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Eclose entre les lys

Eclose entre les lys

Titel: Eclose entre les lys Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Chantal Touzet
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Montjoie Isabelle et
les Marmousets qui restaient occultes. Chacun devait s’y rendre à part pour ne
pas éveiller l’attention.
    La nuit tombante, Louis se présenta donc seul avec
Capucine à l’huis de La Pomme qui croque. Une ombre trapue se
matérialisa brusquement derrière lui.
    — Qui va ? demanda Louis, peu rassuré.
    — Nevers ! répondit le fils du duc
de Bourgogne en tirant de sa ceinture une miséricorde.
    — Orléans ! renchérit précipitamment le
jeune duc, pensant que son cousin ne l’avait pas reconnu.
    — C’est celui-là même que je cherche, gronda
l’irascible Jean de Nevers en l’entraînant sans ménagement dans l’ombre d’une
encoignure.
    Immédiatement, Capucine se mit à piailler, rameutant
les affidés qui n’étaient jamais bien loin. Il y en eut plus qu’il ne fallait
qui sortirent de l’ombre, et certains jeunes seigneurs furent reconnus comme de
la maison de Nevers. Montjoie Isabelle et gens de Bourgogne se faisaient face. Une
rixe était inévitable.
    Dans l’encoignure, Jean tenait serré le duc d’Orléans.
De damoiseau, Louis s’était fait homme, mais Nevers le taurillon s’était fait
taureau, plus vindicatif que jamais. De la pointe de son poignard, le fils du duc
de Bourgogne écarta la cape d’escolier qui masquait le pourpoint princier
de son cousin.
    — N’êtes-vous point trop à l’étroit dans
cette camisole, messire le comploteur ? lui susurra-t-il. Attendez, je
vais vous aider à respirer.
    Il est vrai que l’attaque avait été si soudaine, le
couteau si menaçant, que Louis d’Orléans en avait perdu le souffle. Tout en lui
parlant, Nevers faisait sauter une par une les agrafes qui ajustaient à
outrance le pourpoint de Louis.
    — Sache que vous n’inquiétez guère
monseigneur mon père. Vous êtes trop sots puceaux. Complote, beau cousin, complote,
nous n’en avons cure.
    Nevers, qui en avait fini avec les agrafes du
pourpoint, s’attaqua aux rubans de sa brayette.
    — Il ne faut point ainsi entraver votre
vigueur, beau sire, laissez-moi constater s’il vous en reste.
    Le triangle d’étoffe se rabattit, laissant à
découvert la verge enfouie dans une toison châtaine. Louis, tétanisé, sentit la
froideur du poignard qui dégageait doucement son pénis et le relevait sur le
plat de sa lame.
    — Arrive-t-il à ce petit oiseau en cage de
chanter ? ricana l’héritier de Bourgogne.
    L’offense prévalut sur la peur.
    — Cesse, cousin ! Ceci est trahison, hurla
Orléans.
    Dans la rue, on ferraillait. Une voix lui cria :
    — Tenez bon, monseigneur, nous arrivons !
    — Trahison ! hurla Louis de plus belle.
    D’une secousse hargneuse, Jean le plaqua davantage
contre le mur, et lui pressa le flanc de sa miséricorde sur la joue.
    — Que me parles-tu de trahison, beau cousin ?
Souviens-toi de ma lance brisée sous les remparts d’Amiens la veille du mariage
du roi, de ta traîtrise et de mon épaule démise, gronda Nevers qui n’oubliait
jamais l’injure.
    Mais pour le jeune Bourgogne, qui était laid et
sombre, la beauté et la brillance du duc d’Orléans étaient les fautes les plus
impardonnables.
    — Le guet ! hurla quelqu’un, dominant le
tumulte de la bagarre.
    Jean se détacha aussitôt de son cousin, et lança d’une
voix puissante la devise de Philippe le Hardi :
    — À moi, « Il me tarde » !
    Aussitôt, les gens de Nevers se volatilisèrent
dans l’obscurité des ruelles adjacentes, tandis que les conjurés s’engouffraient
dans la taverne dont l’huis venait de s’ouvrir opportunément ; le frère du
roi s’y réfugia à son tour, dépenaillé et mortifié.
     
    Après la rixe de la rue Perdue, les Marmousets
tinrent conseil en toute hâte. Il fallut, tout d’abord, calmer les ardeurs
belliqueuses du jeune prince de France qui entendait porter inconsidérément l’outrage
devant le roi, et demander réparation, ce qui était évidemment impensable. Louis
dut se rendre à leurs raisons et ravaler son humiliation. Alors ils purent
débattre de cette affaire dont les conséquences pouvaient être fatales.
    Philippe le Hardi savait donc pertinemment qu’une
conjuration cherchait à l’écarter du pouvoir. Pourtant, il apparaissait qu’il
ne s’en était pas encore plaint à son royal neveu, et semblait ne pas avoir l’intention
de le faire. Les propos tenus par Jean de Nevers à Louis d’Orléans étaient
clairs : Bourgogne disait n’avoir cure de ces

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