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Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
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Indiens. (Black Kettle ignorait encore à quel point Colley était impliqué dans les manœuvres orchestrées par le gouverneur Evans et le colonel Chivington pour chasser les Indiens du Colorado.) Le 26 juillet, Colley avait écrit à Evans qu’ils ne devaient compter sur personne parmi les Indiens pour sauver la paix. « Je suis à présent convaincu que la seule nourriture dont ils ont besoin, c’est un peu de poudre et de plomb », disait-il en conclusion.
    Comme il se méfiait de Colley, Black Kettle fit rédiger une copie de la lettre, qu’il adressa à William Bent. Il confia l’un des exemplaires à Ochinee (One-Eye), et l’autre à Eagle Head, puis envoya les deux messagers à Fort Lyon. Six jours plus tard, alors que One-Eye et Eagle Head arrivaient aux abords du fort, ils se retrouvèrent brusquement face à trois soldats. Ceux-ci les mirent en joue, mais One-Eye s’empressa de leur faire comprendre par signes qu’ils venaient en paix et leur donna la lettre de Black Kettle. Les deux Indiens, faits prisonniers, furent escortés à Fort Lyon et remis au commandant, le chef d’escadron Edward W. Wynkoop.
    Dans un premier temps, Grand-Chef Wynkoop mit en doute les motifs invoqués par les deux messagers pour expliquer leur venue. One-Eye lui ayant dit que Black Kettle souhaitait qu’il se rende au campement de Smoky Hill pour, de là, guider les Indiens jusqu’à la réserve, il voulut savoir combien de personnes s’y trouvaient. Deux mille Cheyennes et Arapahos, répondit One-Eye, et à peu près deux cents amis sioux du Nord las d’être pourchassés par les soldats. En entendant cela, Wynkoop garda le silence. Il ne disposait que d’une centaine de cavaliers, et savait que les Indiens le savaient. Soupçonnant un piège, il ordonna que les messagers cheyennes soient emprisonnés dans la geôle du fort et convoqua ses officiers. Si sa taille en imposait, Grand-Chef n’était âgé que de vingt-cinq ans environ et, pour toute expérience militaire, ne pouvait se prévaloir que d’un combat contre des Confédérés texans au Nouveau-Mexique. Pour la première fois de sa carrière, il devait prendre une décision qui risquait de se révéler désastreuse pour ses troupes.
    Le lendemain, Wynkoop décida d’aller à Smoky Hill – pas pour faire plaisir aux Indiens mais pour sauver les captifs. Sans doute était-ce pour cela que Black Kettle avait mentionné l’existence des prisonniers dans sa lettre. Il savait que pour des Blancs, l’idée que des femmes et des enfants de leur race vivent avec des Indiens était insupportable.
    Le 6 septembre, Wynkoop et les cent vingt-sept cavaliers qui devaient l’accompagner étaient prêts. Le jeune commandant fit relâcher One-Eye et Eagle Head et leur annonça qu’ils lui serviraient d’otages et de guides pour l’expédition. « Au moindre signe de traîtrise de la part de votre peuple, les avertit-il, je vous tue.
    — Les Cheyennes tiennent toujours parole, répliqua One-Eye. S’il en était autrement, je mourrais volontiers. »
    Plus tard, Wynkoop devait raconter comment ses conversations avec les deux Cheyennes l’amenèrent à réviser l’opinion qu’il s’était depuis longtemps faite des Indiens. « J’ai senti que j’étais en présence d’êtres supérieurs ; et ceux-ci étaient les représentants d’une race que j’avais jusque-là considérée comme cruelle, traître, sanguinaire et dépourvue de tout sentiment pour son prochain, ami ou parent. »
    Cinq jours plus tard, près des sources de la Smoky Hill, les éclaireurs de Wynkoop repérèrent une troupe de plusieurs centaines de guerriers arborant ce qui leur semblèrent des peintures de guerre.
    D’après le récit de George Bent, resté avec Black Kettle, en voyant les troupes de Wynkoop, les Dog-Soldiers « se sont préparés au combat et, arcs tendus et flèches pointées, ont fait avancer leurs mustangs vers les soldats, mais Black Kettle et certains des autres chefs sont parvenus à éviter l’affrontement en demandant à Wynkoop d’éloigner ses hommes ».
    Le lendemain matin, Black Kettle et les autres chefs tinrent conseil avec Wynkoop et ses officiers. Black Kettle laissa parler les autres en premier. Bull Bear, l’un des chefs des Dog-Sol-diers, déclara que Lean Bear, son frère, et lui avaient essayé de vivre en paix avec les Blancs, mais que des soldats étaient venus tuer Lean Bear sans aucune raison. « Les Indiens ne sont pas responsables

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