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Emile Zola

Emile Zola

Titel: Emile Zola Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edmond Lepelletier
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il ne parcourait guère, à part quelques ouvrages nouveaux d'amis, ou de contemporains notoires et rivaux, que les livres où il pensait trouver des documents pour ses romans en préparation. Elles devinrent alors autres.
    Il voulut connaître la doctrine socialiste et les théoriciens de la rénovation humaine, les apôtres de l'Évangile nouveau. Cette notion lui manquait. Ainsi, dans l'Assommoir et dans Germinal, il n'est fait aucune allusion aux théories humanitaires et phalanstériennes qu'il devait, par la suite, avec son lyrisme et son éloquence colorée, développer si copieusement et exalter superbement dans Fécondité, dans Vérité et surtout dans Travail. Il lut Auguste Comte, du moins en partie, il parcourut Proudhon,-lui et son entourage ignoraient le grand génie socialiste du XIXe siècle, et, de plus, le jugeaient faussement, d'après les racontars et les calembredaines des petits journaux, ainsi qu'il m'apparut par la stupéfaction à moi témoignée par son fidèle Alexis, lisant, durant un séjour que nous fîmes à Nice, en 1895, un travail sur Proudhon que je venais de publier dans la Nouvelle Revue. On ne connaissait alors, à Médan, le puissant maître de la Justice dans la Révolution et dans l'Église que sous la forme légendaire et caricaturale dont il était représenté dans les milieux ignorants et rétrogrades.
    Charles Fourier surtout, l'auteur de la théorie des Quatre Mouvements et le profond et consolant poète du Travail attrayant, acquit une grande influence sur lui. Comme il était à prévoir, à son insu, par l'élaboration fatale de son cerveau, ainsi qu'en un vase clos dans lequel on met des éléments qui doivent forcément se combiner et précipiter un produit inévitable, ces lectures, ces notions longtemps insoupçonnées, tout à coup apprises, cette documentation socialiste acquise, étant donnés son récent état d'esprit et sa nouvelle vision de la vie, aboutirent à des œuvres d'une conception et d'une portée différentes, à ces Quatre Évangiles, qui sont en germe et comme sommairement argumentés dans ces lignes finales de Paris :
       ...Après la lente initiation qui l'avait transformé lui-même, voilà que ces vérités communes lui apparaissaient, aveuglantes, irréfutables. Dans les évangiles de ces messies sociaux, parmi le chaos des affirmations contraires, il était des paroles semblables qui toujours revenaient, la défense du pauvre, l'idée d'un nouveau et juste partage des biens de la terre, selon le travail et le mérite, la recherche surtout d'une loi du travail qui permît équitablement ce nouveau partage entre les hommes.
    Et, dans la bouche de son abbé Froment, apostat de la religion ancienne, croyant et missionnaire de la foi nouvelle, il mit cette déclaration et ce programme, qui affirmaient le changement d'orientation de sa vie, de sa pensée, de son oeuvre, et qui étaient comme la préface d'une série de livres inédits, comme la seconde jeunesse d'une existence recommencée.
    Il apostrophe le Sacré-coeur, ce Panthéon du passé, ce temple de la superstition mourante, basilique de l'ancienne société à l'agonie, et salue l'édifice de l'avenir, le Palais du Travail, reposant sur ces deux colonnes augustes : la Vérité, c'est-à-dire la Science, et la Justice, c'est-à-dire le Bonheur humain.
       ... La science  achèvera de balayer  leur  souveraineté ancienne, leur basilique croulera au vent de la vérité, sans qu'il soit même besoin de la pousser du doigt. L'expérience est finie.
       L'évangile de Jésus est un code social caduc dont la sagesse humaine ne peut retenir que quelques maximes morales. Le vieux catholicisme tombe en poudre de toutes parts ; la Rome catholique n'est plus qu'un champ de décombres, les peuples se détournent, veulent une religion qui ne soit pas une religion de la mort.
    Autrefois, l'esclave accablé, brûlant d'une espérance nouvelle, s'échappait de sa geôle, rêvait d'un ciel où sa misère serait payée d'une éternelle jouissance. Maintenant que la science a détruit ce ciel menteur, cette duperie du lendemain de la mort, l'esclave, l'ouvrier, las de mourir pour être heureux, exige la justice, le bonheur sur la terre...
    Ces éloquentes affirmations font de Zola un véritable théoricien du socialisme, un docteur de la foi démocratique. Le romancier a fait place au philosophe. Il marche, d'ailleurs, à l'avant-garde des généreux esprits de son temps. Dans la page de

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