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Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
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Carleton alla à Fort Wingate « rassembler des informations en préparation d’une attaque contre les Navajos dès que l’herbe serait suffisamment haute pour que les troupeaux y paissent ». Il organisa une rencontre avec Delgadido et Barboncito près de Cubero, et informa brutalement les chefs que la seule manière pour eux d’attester de leurs intentions paisibles, c’était de quitter avec leur peuple le pays navajo et de rejoindre les Mescaleros, si « satisfaits de leur sort » à Bosque Redondo. La réponse de Barboncito fut claire : « Je n’irai pas à Bosque. Je ne quitterai jamais mon pays, même si pour cela je dois périr. »
    Le 23 juin, Carleton fixa aux Navajos un ultimatum pour leur départ vers Bosque Redondo. « Faites revenir Delgadido et Barboncito, ordonna-t-il au commandant de Fort Wingate, et répétez-leur ce que je leur ai déjà dit. Expliquez-leur que je serais vraiment désolé s’ils refusaient de venir (…). Informez-les qu’ils ont jusqu’au 20 juillet de cette année – eux ainsi que tous ceux qui appartiennent à ce qu’ils appellent le parti de la paix ; qu’après cette date, tout Navajo trouvé dans la région sera considéré comme hostile et traité comme tel ; qu’à partir de cette date, la porte qui est encore ouverte aujourd’hui sera fermée. » Le 20 juillet arriva, sans qu’aucun Navajo ne se rende.
    Pendant ce temps-là, Carleton avait ordonné à Kit Carson de quitter le pays mescalero et de se rendre avec ses troupes à Fort Wingate pour se préparer à une guerre contre les Navajos. Carson refusa d’exécuter l’ordre, expliquant qu’il s’était porté volontaire pour combattre les soldats confédérés, pas les Indiens. Il envoya à Carleton une lettre de démission.
    Kit Carson aimait les Indiens. Il lui était arrivé dans le passé de vivre des mois d’affilée avec eux sans voir un seul Blanc. Il avait eu un enfant avec une femme arapaho et vécu quelque temps avec une Cheyenne. Mais après son mariage avec Josefa, la fille de Don Francisco Jaramillo, de Taos, sa vie avait pris une autre direction – il était devenu prospère et avait obtenu du gouvernement une terre pour y installer un ranch. Il avait découvert qu’au Nouveau-Mexique il y avait de la place au sommet, même pour un mountain man (7) fruste, superstitieux et quasi illettré comme lui. Il avait appris à lire et à écrire quelques mots, et même s’il ne mesurait qu’1,67 mètre, sa gloire dépassait les nuages. Pourtant, si célèbre fût-il, Lanceur-de-Lasso éprouvait toujours un respect mêlé de crainte pour ces beaux parleurs bien habillés qui occupaient les positions les plus élevées. En 1863, au Nouveau-Mexique, c’était Carleton, Chef-Étoiles, qui tenait le haut du pavé. Ainsi, quand l’été arriva, Kit Carson, renonçant à démissionner, se rendit à Fort Wingate en vue de la campagne contre les Navajos. Et il ne tarda pas à prétendre dans ses rapports servir rien moins que la Destinée Manifeste de la nation américaine, se faisant ainsi l’écho du fat dont il était le subordonné.
    En tant que combattant, Carson avait gagné le respect des Indiens. Quant à ses hommes – les volontaires du Nouveau-Mexique – on ne pouvait pas en dire autant. Nombre d’entre eux étaient mexicains, et depuis des temps immémoriaux les Navajos n’avaient eu de cesse de les chasser de leurs terres. Les Navajos étaient dix fois plus nombreux que les Mescaleros. De plus, ils avaient l’avantage de défendre un territoire vaste et sauvage ponctué de canyons profonds, d’arroyos aux berges pentues et de mesas cernées de précipices. Le canyon de Chelly, qui fendait le paysage sur une longueur de cinquante kilomètres en direction de l’ouest à partir des Chuska Mountains, constituait leur bastion. Large d’à peine plus de quatre mètres à certains endroits, ce canyon creusé dans la roche rouge faisait jusqu’à trois cents mètres de profondeur, voire plus, et était surplombé de saillies offrant des positions défensives idéales. Aux endroits où il s’élargissait, les Navajos faisaient paître leurs moutons et leurs chèvres, cultivaient du maïs, du blé, des fruits et des melons. Mais leur grande fierté, c’était leurs pêchers, dont ils s’occupaient amoureusement depuis l’époque des Espagnols. L’eau coulait en abondance dans le canyon presque toute l’année. Les peupliers de Virginie et les érables negundo

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