En ce sang versé
« sous-période » du Moyen Âge (haut ou bas Moyen Âge). Toutefois, à l’époque où se situe ce roman ( XIV e siècle), les caractéristiques politiques et sociales de la France n’encouragent pas le contemporain à considérer cette époque comme « douce », même si nombre de ses « vertus » fascinent à juste titre.
S’ajoutait au servage (état de non-libre, une forme d’esclavage), aux multiples et lourds impôts qui pesaient sur le peuple, aux conditions de confort presque inexistantes, aux épidémies, aux famines qui ravagaient le pays assez souvent, à la torture 2 , à l’Inquisition, à la justice souvent très dure et expéditive, à l’état presque permanent de dénutrition, à la faible longévité 3 , à la mortalité des enfants 4 , aux balbutiements de la médecine, à l’extrême pauvreté de la plupart, à la condition des femmes 5 très délabrée, sauf pour certaines dames de noblesse, le fait que la France fut encore plus lourdement éprouvée par la Grande Peste (1347-1352) qui décima 20-25 % de la population, puis par la guerre de Cent Ans, que subirent cinq générations, par épisodes. D’autres épidémies de peste eurent aussi lieu.
ORDRE DU TEMPLE : Créé à Jérusalem, vers 1118, par un chevalier, Hugues de Payns, et quelques chevaliers de Champagne et de Bourgogne. Il fut définitivement organisé par le concile de Troyes en 1128, sa règle étant inspirée – voire rédigée – par saint Bernard. L’ordre était dirigé par le grand-maître dont l’autorité était encadrée par les dignitaires. Les possessions de l’ordre étaient considérables (3 450 châteaux, forteresses et maisons en 1257). Avec son système de transfert d’argent jusqu’en Terre sainte, l’ordre devint au XIII e siècle l’un des principaux banquiers de la Chrétienté.
Après la chute d’Acre – qui, au fond, lui fut fatale –, le Temple se replia surtout en Occident. L’opinion publique finit par considérer ses membres comme des profiteurs et des paresseux. Diverses expressions de l’époque en témoignent. Ainsi, « on allait au Temple », lorsqu’on se rendait au bordel. Jacques de Molay, grand-maître, ayant refusé la fusion de son ordre avec celui de l’Hôpital, les templiers furent arrêtés le 13 octobre 1307. Suivirent des enquêtes, des aveux (dans le cas de Jacques de Molay, certains historiens pensent qu’ils n’ont pas été obtenus sous la torture), des rétractations. Les enquêteurs, versés dans l’art de la rhétorique, n’eurent guère de peine à obtenir des déclarations incriminantes de la part de templiers dont bon nombre étaient des paysans ou de petits seigneurs. Par exemple, certains ne perçurent pas la différence religieuse cruciale entre « idolâtrer » et « vénérer » et furent, bien sûr, accusés d’idolâtrie.
Clément V, qui craignait Philippe le Bel pour d’autres motifs, dont le procès posthume qu’exigeait le souverain contre la mémoire de Boniface VIII, décréta la suppression de l’ordre le 22 mars 1312. Jacques de Molay revint à nouveau sur ses aveux et fut envoyé au bûcher, avec d’autres, le 18 mars 1314. Certains templiers parvinrent à fuir à temps, notamment en Angleterre ou en Écosse.
Il semble acquis que les enquêtes sur les templiers, la saisie de leurs biens et leur redistribution aux hospitaliers coûtèrent davantage d’argent à Philippe le Bel qu’elles ne lui en rapportèrent, preuve que les mobiles du souverain étaient avant tout politiques, d’autant que l’ordre de l’Hôpital, aussi riche que celui du Temple, ne fut pas inquiété.
PHILIPPE IV LE BEL (1268-1314) : Fils de Philippe III le Hardi et d’Isabelle d’Aragon. Il eut trois fils de Jeanne de Navarre, les futurs rois : Louis X le Hutin, Philippe V le Long et Charles IV le Bel, ainsi qu’une fille, Isabelle, mariée à Édouard II d’Angleterre. Philippe était courageux, excellent chef de guerre. Il était également connu pour être inflexible et dur, ne supportant pas la contradiction. Cela étant, il écoutait ses conseillers, parfois trop, notamment lorsqu’ils étaient recommandés par son épouse.
L’histoire retiendra surtout de lui son rôle majeur dans l’affaire des templiers*, mais Philippe le Bel était avant tout un roi réformateur dont l’un des objectifs était de se débarrasser de l’ingérence pontificale dans la politique du royaume.
PLOMB : La
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