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En ce sang versé

En ce sang versé

Titel: En ce sang versé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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vie pour dormir dedans. Assez ! Elle se trouvait en grave péril.
    — L’encombre est mien, madame, je vous l’assure. À ma décharge, le temps n’est guère notre allié. Aussi, pardonnez-moi, je vous en conjure, la brusquerie de mes propos. Je dois procéder au plus preste afin de vous sauver de cette ignominie. Je vous sais innocente.
    Les larmes dévalèrent des magnifiques yeux bleu marine étirés en amande. Elle leva le visage vers le plafond et murmura d’une voix hachée :
    — Ah, Divin Agneau. Sainte Mère… mes prières sont exaucées grâce à Votre entremise auprès du Père ! Enfin, un être de foi et de valeur a vu clair.
    D’un geste malhabile et enfantin, qui bouleversa le cœur d’Hardouin, elle s’essuya les paupières et la base du nez.
    — Monsieur, c’est Dieu qui vous envoie. Je suis innocente, m’entendez. Jamais je n’ai porté préjudice à quiconque ! Je le jure sur mon âme et sur mon fils, encore plus précieux. Ils vont faire du mal à Guillaume. Ils vont lui faire du mal ! Je dois sortir afin de le protéger. En vérité, que m’importe ma propre vie. Soudain féroce, elle cria : Mais nul n’approchera mon fils tant que je pourrai veiller sur lui. Ils ont déjà essayé… Il a failli trépasser. Ah, quelle terreur… je n’en dors plus.
    — Qui ?
    Se calmant aussi vite qu’elle s’était emportée, elle lui tendit la main, invitant :
    — De grâce, assoyons-nous, messire. Il me faut vous conter mon alarme. Je sens en vous la force que j’espère depuis mon incarcération céans, en dépit de l’affabilité constante du seigneur bailli. Sachez… sachez avant tout que si la peur, la folle inquiétude me pousse à formuler d’horribles soupçons, je n’ai aucune preuve et pas même de certitude de ce que j’avance. Je me méfie de moi-même. Je ne souhaite en aucun cas blesser, ou ternir la réputation de ma famille d’alliance. Il ne s’agit que de déductions de ma part, dictées par un esprit fiévreux et affolé, soumis à une solitude peu propice à la modération.
    — À votre honneur, madame, que ces mises en garde contre vous-même.
    — Je n’ai jamais, m’entendez-vous, jamais, attenté d’aucune manière à la vie de qui que ce fût. Moi ? Enherber mon fils ? Faut-il être privé de sens ou bien méchant pour oser évoquer une telle abomination ! J’ai cru, comme tous, à une étrange et terrible fièvre de ventre dont les soins experts du mire Méchaud et mes prières l’avaient sauvé. Quelle n’a pas été ma stupéfaction lorsque des gens d’armes sont arrivés, m’arrêtant par ordre du seigneur de Trais. J’ai alors appris, atterrée, que ma mère et ma sœur d’alliance m’accusaient de deux enherbements, en plus d’une tentative sur mon fils. Ami, votre temps est compté et je vais m’efforcer à la concision, en dépit de mon épouvantable état de nerfs. Admettons par simple raisonnement, que la perversité de mon âme m’ait encouragée à commettre l’innommable sur mon beau-père et mon époux. Mais pourquoi diantre aurais-je tenté d’occire mon amour d’enfant, qui me garantit le confort ?
    — Selon les dames de Vigonrin, afin de détourner les soupçons. Un faux enherbement dont le but n’était pas le trépas de votre fils.
    — Faut-il être d’esprit tordu pour imaginer tel stratagème ! souffla Mahaut.
    — Mon avis également, renchérit Hardouin. D’autant que vos prétendues victimes n’ont pas été enherbées avec le plomb découvert dans votre psautier perdu et fort obligeamment retrouvé par la baronne mère. Vos doutes, madame ? Je garde en tête vos réserves.
    — De grâce, ne les oubliez pas. Béatrice est autoritaire, parfois hautaine et désagréable, mais je ne la crois point mauvaise. Eustache… comment le décrire en peu de mots, sans vous paraître arrogante ? Ma foi, Eustache est plutôt benoît, au fond très indifférent, et on ne peut lui en tenir rigueur étant entendu la froideur de son épouse et de sa mère d’alliance. Ainsi que disent les paysans, il n’a guère inventé le fil à couper la motte 3 , hormis pour les affaires d’argent. Au demeurant, ce que lui demandent les femmes Vigonrin. En revanche… En revanche, Agnès de Malegneux est retorse sous des dehors affables et tendres. J’ai mis… longtemps à m’en apercevoir. Surtout, surtout, je n’affirme pas qu’elle soit capable… coupable d’une telle abjection.
    — Vos honnêtes et

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