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Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
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alias Manuelito, était dans une mauvaise posture. Il perdit le contrôle de sa monture, qui sortit de la piste. Les spectateurs ne tardèrent pas à comprendre que sa bride avait été entaillée. Les Navajos allèrent voir les arbitres – tous des soldats – et exigèrent que la course soit à nouveau disputée. Les arbitres refusèrent. Ils déclarèrent vainqueur le quarterhorse du lieutenant. Immédiatement, les soldats formèrent un défilé victorieux et se dirigèrent vers le fort pour y retirer leurs gains.
    Furieux d’être victimes d’une telle tricherie, les Navajos se précipitèrent à leurs trousses. Les portes du fort leur furent fermées au nez. Un Navajo tenta de forcer le passage. Il fut abattu par une sentinelle.
    Voici la suite, telle que l’écrivit un soldat blanc :
    Les Navajos, squaws et enfants compris, s’étaient mis à courir en tous sens. Les soldats leur tiraient dessus, les transperçaient à la baïonnette. Je parvins à rassembler environ vingt hommes (…). Je les dirigeai vers la partie est du fort. Là, je vis un soldat qui se jetait sur deux petits enfants et une femme. D’où j’étais, je lui criai d’arrêter. Il releva la tête, et passa outre mes ordres. Je fonçai vers lui, mais arrivai trop tard. Il tua les pauvres petits innocents et blessa grièvement la squaw. J’ordonnai que ses ceintures lui soient retirées, qu’il soit fait prisonnier et emmené au poste (…). Pendant ce temps, le colonel avait donné ordre à l’officier de faction ce jour-là de faire venir l’artillerie (des obusiers de montagne). Le sergent responsable des pièces d’artillerie fit semblant de ne pas comprendre, l’ordre étant à ses yeux illégal. Mais devant les invectives et les menaces de l’officier, il finit par s’exécuter, afin de ne pas s’attirer d’ennuis. Les Indiens s’éparpillèrent dans la vallée au pied du fort, attaquèrent le troupeau du poste, blessèrent le Mexicain qui le gardait, sans toutefois parvenir à s’emparer des bêtes ; ils s’en prirent également au messager du Pony Express qui se trouvait à une quinzaine de kilomètres du fort, s’emparèrent de sa monture et le blessèrent au bras. Après le massacre, on ne vit plus aucun Indien au fort, si ce n’est quelques squaws, les favorites des officiers. Le commandant tenta de faire la paix avec les Navajos en envoyant certaines de ces squaws parler avec leurs chefs. Mais tout ce qu’elles y gagnèrent, ce fut une bonne correction.
    À partir de ce jour – le 22 septembre 1861 – il fallut attendre longtemps avant de voir renaître l’amitié entre les hommes blancs et les Navajos.
    Entre-temps, une armée de Tuniques Grises confédérées avait pénétré au Nouveau-Mexique et livré le long du Rio Grande d’importantes batailles contre les Tuniques Bleues, dont l’un des chefs était Kit Carson, Lanceur-de-Lasso, un homme auquel la plupart des Navajos faisaient confiance car il avait toujours tenu le même discours aux Indiens. Les Navajos espéraient donc pouvoir faire la paix avec lui quand il en aurait fini avec les Tuniques Grises.
    Mais au printemps 1862, d’autres Tuniques Bleues venues de l’ouest entrèrent au Nouveau-Mexique : la colonne de Californie – tel était le nom que ces troupes se donnaient. Leur général, James Carleton, arborait des étoiles sur ses épaulettes et avait plus de pouvoirs que Fauntleroy, Chef-Aigle. Les Californiens installèrent leur camp dans la vallée du Rio Grande. Mais comme les Tuniques Grises s’étaient enfuies au Texas, ils se retrouvèrent désœuvrés.
    Les Navajos ne tardèrent pas à apprendre que Chef-Étoiles Carleton convoitait leur terre et tout métal de valeur qu’elle pourrait receler. Pour lui, c’était « un luxueux domaine, un pays aux splendides pâturages et aux ressources minérales extraordinaires. » Afin d’occuper tous ces soldats placés sous son commandement et réduits à défiler sur le terrain de manœuvres en faisant cliqueter leurs armes, Carleton voulut dénicher quelques Indiens à combattre. Les Navajos, selon lui, étaient « des loups qui sillonnaient les montagnes » qu’il fallait mater.
    Mais pour commencer, il s’intéressa aux Apaches Mescaleros, qui étaient moins de mille et vivaient en bandes éparpillées entre le Rio Grande et le Pecos. Son plan était de tous les capturer ou les tuer, et de parquer les survivants sur une réserve au sol ingrat le long du Pecos. Ainsi, la

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