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En ce sang versé

En ce sang versé

Titel: En ce sang versé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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bienvenu ! Bien… Croyez, messire, en mon absolue gratitude puisque j’ai eu vent de votre… efficace implication dans l’odieuse série de meurtres d’enfants qui nous éprouva auparavant. L’infâme Maurice Desprès, à ma barbe, alors qu’il me montrait si belle fidélité… qu’il rôtisse en enfer !
    Hardouin, qui n’avait pipé mot, se demanda ce qui l’offusquait le plus : avoir été trahi ou apprendre que son premier lieutenant avait occis d’horrible façon treize petits miséreux ?
    — Bah, si nous ne nous assistions pas, entre gens de même charge, le poids sur nos épaules deviendrait insoutenable… D’ailleurs, voyez : je viens aujourd’hui requérir votre aide. Aide que, selon moi, vous ne regretterez point, l’appâta habilement Tisans.
    — Quand bien même… vous servir à mon tour me comble d’aise, biaisa de Trais dont la curiosité était piquée. Je suis tout ouïe.
    — Mon ami Venelle s’intéresse à la jeune baronne Mahaut de Vigonrin, née Leu de Cérainville, craignant, sur la foi de fiables informations, qu’elle ait été accusée à tort.
    À la soudaine tension qui se lut sur le visage encore juvénile du bailli de Nogent-le-Rotrou, Hardouin sentit qu’il avait lui-même formé des réserves.
    — Ah ça, que me dites ? Je vous avoue, monsieur, que cette affaire m’est une épine au flanc. Cette dame, d’admirables piété et maintien… Certes, me rétorquerez-vous, nous connaissons tous deux d’ignobles assassins de belle prestance et de noble sang.
    — Si fait. Cependant, madame Mahaut est de très haut, nièce de madame de Gausbert, bref pas de la roupie, si j’ose cette expression en référence à une dame.
    Les mises en garde de son épouse Énora défilèrent à toute vitesse dans l’esprit de Guy de Trais. Dieu qu’il était las de cet endroit, de ces gens, de ces incessants embrouillements ! Toutefois, s’il voulait rentrer en duché de Bretagne tête haute et auréolé d’une réputation d’efficacité, il avait intérêt à séparer le bon grain de l’ivraie ! S’adressant à l’exécuteur, il s’enquit :
    — Monsieur, pardonnez ma brusquerie, mais vous comprendrez que cette fâcheuse affaire me préoccupe au plus haut point. Quoi, qui vous fit accroire l’innocence de madame Mahaut ?
    — Sauf votre respect, messire, « accroire » n’est guère le terme approprié. J’ai d’excellentes raisons de penser que l’on tente de vous mener en accusant faussement cette dame, et le mire Méchaud vous le confirmera.
    — Le mire Méchaud ? Il s’est pourtant montré bien vague.
    Arnaud de Tisans, à sa promesse, intervint :
    — Messire de Trais, verriez-vous outrecuidance et insolence à ce que je vous laisse, maintenant faites les introductions. Mon ami Venelle préfère poursuivre sa mission de vérité avec vous, par délicatesse envers la jeune baronne de Vigonrin. Je ne puis que l’approuver.
    — De grâce. Les dames méritent notre discrétion et notre galanterie.
    — À votre honneur que cette courtoisie. À vous revoir bientôt, en circonstances de simple cordialité, je l’espère, s’inclina Tisans avant de quitter la pièce.

    Guy de Trais tripota d’un air pincé une pâte de noix, dénudant le cerneau en déposant dans le plat l’excès de miel figé, et reprit :
    — Le mire Méchaud, disiez-vous, monsieur ?
    — Je vous conjure de ne lui pas tenir rigueur et de ne voir qu’hésitation de savant dans son manque de loquacité. Madame Mahaut fut donc accusée d’avoir enherbé son beau-père, son époux, en plus d’une tentative sur son fils Guillaume, à l’aide d’une poudre grisâtre que vous identifiâtes comme étant du plomb, poudre serrée 1 dans un psautier moqué de démoniaque façon ?
    — Si fait.
    — Alors que je me trouvais en sa demeure, le mire Méchaud se souvint soudain d’un symptôme habituel lors d’enherbements violents au plomb. Une diminution, voire un arrêt de l’émission des urines que ne manifesta aucun des mâles Vigonrin, bien au contraire, puisque François le jeune pissa dans son lit d’avoir trop bu de bouillon et de tisanes.
    — Ah, morbleu ! jura de Trais en écarquillant les yeux. Mais… mais enfin… pourquoi Méchaud ne m’a-t-il point prévenu sitôt ! A-t-il bien perdu le sens ?
    — Non pas… sans doute est-il impressionné par vous, le flatta cadet-Venelle. Il souhaitait que je me fasse son messager. Malheureusement, d’autres

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