Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
En Nos Vertes Années

En Nos Vertes Années

Titel: En Nos Vertes Années Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
Vom Netzwerk:
bénin.
    — Révérend Docteur, dit
Figairasse, j’y prendrai garde.
    Cette disputation (comme le voulait
sans doute d’Assas) me donna un répit dont je tirai avantage pour reprendre mon
souffle, car du fait de mon châtiment, il me semblait parfois que mon poumon
allait s’arrêter et le fiel me tomber sur le cœur. Cependant, quand Figairasse
recommença, ses coups, malgré l’avertissement du Docteur d’Assas, ne me
parurent pas moins lourds. Bien à rebours.
    — Monsieur le Bedeau,
arrêtez ! dit le Docteur d’Assas. Combien de fouettements avez-vous à l’un
comme à l’autre baillés ?
    — Quatorze, Révérend Docteur.
    — Non point, Monsieur le
Bedeau, seize.
    — Révérend Docteur, je suis sûr
de mon compte.
    — Monsieur le Bedeau, je suis
sûr du mien.
    Là-dessus, Figairasse n’osant passer
outre, quoi qu’il en eût, à l’affirmation du Docteur d’Assas et, celui-ci ne
voulant pousser plus loin un chiffre qu’il savait être faux, il y eut un moment
de silence.
    — Eh bien, que
faisons-nous ? dit Figairasse d’un ton fort dépit en faisant siffler sa
verge au-dessus de nos fesses.
    — Gageons, dit d’Assas.
    — Ha ! dit Figairasse sur
un tout autre ton, et bien que je lui tournasse la fesse, je crus déceler à son
ton un certain brillement de l’œil. Gageons ! Mais gageons quoi ? Et
à qui ?
    — À qui perd gagne. Si j’ai
raison, je vous baille un flacon de mon Frontignan.
    — Deux, dit Figairasse. Les
fouettés sont deux.
    — Deux donc, dit d’Assas.
Cependant, il y faut de la bonne foi. Fouillez donc, Monsieur le Bedeau,
fouillez les coins et les recoins de votre remembrance. Vous en êtes à seize.
    — Révérend Docteur, maintenant
qu’à loisir je me ramentevois, il n’y a plus à douter. Vous avez raison et j’ai
gagné : j’en suis à seize.
    — Tope donc ! dit d’Assas,
vous avez gagné ! Et que votre main soit légère pour les quatre derniers
coups.
    Elle ne le fut pas, le bedeau ne
donnant rien pour rien. Mais tout soudain ce fut la fin. Étourdi et meurtri, je
me relevai et me rhabillai, fort coi, mais non pas déconfit et les premières
faces que je reconnus, ce furent, les larmes leur coulant des yeux, Luc, Samson
et Fogacer. Je dis bien Fogacer ! Et que Satan en personne me fouette en
son infernal royaume, si j’entends jamais goutte ni miette à ce diable
d’homme !
    — Merdanson, dis-je, puisque
nous avons pâti côte à côte, réparons nos forces ensemble. Je vous convie à
croûte casser avec moi à l’auberge des Trois-Rois. À cul navré ne sied
pas panse vide.
    — Quoi ? dit Merdanson,
ai-je bien ouï ? Novice, tu m’invites à viandes gloutir et flacons
vider ?
    — Compain, tu m’as bien
entendu.
    — Ventre Saint-Vit, Siorac, tu
es le plus décrotté novice que j’aie jamais rencontré. Il ne t’a point suffi de
payer dix sols pour mon fouettement de premier degré ! Tu me
nourris ! Moi que les gouges ont asséché ! Siorac, c’est noble,
cela ! À peu que je ne fasse comme Bazin dans mes chausses tant je suis
émerveillé ! Ta main, Siorac ! Tout novice que tu sois, je suis ton
homme ! Et bren, et bren pour ce bedeau de merde ! Que son bren lui
rentre d’où il sort et lui remonte jusqu’au gargamel, et qu’il crève enfin, la
crotte au bec, et à l’anus, le rictus de l’agonie.
    Sur le chemin Samson pleurant de
peine au souvenir de mon supplice, et en même temps de joie à me voir entier et
point trop boitillant en ma démarche (bien que la fesse me tirât) ne fit que
m’accoler, me prendre le bras, me saisir par le cou, et me baisoter la face.
    — Haïe ! criai-je en
m’asseyant à ma table des Trois-Rois.
    — Haïe ! dit Merdanson en
prenant place à son tour, mon pauvre cul ! Bedeau de merde, plaise au
Seigneur tout-puissant de te faire cocu autant de fois que j’ai de zébrures aux
fesses !
    — Merdanson, dit l’hôtesse, en
attendant, quitte tes mains de mon cul, ou incontinent je te baille un soufflet
à te défriser ton rouge cheveu. Bois plutôt de ce vin. Il est bon.
    — Il n’est des pires. Et tout
courbatu, rompu et froissé que je sois, je bois au très Haut et très pétant
Seigneur d’Assas pour nous avoir, par ruse et frontignan, dégrevé de deux
coups. Cependant bonne hôtesse poigner verre plutôt que fesse, c’est
pitié ! Où va le monde sans le vit ?
    — Merdanson, dit l’hôtesse,
bien je t’aime, mais outre que tu es plus mal

Weitere Kostenlose Bücher