Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890
coopératif. Craignant que Cody ne fasse échouer la tentative d’arrestation et ne provoque la colère de Sitting Bull, McLaughlin se débrouilla pour que le célèbre chasseur de bisons ne puisse rien entreprendre. Ainsi, Buffalo Bill rentra de fort mauvaise humeur à Chicago, sans même avoir vu le chef hunkpapa.
Pendant ce temps à Pine Ridge, les troupes étaient arrivées, ce qui avait fait sérieusement monter les tensions entre Indiens et soldats. Un ancien agent, Valentine McGillycuddy, fut dépêché sur place pour tenter de trouver une solution. « Je suis d’avis de laisser la danse continuer, dit-il. L’arrivée des troupes inquiète les Indiens. Lorsque les Adventistes du Septième Jour préparent leurs tuniques sacrées pour la nouvelle venue du Sauveur, l’armée américaine ne vient pas les en empêcher. Pourquoi les Indiens ne devraient-ils pas jouir du même privilège ? Si les troupes restent, les choses vont se gâter. »
Malheureusement, ce ne fut pas ce point de vue qui l’emporta. Le 12 décembre, le lieutenant-colonel William F. Drum, commandant des troupes de Fort Yates, reçut du général Miles l’ordre de « s’emparer de la personne de Sitting Bull et de faire appel à un agent indien [McLaughlin] pour coopérer et lui prêter main-forte afin de permettre la réalisation de cette mission ».
Le 15 décembre 1890, au point du jour, quarante-trois policiers indiens entourèrent la maison en rondins de Sitting Bull. Un escadron de cavalerie attendait à cinq kilomètres de là afin de venir à la rescousse si nécessaire. En entrant, le lieutenant Bull Head, le policier indien responsable du groupe, trouva Sitting Bull encore au lit. Réveillé, le chef le dévisagea d’un air incrédule. « Que viens-tu faire ici ? lui demanda-t-il.
— Tu es mon prisonnier, déclara Bull Head. Suis-moi à l’agence. »
Sitting Bull bâilla, puis s’assit. « D’accord, répondit-il. Mais laisse-moi le temps de m’habiller, et je te suivrai. » Il demanda au policier de faire seller son cheval.
En sortant de la maison avec le chef, Bull Head se retrouva face à une foule de danseurs quatre fois plus nombreux que les policiers. Catch-the-Bear s’avança vers lui. « Tu penses que tu vas pouvoir l’emmener ? Eh bien, tu te trompes ! s’exclama-t-il.
— Viens, dit calmement Bull Head à son prisonnier, ne les écoute pas. » Mais Sitting Bull refusa d’avancer, contraignant ainsi Bull Head et le sergent Red Tomahawk à le traîner de force vers son cheval.
C’est alors que, se débarrassant de sa couverture, Catch-the-Bear brandit un fusil. Il tira sur Bull Head et l’atteignit au flanc.
En tombant par terre, le blessé pointa son arme vers son agresseur, mais la balle atteignit Sitting Bull. Red Tomahawk tira presque au même moment. Sitting Bull, touché à la tête, s’écroula, mort.
Au cours de la fusillade, le vieux cheval de cirque offert par Buffalo Bill à Sitting Bull se mit à faire son petit numéro. Il se redressa sur ses jambes arrière et leva un sabot. Ceux qui le regardaient eurent l’impression qu’il se livrait à la danse des Esprits. Mais à peine le cheval eut-il fini son ballet que les combats reprirent. Seule l’arrivée du peloton de cavalerie sauva les policiers indiens du massacre.
19 -
Wounded Knee
Il n’y avait pas d’espoir sur terre. Dieu semblait nous avoir oubliés. Certains affirmaient avoir vu Son fils, d’autres disaient que non. S’Il devait vraiment venir, Il accomplirait de grandes choses, comme Il avait fait avant. Mais cela, nous en doutions, car nous ne L’avions pas vu, pas plus que nous n’avions vu Son œuvre.
Nos frères ne savaient pas ; peu leur importait. Ils s’accrochaient à cet espoir. Ils L’imploraient en criant comme des fous. Ils se cramponnaient à la promesse qu’Il avait, croyaient-ils, faite.
Les Blancs ont pris peur et ont appelé l’armée. Nous demandions humblement qu’on nous laisse vivre notre vie, et les soldats ont cru que nous voulions prendre la leur. Nous avons appris leur arrivée. Nous n’avions pas peur. Nous espérions pouvoir leur parler de nos problèmes et obtenir de l’aide. Un Blanc nous a affirmé qu’ils avaient l’intention de nous tuer. Nous n’avons pas voulu le croire, mais certains ont pris peur et se sont enfuis dans les Badlands.
Red Cloud
Sans la force que leur donnait la danse des Esprits, les Sioux se seraient sans doute rebellés contre les
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