Eugénie et l'enfant retrouvé

sœur, cela devra attendre en fin de semaine.
    — Insistez sur le fait que des chances de rétablissement existent.
    — Et s’il y a récidive ?
    Le médecin demeura un moment songeur.
    — Et s’il n’y en a pas ? Croyez-vous utile pour eux d’envisager le pire dès maintenant ?
    — ... Non, probablement pas.
    — Je vais vous quitter. Ma journée a été bien longue.
    — Oui, bien sûr. Je vous remercie, docteur Picard.
    La femme posa son verre vide sur une petite table près de son siège. Fernand se leva en même temps qu’elle pour l’accompagner jusqu’à la porte d’entrée. En prenant la main tendue, il se troubla un peu pour dire :
    — Thalie... dans les circonstances, vous me permettez d’utiliser votre prénom, n’est-ce pas ?
    Elle hocha la tête, ses doigts toujours dans sa paume.
    — Thalie, ne prenez pas mal ce que je vais vous dire, surtout après cette nouvelle. Je vous remercie de tout mon cœur pour l’autre chose. Je suis vraiment très épris d’Elise.

    — Oh ! Je me félicite de ma décision, Fernand. Je n’ai jamais été aussi bien pourvue en alcool.
    Ils échangèrent un dernier sourire contraint, puis la jeune femme quitta les lieux.

    *****
    — Continue, n’arrête surtout pas, grogna Thalie.
    Elle se trouvait à cheval sur son compagnon, les cheveux en désordre, totalement nue. Au moment où elle franchissait la porte, une
    heure
    plus
    tôt,
    le
    téléphone
    sonnait.
    Au
    bout du fil, Louis lui avait exprimé le désir de la voir.
    Sous elle, l’homme la tenait fermement par les hanches tout en agitant son bassin au même rythme qu’elle. Ses yeux contemplaient les jolis seins, les pointes un peu sombres dressées.
    — Je n’ai aucune intention de t’abandonner en route.
    Dès son arrivée dans l’appartement, après un premier baiser, il avait compris l’imminence de ce développement.
    Au cours des dernières semaines, elle s’était montrée réceptive à des caresses de plus en plus appuyées. Ce soir-là, elle ne s’en tiendrait plus aux préliminaires.
    À la fin, elle s’écrasa sur lui dans un grand râle. Louis conserva sa poigne ferme sur ses hanches et se livra à une douzaine de va-et-vient encore. Un instant plus tard, il la soulevait à demi pour la placer sur le dos, près de lui.
    — Comme je ne suis pas certain de l’imperméabilité de cette chose, mieux vaut ne pas prendre de risque, même si tes rejetons seraient certainement adorables, je suppose.
    — Je suppose aussi, mais je ne voudrais pas vérifier.
    Ils demeurèrent étendus les yeux dans les yeux, alors que la main masculine la caressait depuis l’arrière de l’oreille jusqu’à la base du cou.
    — Tu n’es pas obligée de me répondre, tu sais. Mais...
    — Oui.
    — Pardon ?
    — La réponse à ta question, c’est oui.
    Louis la regarda un long moment, ému.
    — Si tu m’avais dit...
    — Cela aurait fait une différence ?
    — J’aurais fait un peu plus attention.
    — Mais tu as été parfait.
    Il lui adressa un grand sourire, puis affirma :
    — Je n’ai jamais reçu une plus charmante appréciation.
    Maintenant, je vais enlever cela.
    L’homme se leva pour se rendre dans la salle de bain.
    Thalie se tourna sur le côté pour le suivre des yeux. Une belle carrure, une taille fine, des fesses rondes. Puis elle roula sur le ventre, amusée.
    — Bien toi, ma fille, souffla-t-elle, tu me surprendras toujours.
    Près du lavabo, Louis vit une boîte de Trojan. La société américaine noyait l’Amérique de ses condoms depuis quelques années. Les produits s’amélioraient sans cesse, maintenant le caoutchouc à texture de crêpe ne privait pas trop les hommes de sensations. Toutefois, l’essence utilisée au moment du trempage des moules en verre donnait au préservatif une détestable odeur.
    Son amie avait prémédité ce développement au point de se procurer cette protection. Il procéda à sa petite toilette en s’amusant de la situation. De retour dans la chambre, il la trouva toujours étendue sur le ventre. Cela lui valut des baisers des talons à la nuque, avec un arrêt au milieu du corps.

    — Tu m’as un peu étonné avec tes petits imperméables, lui glissa-t-il à l’oreille. Ce ne sont pas des choses si faciles à dénicher. J’en trouve dans les tavernes, dans les salles de billard...
    — Dans une ville comme Montréal, les pharmacies en vendent. Aux Etats-Unis, c’est encore plus facile. Puis, il y a toujours les commandes