouleversé et la peur semblait lui avoir fait
perdre la raison, car il parlait d’une catastrophe qui s’était produite au
Forum. Je dégustais à ce moment-là du blanc de faisan accompagné d’une sauce
bien relevée ; la nouvelle me donna une indigestion. Ce gruau de froment
que m’a apporté ta cuisinière n’est pas mauvais. Naturellement on aurait pu y
mettre du poison, mais tu ne t’attendais pas du tout à ce que je vienne. En
tout cas j’ai toujours préféré affronter le danger tête baissée, sans y penser.
Je ne me suis jamais appelé Sylla le Sage, mais Sylla le Favori des dieux, ce
qui, à mon sens, me convient mieux.
    Il trempa un instant son index dans le gruau puis, soudain,
balaya la table du revers de la main et envoya par terre le bol et le gruau.
Après s’être sucé le doigt, il continua d’une voix calme et mélodieuse :
    — Quel mal vous semblez vous être donné tous les deux,
pour fouiller, fouiner, fureter à la recherche de la vérité sur ces misérables
Roscius et leurs crimes minables ! On m’a dit que tu avais passé des
heures, jour après jour, Gordien, à essayer d’exhumer des faits, que tu avais
fait tout le trajet jusqu’à Ameria, ce trou perdu, que tu avais risqué ta vie
bien des fois, tout cela pour arracher des lambeaux de vérité. Et malgré tout,
tu n’es pas parvenu à savoir toute l’histoire. Moi, je n’avais jamais entendu
le nom de Roscius avant aujourd’hui, et il ne m’a fallu que quelques heures, ou
plutôt quelques minutes pour découvrir l’essentiel. Je me suis contenté de
convoquer certaines personnes et j’ai exigé qu’elles me racontent tout ce qu’elles
savaient.
    « Dis-moi, Marcus Tullius Cicéron, quelle était ton
intention quand tu t’es chargé de plaider la cause de ce misérable aujourd’hui ?
Servais-tu mes ennemis de ton plein gré, ou étais-tu leur dupe ? Es-tu un
homme avisé ou un fieffé imbécile ?
    — On m’a demandé de défendre l’innocente victime d’une
accusation odieuse. La loi n’est-elle pas l’ultime recours des innocents ?
rétorqua Cicéron d’une voix sèche comme un parchemin.
    — Un innocent ? C’est cela qu’ils t’ont dit, mes
chers vieux amis, les Metellus ? Ils appartiennent à une très ancienne et
très célèbre famille. Je m’attends à ce qu’ils me poignardent dans le dos
depuis que j’ai divorcé de la fille de Delmaticus. Que pouvais-je faire d’autre ?
Les augures et les pontifes ont insisté. Elle était mourante, je ne pouvais la
laisser polluer ma maison avec sa maladie. Et voilà comment mon ex-belle
famille prend sa revanche. Ils se servent d’un avocat qui n’a pas de parents et
dont le nom est ridicule pour me causer des désagréments au tribunal. Que t’ont-ils
proposé, Cicéron ? De l’argent ? La promesse de leur protection ?
Leur appui politique ?
    Cicéron avait le visage fermé puis, à ma grande surprise, un
sourire se dessina sur ses lèvres.
    — Lequel est entré en contact avec toi, Cicéron ?
Marcus Metellus, cet imbécile qui a osé se montrer en s’asseyant sur ton banc
aujourd’hui ? Ou sa cousine Cæcilia Metella, cette vieille folle
insomniaque ? Ou un de leurs agents ?
    Cicéron ne répondait toujours pas. Tiron fronçait les
sourcils et s’impatientait.
    — Peu importe, poursuivit Sylla. Les Metellus t’ont
pris à leur service pour me combattre. Alors ils t’ont affirmé que Sextus
Roscius était innocent ? Et tu les as crus ?
    Tiron ne pouvait plus tenir.
    — Bien sûr ! laissa-t-il échapper. Parce qu’il est
innocent. C’est pourquoi mon maître l’a défendu et non pas pour faire les quatre
volontés des nobles.
    Cicéron le fît taire en lui touchant doucement le poignet.
Sylla regarda Tiron et le toisa comme s’il le remarquait pour la première fois.
    — Ton esclave, Cicéron, n’est pas assez bel homme pour
pouvoir s’en tirer comme ça, après une telle insolence. Si tu étais un vrai
Romain, tu le ferais

Weitere Kostenlose Bücher