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Emile Zola

Emile Zola

Titel: Emile Zola Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edmond Lepelletier
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jardin.
    Étrangement, ce Jésus-Christ et ses sonorités fournissent à Zola le thème lyrique, le leitmotiv où sa virtuosité se manifeste, qu'il a placé dans chacun de ses romans : ainsi se développent la marche des fromages du Ventre de Paris, le festin impérial de la Curée, les orages sur Paris de la Page d'Amour, la culbute réitérée des herscheuses dans les galeries et par les fossés de Germinal ; la Terre a la symphonie des crépitements.
    Rarement Zola a montré un lyrisme plus excessif. Cette constatation, souvent répétée dans ces pages, de son exubérante imagination, de sa méridionale, on pourrait dire marseillaise exagération, se trouve ici démontrée, sans atténuation.
    Zola ne s'est pas contenté de pourvoir son tempétueux Jésus-Christ des outres d'Éole, il l'a aussi armé de la foudre de Jupiter tonnant. Quand le maigre huissier Vineux se présente à lui, porteur de pièces, prêt à signifier un acte du greffe, Jésus-Christ résiste et s'arme.
    Comme autrefois les seigneurs insoumis, accueillant du haut de leurs tours à créneaux par une détonation, plus bruyante que meurtrière, des lourdes bombardes cerclées de cuivre, débuts de l'artillerie, la sommation au nom du roi, le rebelle se dresse, épique, arrogant, intrépide. Les hostilités commencent. Jésus-Christ lève, à sa façon, l'étendard de la révolte. Il se contente de lever la cuisse. Ici je cite :
       Pan ! il en fit claquer un d'une telle sonorité que, terrifié par la détonation, Vineux s'étala de nouveau. (L'huissier avait déjà été foudroyé par un premier bombardement.) Cette fois son chapeau noir avait roulé parmi les cailloux. Il le suivit, le ramassa, courut plus fort. Derrière lui les coups de feu continuaient. Pan ! Pan ! sans un arrêt ; une vraie fusillade au milieu de grands rires qui achevaient de le rendre imbécile. Lancé sur la pente ainsi qu'un insecte sauteur, il était à cent pas déjà que les échos du vallon répétaient encore la canonnade de Jésus-Christ. Toute la campagne en était pleine, et il y en eut un dernier formidable, lorsque l'huissier, rapetissé à la taille d'une fourmi, là-bas, disparut dans Rogues...
    Ce passage, avec l'elliptique incorrection du Un absolu, est caractéristique. Quelle lentille que cet oeil de Zola, quel tympan multiplicateur aussi ! Comme sa prunelle de myope grossissait les objets !
    Quelle puissance d'acoustique avait son oreille ! Cette canonnade de son Jésus-Christ fait songer à Valmy ; c'est excessif. L'auteur a certainement vu trop énorme, et entendu trop fort.
    J'ai signalé cette outrance dans un article de l'Écho de Paris au moment de l'apparition du livre, en 1887. On me pardonnera de me citer moi-même, car cet article me valut une intéressante lettre de Zola, qu'on trouvera ci-après, et suscita de nombreux commentaires dans la presse :
       L'auteur, disais-je en examinant le cas de son Jésus-Christ, a traité l'infirmité de son rustre, comme Camoëns décrivant l'ouragan des Luciades, comme Virgile sa tempête de l'Énéide. Le naturalisme est ici fort loin de la nature. Il est arrivé à plus d'un, sans doute, par mégarde, faiblesse ou sans-gêne, de laisser échapper une détonation, comme ce Jésus-Christ, mais qui donc, eût-il tous les huissiers de France et de Navarre à ses trousses, eût pensé, à l'aide de cette artillerie que chacun porte en soi, mettre en fuite le plus poltron de ces corbeaux, ou même effrayer les moineaux pépiant dans les  brandes !
    J'ajoutai cette critique, à laquelle Zola voulut répondre plus spécialement :
       La Terre est pleine de ces morceaux hyperboliques.
       Ce sont, il est vrai, des tableaux d'une large poésie : les semailles, la pousse du blé, l'envahissement de la Beauce par la marée verte, la grêle, la moisson. Zola évoque Hésiode. Il chante les Travaux et les Jours de notre temps. Je ne le chicanerai point sur des détails inexacts. Qu'importe qu'il ait fait pousser la vigne en Beauce, et donné à ses villages et à ses villageois du plat pays central, des noms méridionaux ou montagnards comme Rogues, Fouan, Hourdequin.
    Le défaut de ce roman, c'est d'être un poème géorgique trop touffu, trop chargé d'ornements. Il y a aussi abus du «culbutage». Le paysan, rompu par les travaux de la journée, ne songe guère le soir à des exercices amoureux. Il mange la soupe, se couche et ronfle aussitôt. Le dimanche soir, ou les lendemains de

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