Emile Zola
prose, Madeleine, un drame en trois actes, présenté et refusé à l'Odéon, au Gymnase, au Vaudeville, et qui jamais ne sut tenter un directeur.
Peut-être exhumera-t-on, un jour, ces enfants morts-nés ? Le squelette des manuscrits doit se retrouver ; étant donnés le soin et l'ordre de Zola, ils gisent certainement encore dans le tombeau des tiroirs. Zola écrivit aussi, à l'époque de Rodolpho, quand il était romantique ardent et pratiquant, le scénario d'un drame moyenâgeux, l'Archer Rollon, qui ne fut jamais écrit.
La première oeuvre théâtrale de Zola jouée fut un drame, tiré de son roman : les Mystères de Marseille. Cinq actes, en collaboration avec son camarade Marius Roux. La première représentation eut lieu au théâtre du Gymnase, à Marseille, direction Bellevent, le 6 octobre 1867. Zola y assistait. Il écrivit à son collaborateur, resté à Paris, le lendemain de la première :
C'est un succès contesté, qui peut se tourner en chute complète, ce soir. Comme je te l'ai dit dans ma dépêche, le commencement de la pièce a bien marché. Les tableaux : les Aygalades et le Crime n'ont pas donné ce que nous attendions, et, dès lors, la pièce a langui.
Elle s'est un peu relevée vers la fin...
Les sifflets furent plus nombreux que les applaudissements. La pièce ne fut jouée que quatre fois. Zola, peu encouragé par ce début, pendant plusieurs années, ne chercha pas à tenter la fortune scénique.
Le 11 juillet 1873, il donna, au théâtre de la Renaissance, dirigé par Hostein, Thérèse Raquin, pièce tirée du roman. Le livre avait eu un succès relatif, le drame fut un four complet. Neuf représentations, le directeur en faillite, et le théâtre, après avoir fermé ses portes, changeant de genre et faisant sa réouverture avec l'opérette, tel fut le bilan désastreux de cette opération. Mme Marie Laurent jouait pourtant magistralement la paralytique, et la pièce était suffisamment bien montée.
Je me souviens vaguement de l'impression de la première, à laquelle j'assistais : elle fut plutôt pénible, bien qu'il y eût deux ou trois scènes très fortes, d'un grand effet.
L'année suivante, Zola fit jouer au théâtre Cluny une comédie, peu gaie, car la maladie et la mort y tenaient trop de place, intitulée les Héritiers Rabourdin, trois actes. Rien que le choix de ce théâtre de quartier indique le peu de crédit de Zola sur la place dramatique. Il avait présenté sa pièce au Gymnase et au Palais-Royal. Refusée, la comédie fut prise par M. Camille Weinschenk, qui la monta de son mieux. Les Héritiers Rabourdin n'atteignirent pas la vingtième représentation.
Bouton de Rose et les Héritiers Rabourdin sont les deux œuvres théâtrales de Zola, originales et sans collaborateur. Il n'écrivit plus rien pour le théâtre depuis. Mais plusieurs de ses romans furent mis à la scène, et non sans succès. Ses collaborateurs-adaptateurs, MM. William Busnach et Benjamin Gastineau, s'acquittèrent habilement et fructueusement de leur tâche. Ces drames réussirent tous, bien qu'avec des fortunes diverses. L'Assommoir, dont Zola avait écrit et revu le scénario, plusieurs fois repris, à l'Ambigu et au Châtelet, fut le plus durable succès : le rôle de Coupeau fut joué successivement par Marais, Gil-Naza, Auvray-Guitry, et toujours l'effet en fut considérable. À l'étranger, cette pièce réussit extraordinairement. En Angleterre, soutenue par les sociétés de tempérance et d'autres confréries de «teetotalers», elle est considérée comme ayant une portée moralisatrice. Nana, où Massin apparaissait hideuse, avec le visage boursouflé par la petite vérole ; Pot-Bouille, le Ventre de Paris, furent également joués avec un nombre de représentations auquel Zola, sans collaborateur, n'était pas habitué.
Germinal, d'abord interdit, fut transporté sur une scène de quartier, aux Bouffes du Nord. Zola eut une collaboration musicale importante : le compositeur Alfred Bruneau donna à l'Opéra, Messidor, en 1897 ; à l'Opéra-Comique, le Rêve et l'Attaque du Moulin, d'après la nouvelle des Soirées de Médan qui fut reprise, avec la grande artiste Delna, à la Gaîté, en 1907.
De son roman la Curée, il tira, pour Sarah-Bernhardt, une pièce portant le titre de l'héroïne, Renée, qui ne fut pas jouée.
Zola n'avait pas tout à fait abdiqué ses prétentions d'auteur dramatique, malgré ses insuccès du début. Il raisonnait,
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