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Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
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était indispensable pour protéger la population des Indiens hostiles. S’il faisait la paix, Washington l’accuserait de mensonge. Evans était par ailleurs l’objet de pressions de la part des habitants du Colorado, lesquels, soucieux d’éviter la conscription de 1864, préféraient endosser l’uniforme pour se battre contre quelques Indiens peu armés plutôt que contre les Confédérés tout là-bas dans l’Est. Pourtant, le gouverneur finit par céder aux supplications de Wynkoop. Après tout, les Indiens n’avaient-ils pas parcouru près de sept cents kilomètres simplement pour venir le voir ?
    Le conseil eut lieu à Camp Weld, près de Denver. Y participèrent les chefs indiens, Evans, Chivington, Wynkoop, plusieurs officiers de l’armée et Simeon Whitely, dépêché par ordre du gouverneur pour enregistrer tout ce que les participants diraient. Le gouverneur ouvrit la session de façon un peu abrupte en demandant aux chefs ce qu’ils avaient à dire. Black Kettle répondit en langue cheyenne. Ce fut John S. Smith, un négociant mais aussi un vieil ami de la tribu, qui traduisit ses paroles.
    « Mis au courant de ton message du 27 juin 1864, j’ai pris l’affaire en main et c’est pourquoi je suis venu ici m’en entretenir avec toi. (…) Le chef d’escadron Wynkoop nous a proposé une rencontre avec toi. Nous sommes venus les yeux fermés, en suivant sa poignée de soldats, comme si nous affrontions le feu. Tout ce que nous voulons, c’est être en paix avec les Blancs. Nous voulons prendre ta main. Tu es notre père. C’est comme si nous sortions d’un nuage. Le ciel est noir depuis que la guerre a commencé. Ces braves que tu vois à mes côtés sont disposés à faire ce que je dis. Nous voulons rapporter de bonnes nouvelles à notre peuple, afin qu’il dorme en paix. Je veux que tu dises clairement à ces chefs de soldats ici rassemblés que nous sommes pour la paix, que nous l’avons conclue, et qu’ils ne doivent pas nous prendre pour des ennemis. Je ne suis pas venu ici en traître, mais pour parler franchement avec toi. Nous devons vivre près des troupeaux de bisons, faute de quoi nous mourrons de faim. Nous sommes venus ici librement, sans aucune appréhension, pour te voir, et quand je rentrerai et que je dirai à mon peuple que j’ai serré ta main et celle de tous les chefs présents ici à Denver, il se sentira content, et ce sera la même chose pour toutes les tribus indiennes des Plaines, une fois que nous aurons mangé et bu avec elles. »
    « Je regrette, répondit Evans, que tu n’aies pas immédiatement répondu à mon appel. Tu t’es allié aux Sioux, qui sont en guerre contre nous.
    — J’ignore qui a bien pu te raconter cela, fit Black Kettle, surpris.
    — Peu importe qui, répliqua Evans. Toujours est-il que ta conduite m’a convaincu que c’était bien le cas. »
    À ce moment-là, plusieurs chefs se mirent à parler en même temps. « C’est une erreur, protestèrent-ils. Nous n’avons conclu d’alliance ni avec les Sioux, ni avec aucune autre tribu. »
    Evans déclara qu’il n’était pas d’humeur à négocier un traité de paix, puis changea de sujet. « D’après ce que l’on m’a dit, vous pensez pouvoir chasser les Blancs de ce pays en profitant du fait qu’ils se battent entre eux. Vous vous trompez. Le Grand Père à Washington dispose de suffisamment d’hommes pour chasser tous les Indiens des Plaines et battre les rebelles sudistes par la même occasion. (…) Le conseil que je vous donne, c’est de vous tourner vers le gouvernement, et d’attester par vos actes cette disposition amicale que vous professez devant moi. Il est hors de question que vous soyez en paix avec nous tant que vous vivrez avec nos ennemis et entretiendrez des liens d’amitié avec eux. » White Antelope, le plus âgé des chefs, prit alors la parole. « Je comprends tout ce que tu as dit, et je retiendrai tes paroles. (…) Tous les Cheyennes, sans exception, regardent dans cette direction, et ils entendront ce que tu dis. White Antelope est fier d’avoir rencontré le chef de tous les Blancs de ce pays. Il le racontera à son peuple. Depuis que je suis allé à Washington et qu’on m’y a remis cette médaille, je considère tous les hommes blancs comme mes frères. Mais d’autres Indiens sont allés à Washington et y ont reçu des médailles, et à présent les soldats, au lieu de me serrer la main, veulent me tuer. (…) Je crains

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