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Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
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enfants meurent de froid. Certains de mes frères se sont enfuis dans les collines, sans couvertures ni nourriture ; nul ne sait où ils se trouvent – peut-être sont-ils morts de froid ? Je veux avoir le temps de chercher mes enfants et de voir combien je peux en trouver. Peut-être les trouverai-je parmi les morts. Écoutez-moi, chefs, mes frères ! Je suis las ; mon cœur est triste et usé. À compter d’aujourd’hui, je ne ferai plus jamais la guerre. »
    La nuit tombée, après que les termes de la capitulation furent définis, White Bird et un groupe de guerriers irréductibles s’enfuirent par les ravins et prirent la direction de la frontière canadienne, qu’ils passèrent le deuxième jour. Le troisième, ils virent au loin des cavaliers indiens. L’un des inconnus leur demanda par signes : «  Vous êtes des Indiens de quelle tribu ?
    — Nous sommes des Nez-Percés, répondirent les fuyards. Et vous ?
    — Des Sioux  », leur répondit-on.
    Le lendemain, Sitting Bull accueillit les Nez-Percés dans son village canadien.
    Quant à Chef Joseph et aux autres, ils ne devaient plus jamais connaître la liberté. Au lieu de les emmener à Lapwai, ainsi que Miles le leur avait promis, l’armée les expédia comme du bétail à Fort Leavenworth, dans le Kansas. Là, ils furent parqués en tant que prisonniers de guerre sur des terres alluviales marécageuses, où une centaine d’entre eux moururent. Les survivants furent transférés sur une plaine stérile située dans le Territoire Indien. Comme les Modocs avant eux, les Nez-Percés succombèrent les uns après les autres – à la malaria, mais aussi au chagrin.
    Des bureaucrates et des messieurs très chrétiens qui leur rendaient de fréquentes visites exprimèrent leur compassion et écrivirent d’innombrables rapports à diverses organisations. Joseph reçut l’autorisation de se rendre à Washington, où il rencontra tous les membres importants du gouvernement. « Ils disent tous qu’ils sont mes amis, raconte-t-il, et que justice me sera rendue. Leurs bouches parlent juste, mais alors je ne comprends pas pourquoi rien n’est fait pour mon peuple. (…) Le général Miles a promis que nous pourrions retourner dans notre pays. Je l’ai cru, sinon, jamais je n’aurais fait ma reddition. »
    Il lança alors un appel passionné pour plus de justice. « J’ai entendu de nombreux discours, mais rien n’est fait. Les bonnes paroles ne durent pas longtemps si elles ne débouchent sur rien. Les mots ne me rendront pas mes frères morts. Ils ne paient pas ma terre, à présent envahie par les Blancs. (…) Les bonnes paroles ne donneront pas aux miens une bonne santé, pas plus qu’elles ne les sauveront de la mort. Les bonnes paroles ne leur donneront pas un foyer où vivre en paix et prendre soin d’eux-mêmes. Je suis las de ces discours qui ne mènent à rien. Mon cœur a mal quand je me souviens de toutes ces belles paroles et de ces promesses brisées. (…) Attendre d’un homme né libre qu’il se satisfasse d’une existence de prisonnier qui ne peut pas aller où il veut, c’est comme demander aux rivières d’inverser leur cours. (…) J’ai voulu que les grands chefs blancs m’expliquent d’où ils tiraient l’autorité qui leur permet d’ordonner à l’Indien de demeurer à tel endroit alors qu’il voit les Blancs aller où bon leur semble. Ils ne peuvent pas me répondre.
    « Laissez-moi être un homme libre – libre de me déplacer, de m’arrêter quelque part, de travailler, de faire du commerce où je le désire, libre de choisir mes professeurs, de suivre la religion de mes pères, de penser, parler et agir pour moi-même – et j’obéirai à toutes les lois, faute de quoi j’accepterai d’être condamné. »
    Personne ne voulut entendre ces paroles. Joseph fut ramené dans le Territoire Indien, où il demeura jusqu’en 1885. Cette année-là, il ne restait plus que deux cent quatre-vingt-sept Nez-Percés, en majorité trop jeunes pour se souvenir de leur ancienne vie d’indiens libres, ou trop vieux, trop malades ou trop désespérés pour menacer l’immense puissance américaine. Certains de ces survivants furent autorisés à revenir sur la réserve de leur peuple à Lapwai. Mais Joseph et cent cinquante autres Nez-Percés furent jugés trop dangereux pour être mis avec d’autres membres de la tribu qu’ils risquaient d’influencer. Le gouvernement les expédia donc à Nespelem sur la

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