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Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
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fournissaient du bois en abondance.
    Les Navajos apprirent que Carson était arrivé à Pueblo Colorado avec mille soldats et avait engagé comme éclaireurs ses vieux amis les Utes. Mais ils persistèrent à considérer la menace avec dédain. N’avaient-ils pas jadis chassé les Espagnols de leurs terres, comme le rappelaient les chefs de la tribu ? « Si les Américains tentent de nous capturer, nous les tuerons », se promirent-ils, tout en prenant soin de placer leurs femmes et leurs enfants à l’abri. Ils savaient en effet que les mercenaires utes voudraient les enlever pour les vendre à de riches Mexicains.
    Vers la fin du mois de juillet, Carson s’installa à Fort Defiance, le rebaptisa Fort Canby en l’honneur de ce vieil ennemi des Indiens, et commença à envoyer des missions de reconnaissance. Seul un petit nombre de Navajos purent être repérés, ce qui ne le surprit sans doute pas. Il savait que la seule façon de venir à bout de la tribu était de détruire ses récoltes et son bétail – en d’autres termes de recourir à la tactique de la terre brûlée. C’est pourquoi le 25 juillet il donna pour mission au chef d’escadron Joseph Cummings de ramener au fort tout le bétail qu’il trouverait et d’emporter ou de brûler tout le maïs et le blé poussant le long du Bonito. La découverte par les Indiens de ce que Cummings faisait de leurs réserves de nourriture signa son arrêt de mort. Peu après, un Navajo lui tira dessus alors qu’il était à cheval. Il tomba, tué sur le coup. Puis les Indiens attaquèrent le corral de Carson situé près de Fort Canby, récupérèrent certaines de leurs bêtes, moutons et chèvres, et volèrent le cheval préféré de Lanceur-de-Lasso.
    Carson, qui avait vécu parmi les Indiens suffisamment longtemps pour apprécier la hardiesse de telles représailles, fut beaucoup moins contrarié par ces incidents que le général Carleton. Le 18 août, ce dernier décida de « stimuler le zèle » de ses troupes en annonçant une récompense pour chaque tête de bétail indien capturée. Il offrait vingt dollars pour « tout cheval ou mule en bonne santé », et un dollar par mouton amené à l’intendant de Fort Canby.
    Les soldats étant payés moins de vingt dollars par mois, la prime ne pouvait en effet que stimuler leur zèle. Certains d’entre eux allèrent même jusqu’à la réclamer pour les quelques Navajos qu’ils parvinrent à tuer. Afin de prouver leur valeur de soldats, ils prirent l’habitude de couper la chevelure des Indiens, attachée en queue de cheval avec une cordelette rouge. Il parut impensable aux Navajos que Carson approuve une telle méthode, qu’ils considéraient comme une coutume barbare introduite par les Espagnols. (Les Européens ont-ils importé la pratique du scalp ? Ce n’est pas sûr. Toujours est-il que ce sont bien les colons espagnols, français, hollandais et anglais qui l’ont popularisée en offrant des primes pour les scalps de leurs ennemis respectifs.)
    Carson poursuivit tranquillement la destruction des champs de céréales, de haricots et de citrouilles. Mais il progressait trop lentement au goût du général Carleton. En septembre, celui-ci ordonna que tout Navajo de sexe masculin repéré soit immédiatement tué ou capturé. Dans une lettre à Carson, il lui indiqua ce qu’il devait dire exactement aux Navajos capturés : « Allez à Bosque Redondo, ou nous vous poursuivrons et vous tuerons. Nous ne conclurons la paix avec vous qu’à cette condition-là (…). Nous continuerons à vous faire la guerre, des années s’il le faut, maintenant que nous avons commencé, et ce jusqu’à ce que vous cessiez d’exister ou de vous déplacer. C’est tout ce que nous avons à vous dire. »
    À peu près au même moment, le général écrivait au quartier général du Département de la Guerre à Washington pour réclamer un régiment de cavalerie supplémentaire. Il avait besoin de davantage d’hommes, expliqua-t-il, à cause de la découverte d’une mine d’or légèrement à l’ouest du territoire navajo, des hommes en nombre suffisant pour « mater les Indiens et protéger les gens se rendant dans la région ou y demeurant (…). La Providence nous sourit – l’or se trouve ici, à nos pieds. Il ne nous reste plus qu’à le ramasser   !  »
    Constamment houspillé par Carleton, Carson accéléra son programme de terre brûlée. Et quand l’automne arriva, il avait détruit la

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